Des officiers de l’armée togolaise ont gardé injustement d’innocents citoyens qui meurent de torture depuis un temps entre le Camp GP et la PCL. Parmi eux, des femmes qui allaitaient des enfants de 7 mois. Les bourreaux avaient vendu un gros mensonge à leur patron, actuellement ils sont coincés, ils ne savent quoi dire.
Dans les faits, le Togo ne pratique pas la peine de mort. Mais tout ceci n’est qu’hypocrisie politique. La dictature est coutumière de pratiques qui s’y apparentent. Il faut designer le chat par son nom. On peut dire sans risque de nous tromper que le délicat dossier dit «Tigre de la Révolution» est rentré dans sa phase de «mise à mort» des détenus. Nos colonnes ont abondé sur ce qui ressemble désormais à un flagrant délit de violation des droits de l’homme que constitue cette affaire.
Fils d’un El-hadj beaucoup connu sous le sobriquet d’El-Hadj Salam-Aleikoum à Sokodé Kouloundè, il porte pour vrai nom musulman Abdoul-Madjidou. C’est lui le premier responsable de l’affaire Tiger et il a fait circuler plusieurs identités. Entre-temps, il passait sous le nom de Abdoul-Madji Touré. Mais, de nos investigations, originaire de Tchamba, il a grandi à Sokodé, et porte sur les pièces de naissance le nom de DJIKATA Abdoul-Madjidou. Il va d’abord vendre des voitures d’occasion au port autonome de Lomé avant d’atterrir à Paris et continuer en Hollande pour y demander exil. Celui qui passe pour le «Master Tiger» de la lutte pour le changement quitte la Hollande pour l’Angleterre suite à un contrôle policier dans la circulation alors qu’il y roulait sans permis. Il ne pouvait avoir de permis puisqu’il travaillait avec les pièces de son frère qui entre temps lui envoyait les voitures à vendre au pays. Après une brouille qui les oblige à garder les distances dans un premier temps, il s’est réconcilié avec son frère connu sous le nom de Tanko. Aboudou-Madjid échappe à la police pour l’Angleterre avec les pièces de son frère. Les Hollandais finissent par constater qu’une même identité est utilisée par deux personnes différentes en Angleterre et en Hollande. Alors ils ouvrent une enquête qui oblige le faussaire à revenir au Togo où il a habité Sokodé avec sa femme et ses enfants dans sa maison sise derrière le domicile de l’ancien joueur ISSA Sakibou à Kouloundè où il fit un peu d’élevage. L’homme quitte Sokodé pour le Ghana. De la Goald-cost, il rejoint à nouveau l’Europe pour s’installer en Belgique où il habite présentement. Voilà en quelques lignes le portrait-robot de celui qui mérite une levée de bouclier des associations des droits de l’homme en Europe afin qu’il avoue le montage politique dont il est le nerf et qui revendique actuellement des morts en série à Lomé.
Il est évident que les autorités togolaises, s’ils veulent l’avoir, savent quoi faire. Quand on épingle des gens pour une certaines atteinte à la sûreté d’un Etat, nous savons ce qui est fait de leurs biens. Mais celui qui porte le montage de Tiger est bien connu des autorités togolaises, sa maison où dernièrement les instruments du supposé coup d’Etat, amulettes et quelques armes blanches disposées à dessein, ont été perquisitionnés et l’autre maison à Sokodé ne sont pas inquiétées. S’il existe des incertitudes que le Togo demande l’extradition de Master Tiger, il appartient alors aux défenseurs des droits humains de faire pression sur les autorités belges qui continuent par garder en liberté un criminel qui collabore avec le crime d’Etat sous les Tropiques.
Nous avions répété dans les précédents écrits que deux pôles d’enquêtes sont en cours sur le même sujet. Un pôle qui veut faire la lumière afin de faire savoir à monsieur Faure Gnassingbé ce qui s’est réellement passé dans l’affaire Tiger. Il est géré par le ministre de la Sécurité. L’autre pôle qui veut changer de cahier de charge à l’enquête afin d’étouffer définitivement la vérité ou du moins attribuer au dossier les conclusions qui permettront de cacher au plus «faure» des Togolais les intentions inavouées du «Tigergate». Cette affaire ressemble assez trop au «Kpatchagate» où le motif qui a poussé un commando à tirer chez le député n’était pas forcement le motif que mûrissaient certains officiers une fois la première cible atteint. Du coup, le «Tigergate» est devenu un remis ménage entre gendarmes, policiers et militaires, les arrestations des présumés membres de la nébuleuse répondaient à deux commandements. Les détenus, les uns sont gardés à la PCL prison civile de Lomé, les infortunés au camp GP, camps des gardiens de préfecture à Agoè-Logopé. Même dossier devant la même justice, même armées, deux enquêtes policières donc deux commandements, à chacun son prisonnier et son lieu de détention. Cette détention à double vitesses des prévenus a eu des conséquences que rien ne permet désormais de cacher.
Les faits
Sous prétexte qu’il dispose de moyens pour dégager la dictature par la manière forte, c’est ce monsieur dont le profil est caricaturé ci-haut qui a été utilisé dans la diaspora pour piéger des citoyens togolais au pays. Le montage a accouché de l’affaire Tiger ou Tigre de la Révolution, c’est le nom de code comme savent bien le faire les militaires qui baptisent toujours leurs différentes opérations. Cette affaire a fait arrêter des jeunes chômeurs, des chefs d’ateliers, des étudiants, des pères de familles et femmes mariées. Si soixante-cinq d’entre eux, après leur arrestation ont eu la chance d’être détenus légalement à la prison civile de Lomé, plus d’une cinquantaine ont été détenus ou dans les lieux de détentions secrètes du tristement célèbre ANR, même si on fait croire que ce service n’existe plus, ou au Camp GP. Dans la semaine du 10 octobre 2020, ces détenus en clandestinité dans des centres de torture de triste renommée sont déversés à la prison civile de Lomé. Mais peu avant qu’ils ne soient ainsi déplacés, en plus de ceux qui n’ont pas pu résister aux violences ayant émaillées leurs arrestations et autres traitements qui leur sont réservés dès les premiers moments, les détenus ont commencé par mourir de leurs conditions de détentions clandestines au camp GP. En quelques jours, 4 se sont succédés. C’est aussi l’une des raisons qui ont pu pousser les bourreaux à les déplacer vers le lieu de détention conventionnelle qui est la PCL.
Arrivés à la PCL, mesures barrières obligent, ces détenus sont d’abords mis en isolement pendant qu’une bonne partie présentant un état clinique inquiétant s’est vu évacuer au cabanon (lieu de soins des prisonniers au CHU SYVANUS Olympio). Alors que leur isolement finit en fin de mois passé, les geôliers pour ne pas dire les bourreaux de la république disent que certains d’entre eux sont testés positifs au virus. Ainsi, ils sont présentement évacués sur la prison de Tsévié où on prend soin des détenus «covidés». Mais les sources introduites, renseignent que cette histoire de Covid est un faux fuyant. Il n’en est rien, la réalité est qu’ils ont besoin d’isoler ceux qu’ils estiment ayant la tête dur ou difficile à faire taire pour que les informations ne fuitent pas par rapport à leurs conditions de détention. Décidément, en politique sous les dictatures, le covid19 est un argument de taille pour taire les indésirables voir les faire disparaître. Les malades sont toujours au cabanon. Ils y meurent un à un comme atteints d’une peste qui tue de la même manière. Des menaces sont proférées sur les parents qui se montrent trop attentionnés au chevet de leurs malades, on estime qu’ils sont trop présents.
Les malades au cabanon souffrent tous d’un mal identique qui les gonfle et les rendent méconnaissables par les familles. Nos investigations ont permis d’identifier déjà 8 morts dont 4 au camp GP et 3 au pavillon militaire et un parmi ceux qu’on a laissé à la PCL soit disant qu’ils sont bien portant. Parmi eux, il y a une femme qui allaitait un bébé de 7 mois et le bébé est actuellement à la maison. Depuis le début de cet épisode, nous ne savons pas quel est le nombre exact de morts, mais à partir des derniers jours passés au camp GP à l’hospitalisation au cabanon, pour ne pas oublier la PCL, nos investigations enregistrent déjà huit dont voici cinq noms :
- Moussa Saïbou,
- Issaka Alassani,
- Ouro-Djifa Moutawakilou,
- Tairou Mourane et
- Alilou, qui est le dernier à mourir en cellule à la PCL.
Le circuit n’est pas seulement militarisé mais il est verrouillé et il faut être capable d’un génie en investigations pour obtenir les informations, la liste des morts reste pour le moment incomplète mais ils sont au nombre 8 en un mois si on s’en tient aux témoignages des parents et des codétenus.
Nous avons croisé des membres des familles témoins désespérés devant l’état de santé de leurs parents qu’ils ont enfin retrouvés malheureusement dans un état difficile après des mois de disparition. C’est le cas de ce monsieur du nom de Akohsi Sakibou encore connu sous le nom de Idrissou. Sa sœur génétique ne l’a pas reconnu, il était enflé de partout. Quand le malade insistait qu’elle est sa grande sœur, cette dernière a demandé le nom de l’épouse du malade. Et quand le malade a répondu, la sœur est fondue en larmes. « Il a 30 ans, il souffre des problèmes cardiaques suite aux actes de torture au camp. L’Etat ne les prend pas en charge, la famille n’a plus les moyens. Selon l’analyse médicale, il a un liquide dans son foi qui commence par se détériorer » a laissé entendre une source à son sujet.
Une famille a déjà dépensé plus de 300 mille CFA, certains malades n’ont pas encore la chance de retrouver les leurs. Des parents ont fait des témoignages glaçants. Des malades enflés avec ou la main ou le pied menottées contre le lit d’hôpital. Ils se tordent parfois de douleurs, gesticulent et tombent, puis ils sont remis à leur place. L’espoir pour les familles de les voir être libérés afin d’une prise en charge médicale idoine est chétif. Des cas plus graves sont évacués en réanimation du pavillon toujours sous bonne escorte policière. Nous avions pu tirer la langue à quelques parents. D’après les témoignages sous couvert de l’anonymat de certains membres des familles:
« Certains malades sont arrivés le 5 octobre 2020, le lendemain 06, leurs familles arrivent, un premier mort est enregistré. C’était d’abord le défunt Taïrou Mouranou, il est connu comme étant de Soudou, mais c’est un fils d’Agbandawdè. Deux jours après, un second est mort. Bref, dans les cinq premiers jours de leur arrivée, il y a eu 3 morts. Depuis que je suis allé leur rendre visite, je n’arrive plus à y retourner. Je ne supporte pas voir un être humain dans cet état, c’est un autre membre de notre famille qui s’y rend et nous nous débrouillons à réunir les moyens financiers. Mon garçon vient de demander que je vienne le voir avant qu’il ne meurt, il a grandi sous mon toit. Je ne sais si je pourrais y aller. Je ne dors pas depuis que j’ai vu ce garçon là-bas ».
Un autre parent d’avancer:
«D’abord apprenti vulcanisateur à Lomé, il se retrouve électricien-plombier qu’il a bien maitrisé et en fait son gagne-pain jusqu’au jour où ils ont mis la main sur lui. Porté disparu depuis janvier dernier, nos recherches ont été vaines et nous apprenons de lui parmi les malades envoyés au cabanon ici. Ils sont nombreux que j’ai élevés et tous mangeaient chez moi et dormaient dans la maison d’un autre petit frère. Hier nuit, ça a été insupportable pour lui, mais il est encore vivant. Un docteur m’a dit que nous l’avons encore vivant grâce aux produits que nous continuons d’acheter. C’est mon petit frère qui est en train de mourir, nous sommes liés côté maternel. La dernière fois, la famille a cotisé, le même jours, c’est fini».
Un autre parent s’explose entre deux gouttes de larmes :
« on n’en peut plus, on cotise en famille pour soigner notre enfant mais, là où c’est arrivé, nous irons leur remettre son sort. S’il meurt aussi, nous leur laisserons le corps. Actuellement, ils attendent que nous le soignions avant qu’ils ne le ramènent en prison. Nous sommes fatigués, la famille n’en peut plus, qu’ils fassent leur volonté. Celui de Soudou aussi qui est mort tôt présentait les mêmes symptômes. Je me demande pourquoi tous s’enflent ? Mon malade n’a pas encore 30 ans. Mon petit frère n’a pas retiré la femme de quelqu’un. Juste des jeunes, pourquoi ils s’enflent. Il est malade, il ne peut pas se mettre debout de lui-même, mais sa main est menottée contre le lit. Quand il a bougé de douleur et tombé plusieurs fois, on lui a déplacé la menotte aux pieds. C’est ce que je peux dire. Quel est ce type de pouvoir dans une Nation ?».
Un autre membre qui a déjà perdu son enfant s’exprime en ce ton :
« Salam aleykoum, notre prochain est mort, qu’Allah l’accepte ; nous tous on y sera. Il a crié de douleurs jusqu’au dernier souffle, d’après ceux qui étaient présents. On n’a pas pu le sauver. Quand il est venu, il n’a pas eu la chance d’être entouré par la famille, personne à ses chevets, il n’a pas eu la chance comme certains qui sont en train d’être suivi par les leurs. Aucun parmi nous n’a été informé, on a appris cela quand c’est trop tard. C’est difficile, on nous a dit que quand ils sont arrivés aux soins ils sont enflés. J’ai appris le décès du frère et je me suis rendu. Mais on m’a baratiné comme si j’étais venu pour me renseigner sur un fait divers. C’est 24 Heures après le décès de mon petit frère que j’en suis informé, ils ont déjà retiré le corps. Souhaitons que ça change dans ce pays, sans quoi la vie humaine n’est rien pour les dirigeants au pouvoir. Merci à vous journaliste».
Une victime encore détenu témoigne de ce qu’elle a vécu. De son témoignage, nous vous ferons économie de certains détails pour protéger sa vie:
« quand ils m’ont pris, ils m’ont amené au camps GP comme beaucoup d’autres, ils nous prennent à différents endroits mais on connaît les mêmes traitements. Ils m’amènent dans la salle d’audition menotté et jeté par terre. Un commandant vient et me fait approcher de la table autour de laquelle il y avait 4 autres chaises et ils m’interrogent. Ils m’interrogent sur l’affaire Tiger. J’ai dit je n’en sais rien. Ils ont insisté. Actuellement mon portable …, ils ont tout fouillé sans rien voir…, je ne peux pas tout dire. Ils me demandent d’après un amis et je dis je le connais mais je ne sais où il habite. Il ne loge pas chez moi. Alors ils ont commencé à me rouer de coups toujours menotté. Je leur demande de fouiller mon téléphone, j’étais interrogé entre deux scènes de torture. Ils m’ont amené en cellule et de temps en temps ils me ramènent dans cette sale pour frapper et torturer afin que je dise quelque chose qui me culpabilise. Ils n’ont rien obtenu. Pour dormir, ils me gardent toujours avec les mains menottées par derrière jusqu’au petit matin. Ils faisaient tout pour que j’invente quelque chose qui me compromette avant qu’ils arrêtent de me torturer. A un moment donné, ils m’ont proposé un deal, je devrais dire que……. Avant moi, ils ont proposé ces deals à beaucoup d’autres amis d’infortune. Nous tous on est arrêtés dans différentes circonstances, à différentes dates, souvent on ne se connait pas. Mais on se rejoint sur une chose, tout le monde a refusé ce qu’on lui propose de dire pour soi-disant avoir sa liberté ou obtenir tel ou tel avantage. Ce refus unanime de ce qu’ils appellent eux-mêmes « collaboration », nous a coûté cher, certains en sont morts. Je résiste à leur proposition, pour me pousser à accepter dans les moments du deal, ils menottent ma main contre mon pieds avant que je dorme la nuit. Quand on est arrivés, des semaines durant, il ne suffit pas d’avoir les moyens pour manger comme on veut. Aucune famille ne sait qu’on est là-bas. Pour manger, on ne doit pas dépenser plus de 200 F CFA par jour malgré que ce soit notre propre argent que nous avons sur nous. Donc comme unique menu de toute la journée, on n’a pas droit à un repas de valeur supérieure à 200 FCFA. Si éventuellement ton argent finis sur toi, tes amis peuvent te dépanner. Donc notre organisme a droit à 1400 F CFA pour 7 jours. On vous couche et on vous frappe dans les plantes des pieds, pour marcher de la cellule à la salle des interrogations, c’est une corvée. Deux semaines après, on nous a présentés à la presse. Devant le commandant, on dit à certains d’entre nous de dire qu’ils sont initiateurs du projet et que c’est tel ou tel qui sont les cerveaux. Ils nous informent qu’ils vont nous amener quelque part où nous allons nous approprier un projet de violence que nous ne connaissons pas afin d’être libre. On ne sait où. La voiture arrive. On se retrouve à la sûreté. Pendant que nous y étions, on voit un autre camion décharger des armes blanches et tout ce que vous avez vu à la télévision. Nous avons alors compris qu’ils veulent nous passer à la place publique sur les medias. Certains parmi nous étaient choisis par eux pour tenir certains discours. Certains ont dit le contraire et le commandant n’était pas d’accord. On nous a ramené au camp. Certains d’entre nous qu’on a préparés pour dire des choses qu’ils n’ont pas accepté dire ont été sévèrement torturés pour avoir trahi la « collaboration ». Après, on nous a présenté au procureur. De là, on est jeté en prison et depuis lors, rien n’a bougé. On ne nous dit rien ».
Témoignage d’un malade :
« Depuis que nous sommes là-bas, on nous frappe trois fois par jour : le matin à 6H30, à 12H30 et le soir à 17H30 ; c’était un exercice où on te couche pour te frapper en désordre tantôt sur le ventre tantôt sur le dos. Depuis notre détention, il y a presqu’un an, on ne mange qu’un riz préparé sans sel ni piment, on a jamais vu la pâte ou autre repas. La nourriture est notre première source de maladie, nous tous on a les plaies dans le ventre. On est ensemble, mais on ne se parle jamais, l’échange est interdit».
Nous vous faisons économie de certains témoignages.
Depuis quelques semaines, les détenus clandestins depuis des mois sont amenés et gardés en isolement dans la prison de Lomé, certains d’entre eux au cabanon. Parmi ces détenus ramenés des lieux de torture et gardés à la prison civile de Lomé, se trouvent 4 de nationalité béninoise. Nous avions pu joindre leur famille au Bénin pour leur annoncer que leurs fils sont en détention à Lomé. Au téléphone, c’était des cris incontrôlés de joie, cette famille au Bénin comptait depuis ses enfants de l’autre côté de la rive. C’était comme une équipe venait de marquer un but dans une compétition serrée. Ce qui est grave est qu’ils sont gardés au camp GP pour y être torturés alors qu’ils sont enregistrés pour être à la prison civile de Lomé (PCL). En effet, ils sont enregistrés à la PCL alors que c’est le camp GP, qui n’a pas de gardes pénitenciers, qui les garde en clandestinité. Oui, évidement, le camp GP est sur le registre de la prison civile or ce camp n’a pas de gardes pénitentiaires. En lieu et place des gardes pénitentiaires à qui on a appris l’art de s’occuper d’un détenu, au camp GP, le détenu est à la merci des tortionnaires qui se défoulent sur lui tous les jours. Comme menu, il leur est servi une fois par jour un riz venant du Camp FIR. Ce riz, les détenus l’appellent béribéris. Les juges instruisent des dossiers et les présumés coupables sont détenus dans les couloirs de la mort sans que cela ne fasse sourciller personne. C’est aussi ça la justice au Togo.
Le doyen des Juges Yacenth Adjolé en sait beaucoup dans cette affaire de détentions clandestines sur fond de tortures et morts d’hommes. Le ministre des droits de l’homme, Trimua Christian, lui, c’est le chèque en blanc pour la violation des droits humains au Togo. Si on s’en tient à l’histoire récente, il est d’ailleurs excusable. Son comportement n’est que reconnaissance aux dirigeants pour service qu’ils l’ont rendu. Ce monsieur Trimua, à l’image d’un Natchaba, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, on ne peut pas lui retirer une chose, sa génération dit que c’est un génie dans son domaine. Sauf qu’au RPT-UNIR, le génie intellectuel, c’est la dictature qui en fait un atout ou un obstacle au développement de la cité. Les intellectuels compromis, le RPT-UNIR a vu avant Trimua. Du haut de sa science, il fut cité comme un des cerveaux d’une série de crimes rituels de jeunes filles à Lomé. Alors qu’il a été écouté, inculpé et presque envoyé en prison, coup de théâtre, il est libéré, sans doute par un mea culpa. Cerise sur le gâteau, deux semaines après cette libération inattendue, le voici à la tête d’un ministère. Ceci explique cela. Alors, que peut-il faire d’autre que de mettre son génie au service de ses bienfaiteurs ? Le ministre Trimua qui connaît parfaitement le droit, était à côté de la police au plateau de la TVT quand celle-ci racolait par des arguments tirés par les cheveux le montage Tiger au public. Voilà donc aujourd’hui un ministre des droits de l’homme qui encourage par sa caution les détentions arbitraires sur fond de torture suivies de morts pour un dossier qui n’a ni queue ni tête. Monsieur le Ministre, les gens meurent tous les jours en détention dans l’affaire Tiger dont vous étiez devant les écrans en campagne de communication pour apporter de l’eau au moulin de la police et des metteurs en scène. Que dites-vous, Monsieur le ministre de la justice dit quoi de la justice ?
Actuellement, quasiment tous les détenus sortis des lieux de tortures sont malades. Ceux qui sont au cabanon ne sont que les cas alarmants, avec les autres gardés à la PCL, ce n’est pas la grande forme. Impossible de rester assis à cause des plaies aux anus, démarches les pieds écartés, amaigris comme le bétail du désert, leur apparence famélique véhicule des maux qui ne disent pas leur nom. D’ailleurs c’est dans ce lot qu’on a enregistré le dernier mort, un jeune Tchamba du nom de Alilou. Leur acuité visuelle ? Une autre équation, pendant le séjour dans l’environnement tortionnaire, ils sont permanemment gardés au noir, quand on doit les déplacer d’un coin à l’autre, ils sont cagoulés pour qu’ils ne soient pas en contact avec la lumière et qu’ils ne sachent pas forcement ce qui les entoure. Quand on reste longtemps dans un tel environnement, les ophtalmologues savent mieux ce que ça coûte. En milieux tortionnaires, tous les modes de vie qu’imposent les bourreaux sont des formes de torture, le fait par exemple de les empêcher de se parler a ses effets secondaires, tout est imaginé et imposé pour détruire l’être humain, à le tuer à petit souffle.
Les associations des droits de l’homme au Togo ?
En dehors d’Amnesty international et quelques rares, on en connait très peu de crédibles. Le peu qu’on peut dire est qu’il en existe qui collaborent avec le crime organisé de la dictature. C’est le cas du CACIT sous sa forme actuelle. L’ancien CACIT sous le prof Zeus, coup de chapeau, les lignes ont bougé. Mais depuis que celui-ci a été éjecté par son colistier pour la bonne cause de la dictature, ce creuset de plusieurs autres associations de droit de l’homme est devenu une boîte d’enregistrement des crimes du système sous la coupole d’un André Kagni Afanou. Pour service rendu, ce dernier a actuellement d’ailleurs gravi en échelon aux services du régime. C’est ainsi que la gestion de l’association est remise à un autre larbin du CACIT, Ghislain NYAKU, avant lui un autre du nom de Spéro, a fait une courte duré avant d’être emporté par une brouille.
Des témoignages des victimes nous ont rapporté que la CNDH et le CACIT leur rendent visite dans leurs lieux illégaux de détention. Pour la CNDH, on n’est pas surpris, le chien ne change pas sa façon de s’assoir. Mais quand on nous dit que pendant ces séjours drastiques, le CACIT aussi s’y rend pour visiter les détenus?! Quand ils viennent les voir au lieu de soin et qu’ils n’ont pour seul démarche que de donner quelques miettes de ce que la dictature et les institutions internationales de défense des droit humains mettent à leur disposition comme budget, ça fait mal.
Le CACIT est témoin de ce qui se joue dans le «Tigergate» comme tragicomédie. Oui, le terrain des droits de l’homme, cette association en a fait une caverne d’Ali Baba au Togo. Pendant que nous y sommes, il faut rappeler ceci : le CACIT avait fait un budget pour l’accompagnement financier d’une vingtaine de détenus du PNP arrêtés en 2018. La plupart étaient victimes de tortures et dans nos antécédents écrits, nous sommes revenus sur des témoignages. Le financement sollicité est obtenu et le CACIT en a fait sa propriété. Il ne peut en être autrement, car avant de servir quelqu’un à manger on lui demande au moins ce qu’il mange, les détenus du PNP ne savaient même pas qu’un financement est sollicité en leur faveur. Mais à un moment donné, il fallait justifier au bailleur que l’argent est arrivé aux bénéficiaires. C’est seulement à cette étape que les détenus apprennent que des associations de défense sont soucieuses de leur séjour carcéral et qu’il fut question d’argent. A travers un certain étudiant activiste du nom de Folly Satchivi, à l’époque détenu lui aussi, le CACIT présente aux détenus du PNP des formulaires à remplir pour une aide financière. Mais l’intermédiaire prend soins de préciser que quand les sous viendront, les victimes ne toucheront que les ¼ soit 500 000 francs CFA chacun, puisqu’il était question de 2 000 000 francs CFA par bénéficiaire. Les ¾ de l’aide devaient servir à grincer les pattes aux intermédiaires et au CACIT. Cette démarche de monsieur Satchivi a été refusée malgré son insistance à faire remplir des formulaires et obtenir les signatures des détenus. Mais beaucoup de détenu l’ont connu et personne ne voulait signer les fiches qu’il présente. Au fait, dès qu’un détenu politique arrive en prison, Satchivi se renseigne sur ses cordonnées souvent sans informer le bénéficiaire. Après il transmet au Cacit qui fait la demande aux ONG qui aident les détenus politiques pour prise en charge d’avocat et autre. Quand ça vient, il se réserve la part du lion. Ce démarchage a créé une brouille entre lui et le Cacit et il a introduit son propre Ong partenaires du nom de FRONTLINE IRLAND avec laquelle il devrait poursuivre quand il est libéré. Le PNP préparait un communiqué à ce sujet quand ses détenus ont été libérés pour avoir purgé leur peine. Voici aussi l’autre visage de certains activistes, certainement que Satchivi nous lit. Le jeune activiste a pu mettre à profit son séjour, comprenez donc la raison pour laquelle le mec regrettait sa sortie de prison comme s’il ironisait. Quand il en sortait, il était dans un froid avec le CACIT pour une affaire de sous.
Revenons à nos moutons pour dire que tout un mécanisme étatique est mis sur place pour que l’Etat se choisisse ses associations de défense des droits de l’homme. Comme base juridique, un arrêté ministériel fut signé en 2018 aux temps forts des violations suite au vent du 19 Août. L’arrêté N°0011/SEDH portant création d’une plateforme multi-acteurs de concertation et de collaboration entre l’Etat, la CNDH et les Organisations de la Société Civile (OSC) dont vous lirez copie est signé. Cet arrêté fut signé en catimini en 2018 à l’insu de plusieurs acteurs de la société civile en violation des principes de paris sur l’indépendance des Institutions Nationales des Droits de l’Homme. Dans le cas d’espèce, c’est la loi organique de la nouvelle CNDH qui est violée. Il faut rappeler qu’au moment où le gouvernement prenait cet arrêté, on n’avait pas encore nommé les 9 membres de la nouvelle CNDH. Le gouvernement ne voulait pas nommé les membres parce qu’il devrait partager les 9 places de la CNDH avec l’opposition parlementaire. Donc cet arrêté avait pour objectif de créer une CNDH bis sans l’opposition avant l’élection législative et la présidentielle. En ce moment, personne ne savait que l’opposition allait boycotter l’élection législative de décembre 2018 d’où la nécessité d’avoir ce mécanisme.
Dans cet arrêté, on constate que parmi les institutions gouvernementales qui sont dans cette plateforme, il n’existe pas l’ANR ni le Ministère de la Défense. Une façon de faire oublier
le rapport de Koffi Kounté qui demande que les tortionnaires soient jugés et aussi une manière de ne plus parler de l’existence de la torture lors des examens périodiques du Togo auprès des institutions onusiennes. Les organisations de la société civile membres de cette plateforme, eu égard à leur silence sur les violations des droits humains, semblent avoir pour mission de se taire car il existe de ces silences qui nourrissent le crime et ce rôle, elles le jouent bien.
Le document juridique parle d’un Centre de Documentation et de Formation en Droits de l’Homme (CDFDH), c’est l’organisation d’André Kagni Afanou. Quand il a quitté le CACIT après avoir fini le boulot contre son ancien patron, c’est à ce centre de documentation que le devoir l’a conduit. Comme en politique, tout hasard est prémédité, c’est ce même centre qui représente toute la société civile togolaise dans la coordination de la plateforme dont parle le document. Voici un arrêté qui n’est rien de plus qu’une stratégie mafieuse pour imposer la terreur aux populations, obtenir le silence de la société civile et conserver le pouvoir. Par ces jeux de passe-passe que des barons du régime lui ont aidé à réussir, Monsieur Afanou est le représentant au Togo de l’OMCT, Organisation mondiale de la lutte contre la torture. Qui dit mieux ? Monsieur le Représentant, si vous n’êtes pas au courant, on torture.
La CNDH ne travaille qu’avec le CACIT, comprenez le pourquoi ils vont ensemble dans des lieux de détentions criminelles sans que le CACIT qui se dit indépendant ne dénonce une once de violation. D’ailleurs, le CACIT a un représentant dans la CNDH en la personne de Kohaga. Elles sont nombreuses ces associations dites de défense des droits de l’homme et autres ASC que le régime a cooptées et mis les membres dans des conseils d’administration des sociétés d’Etat afin que la bouche s’occupe plutôt par le manger que par les discours et rapports qui perturbent le sommeil de la dictature. Voilà donc comment et pourquoi ce cadre intermédiaire où l’Etat et les OSC travaillent ensemble est créé. Mr Afanou André y joue un grand rôle et ça viole les principes de Paris sur l’indépendance des INDH, (Institutions Nationales des Droits de l’Homme). Mr André est payé par l’Etat pour jouer un rôle, même s’il continue par vociférer au besoin, c’est ça. Nous ne voudrions pas vous étaler tous les détails mais sachez qu’il est fondateur et premier responsable du Centre de Documentation et de Formation en Droits de l’Homme (CDFDH), une organisation par laquelle passe tout rapport d’enquête sur les droits de l’homme au Togo.
Inutile de vous expliquer la raison pour laquelle, le REJADD, membre du CACIT est sorti seul pour publier un rapport, sur lequel il s’est investi tant, au point de voir son parton Assibah Johnson en prison. Tous les jours portent des illustrations pour démontrer comment le CACIT est devenu une structure marchande pour les beaux yeux des financements des fonds vautours des droits de l’homme. Pour que fonctionnent parfaitement ces mécanismes, les partenaires ne manquent pas. Pendant que des innocents meurent actuellement en détention illégale entre le camp GP, la PCL et le cabanon dans un silence de cimetière de la part des fameuses associations, le 28 octobre dernier, il se tenait à Kara, un atelier du CACIT et de l’OMCT financé par l’Union Européenne. L’objectif de cet atelier, disait-on, est de « permettre aux acteurs de la chaîne pénale et de la société civile de mener des réflexions poussées sur le système carcéral togolais ». Pendant que des hommes meurent tous les jours sous les bottes des tortionnaires, voici les mises en scène que l’Union Européenne finance. Voici aussi comment les partenaires en développement participent à occulter le crime par leurs jetons qui en réalité ne servent qu’à distraire la lutte contre les violations des droits de l’homme. Sous une dictature, chaque partenaire doit connaître son rôle, qui dit mieux ?
Les Commentaires
Bref, Dieu a toujours son miracle, quand les médecins soignent, c’est lui qui guérit. Malgré le désespoir ambiant, nous souhaitons de toute notre énergie que les malades soient guéris, même si tout porte à croire que les bourreaux les ont fait sortir de la clandestinité après être sûr qu’un processus de mort lente est enclenché. On dirait qu’ils sont certains de les avoir suffisamment torturés de telle sorte qu’ils ne pourront se remettre, juste une façon de les conduire à la prison civile de Lomé afin que cette dernière les prenne en charge une fois morts. Les bourreaux savent ce qu’ils ont fait voir aux victimes et ont donc peur de les libérer au risque de laisser fuiter des informations sur les pratiques dans les différents lieux de détentions illégales à Lomé.
Ce n’est pas la première fois que le Togo fait parler de lui pour tortures et pratiques inhumaines en milieux carcéral. Puisque les longs règnes finissent dans l’usure, voici deux pôles de décision d’une armée. Une armée dite républicaine. Elle arrête plus de 100 personnes sans mandat d’amener, sans motifs valables, sans aucun chef d’accusation. Un chef d’accusation on le trouvera après les arrestations, quitte à ce que policiers et gendarmes fassent des navettes entre commissariats et bureaux de Messieurs les procureurs pour corriger puis mettre au goût du jour procès-verbaux d’audition et autres documents de condamnation de prévenus.
Le comportement de l’armée togolaise est un affront à l’image d’une société moderne, une mauvaise passe à la survie d’une Nation. Dans certaines régions, ces représentants de la force publique ont tellement terni l’image de l’Etat que personne ne croit plus en un Etat protecteur. A la limite de la sauvagerie, il ont tellement été Méchants et inhumains à Sokodé, Bafilo et Mango que malgré le caractère pandémique de la Covid-19, dans ces milieux, des populations y sont incrédules et repoussent les mesures barrières comme pièges d’une autorité centrale d’ordinaire cynique.
Le comportement de l’armée togolaise contre son peuple s’apparente à un coup de désespoir d’un mari irresponsable contre une femme qui a perdu l’envie d’aimer. Un coup contre le contrat social par lequel la dictature tient un peuple avide non pas de liberté mais d’une vie ordinaire. Tristes faits d’armes d’une armée, quel bilan en faire ? L’Etat a armé une partie des citoyens contre qui finalement ? Dictature contre lois de la République, certainement. Pour des intérêts sectaires, les privilèges de clics, les agissements en dehors de la loi ont fragilisé les codes de la Nation. Au nom de quoi un chef d’Etat-major, Kadanga Felix Abalo, un chef corps, Madjoulba Bitala et ses affidés, un ministre de la sécurité, Yark Damehane, un directeur de la gendarmerie, Massena Yotrofeyi, un directeur de la police, Okpaoul et compagnie peuvent arrêter plus de 100 personnes, en garder une partie dans des lieux classiques, l’autre partie dans la clandestinité où la mort par la torture n’émeut personne ? Combien en sont mort ? Seuls les officiers qui ordonnent les arrestations savent le nombre qu’ils ont fait enterrer.
A la dernière édition nous vous avions dit encore une fois quelles étaient les grandes articulations du montage, son financement et autres responsabilités. Si l’autorité veut que ce bain de sang dans le silence s’arrête, elle sait quoi faire. Sinon, que les OSC prennent la responsabilité en allant voir de près la réalité, ce que nous venions de décrire est en cours : des malades sont au cabanon, des détenus faméliques et diminués sont à la PCL, c’est vérifiable. A cet effet, nous interpellons les institutions internationales de lutte contre la violation des droits de l’homme notamment l’Amnesty International à fouiller davantage dans ce dossier où on administre la mort dans le silence.
Sous les dictatures, quand la crise de confiance monte dans l’armée, le dictateur imagine par moments des coups d’Etat pour se défaire des têtes suspectes. Au Togo, cette méthode ne se limite plus à l’armée. Quand la dictature s’est sentie sous menace tout récemment, elle a cru devoir imaginer quelque chose d’analogue à un coup d’Etat. La grande différence est que ce dernier coup supposé est mené dans le bas peuple et la meilleure arme était la magie noire, armes blanches et autres amulettes. Voilà une belle passerelle afin d’écraser comme des cafards, une race de jeunes trop chauds. Imaginez combien de coups d’Etat le président d’un pays comme le Bénin va déjouer par an si la magie noire servait à renverser des régimes. Certes, l’objectif ultime de ce montage n’est pas atteint, mais on a pu faire d’une mauvaise fortune bon cœur en envoyant en exile pas moins de 300 citoyens et occasionné plus de 100 détenus. Parmi ces détenus, il y a des anciens militaires, des femmes nourrices qui n’ont plus vu leurs bébés depuis plus d’un an, des pères de familles. Dans la dernière édition, nous avions publié la liste incomplète de 50 personnes appartenant à ce groupe dont 60 sont gardés à l’ancienne direction de la gendarmerie et 5 à la PCL. Ce dernier groupe vient d’être déversé en prison. Ils sont des rescapés des cimetières de centres de torture. Pour que l’omerta soit garantie sur les scènes de torture, les pratiques et autres témoignages à couper le souffle, à lire les faits, consigne semble avoir été donnée pour que personne ne sorte vivant de ce groupe d’infortunés qu’on vient de ramener du Camp GP. Si rien n’est fait, ces 46 détenus dont 4 sont déjà morts récemment mourront tous. On dirait que cette race qu’on déverse un à un dans ce lieu avance vers une mort programmée. Leurs états cliniques sont-ils un symptôme d’un poison lent, de la torture, de leur alimentation imposée à dessein? La certitude est que les dictatures sous les tropiques sont les meilleurs consommateurs de toutes les technologies d’empoisonnement bon marché vendues aux Chinois par les Russes. Seul le chef d’Etat-major, le directeur de la gendarmerie, celui de la police et leurs officiers qui torturent auraient pu répondre si notre armée avait une culture de reddition des comptes. Au stade actuel de la situation, à moins que les lignes bougent, ils sont au cabanon pour y pousser le dernier souffle aux yeux indifférents d’un Etat-bourreau, pardon providentiel.
Quand une armée peut se payer ce luxe sur des individus, pourquoi s’étonner d’un délicat rapport de méfiance, d’antipathie, de frustration grandissante dans la société togolaise partout où passent les symboles de l’Etat ? Familiale, clanique, tout au moins régionalistes, l’armée au Togo représentent les intérêts d’un camp et non la loi encore moins une quelconque image d’une République. Les épaules étoilées ou barrées et par extension la tenue militaire, sont devenues un visa qui ouvre sur un droit de vie ou de mort sur les citoyens. Une violence précambrienne sur les valeurs morales, un droit d’ordonnancement des arrestations sans raison crédible, un droit de violation de domiciles et de détention dans les couloirs de la mort, il n’y a que le Togo où ces pratiques sont courantes. A quelques doigts près, les officiers généraux et supérieurs au Togo et la nomenclature de l’armée ont délégué la force républicaine aux individus qui en abusent au point de mettre en crise la confiance entre l’Etat et ses administrés sous l’œil indifféremment attentif d’un président de la République qui tient à la théorie de la terreur pour sa survie politique. L’image de l’Etat traîne dévalorisée sous les semelles des corps habillés à qui on ne refuse rien. Le civisme public est aboli du sommet. Difficile de démentir le sacro-saint adage qui veut que le poisson pourrisse par la tête.
L’Etat a donné les moyens de répression gratuite à une organisation systématisée en réseaux intéressés où tous les crimes sont amnistiés par le sermon. Dans un environnement qui ne juge que par la fin et non les moyens, les valeurs sont toujours renversées, on peut se nourrir de la force, s’imposer le respect des autres par la terreur. La machine étatique étant un ensemble où les maillons sont interdépendants, la mise en panne d’un compartiment met tout le moteur en mal-être. Les crimes organisés, les sectes d’endoctrinement, le grand blanchiment, la mafia, le grand banditisme, dans chaque Etat, il existe une ou partie de ces nids de crimes qui hantent le bien-vivre. Au Togo, tous ces vices cohabitent sous la supervision d’une armée. Le moralement inacceptable n’existe plus avec la race qui prête serment, corps habillé et corps de la justice confondus. Pour illustration, le dernier verdict de la justice contre le journal « Alternative » dans le « pétrolegate » en est un parfait exemple. Parce qu’on agit au nom de l’Etat, on peut tout, quand on veut, comme on veut et où on veut. S’il le fallait encore, l’épisode «Tigre » a démontré aux plus optimistes que l’armée est devenue le bourreau de la République. Au nom de quel saint on peut se permettre une si grande dose de méchanceté sur des citoyens comme on le vit présentement avec l’affaire Tigre? La mort d’homme est devenue banale dans la cité puisqu’on a besoin de la terreur pour nourrir une dictature en panne d’initiative. Sécurisé les habitants d’une Nation, c’est comme gérer une pandémie. Comme dans une cité atteinte du coronavirus, si on n’accorde pas à chaque citoyen la chance d’avoir accès à un minimum de mesures barrières, personne n’est à l’abri du virus ; le vrai virus au Togo, c’est l’insécurité sans frontière. Le désormais Feu Madjoulba était au sommet de sa gloire quand s’écrivait et se mettait en scène cette tragicomédie du nom de Tigre de la Révolution. Quand il mettait ses compétences, celles de sa garnison puis ses hommes au service de ce montage, il croyait que ça n’arrive qu’aux autres. C’est une réalité que même la mort ne peut absoudre quand bien même que l’Afrique souhaite que nous parlions des morts seulement sur un volet laudateur. Nous apprenons à le faire, mais en journalisme, les faits sont sacrés. Depuis l’assassinat de cet officier supérieur dans son bureau, comme on apprend à vivre avec le virus, les Togolais ont appris à vivre avec l’insécurité, tout le monde est un loup pour tout le monde. A lire l’actualité, la dictature de Faure fait même plus de victimes dans l’armée que dans les civils ; sauf qu’il est plus aisé d’habiller un crime militaire. Dans l’armée, on a appris aux gens à mourir ou en mission, ou par un accident, ou encore actualité oblige, par un «colonel Virus». Personne n’est à l’abri, tout peut arriver à tout le monde, les mauvaises habitudes sont donc un couteau à double lame.
De ce qui s’est passé dans les villes dites rebelles du Togo à l’affaire Tigre, à évaluer les dégâts humains, tout est à l’allure d’une théorie d’un complot génocidaire contre une catégorie de Togolais. Il devient de plus en plus difficile aux hommes honnêtes de vivre dans ce pays. Ce dossier Tiger, très peu de personnes s’intéressent, ils sont rares à en parler, tout le monde a peur, nous prenons à témoin les organisations de presses nationales et internationales auxquelles nous sommes membres. SOS, on sait que leur cahier de charge n’est pas forcément celui des Togolais. Mais s’il existe encore des chancelleries étrangères au Togo, s’il existe des associations de défense de droits humains, s’il existe un début d’autorité morale dans la République, qu’elles daignent faire quelque chose pour que ce dangereux félin miraculeusement domestiqué dans la basse-cour arrête de manger d’innocents citoyens.
Dossier de Abi-Alfa
Source : Le Rendez-Vous N°353 du 6 novembre 2020