Les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour la presse togolaise. Elle n’a pas encore fini de pleurer la disparition d’un de ses meilleurs journalistes, Jacob Ahama qu’elle doit de nouveau faire face à un coup de massue. Cette fois-ci asséné sur le plan judiciaire.
En effet, notre confrère en ligne Togo 24 a été condamné ce 7 juin 2023 par le tribunal correctionnel de Kpalimé, environ 120km au nord ouest de Lomé, à la rondelette somme de 253 millions.
C’est le verdict du procès qui oppose le journal depuis plusieurs mois au cabinet HED soutenu par la mairie Kloto 1 de Winny Dogbatse dans l’affaire dite de falsification des tickets vendus aux touristes visitant les sites touristiques de la ville.
Il a fallu en tout deux minutes au président du tribunal, Akakpo Komlanvi pour vider le délibéré. Statuant sur cette affaire, la cour a condamné le journal à payer à la partie civile 252 millions de F CFA et à verser une amende de 1 million de F CFA.
Par ce verdict, il est clair que la cour a suivi à la lettre la plaidoirie de la partie civile qui avait plaidé pour que Assogbague Mensah, directeur de publication de Togo 24 et son journal soient condamnés à payer la somme de 260 millions de F CFA comme dommages et intérêts causés au cabinet HED par la publication de l’article qu’il juge diffamatoire. A l’énoncé du verdict, un témoin qui suivait le procès a ironisé que “même si on vendait les actifs du journal et les biens immobiliers du propriétaire on ne pourra pas trouver cette somme”.
Le délibéré a été vidé en l’absence de l’avocat du journaliste. Néanmoins, ce dernier a interjeté appel.
Ce verdict dans une affaire d’opinion est la preuve que certains juges malgré les réformes de la justice continuent par nager à contre courant de l’histoire. Sinon comment comprendre qu’un juge puisse rendre un tel verdict dans une affaire dont l’écho n’a même pas dépassé le sphère de la ville de Kpalimé et sans que la partie civile n’ait démontré réellement les préjudices subis. Même pour la non moins médiatisée affaire dite pétrole-gate où les intérêts en jeu sont énormes, les juges en charge du dossier n’ont franchi le Rubicon de condamner le journal auteur de la publication à une telle somme comme l’a fait hier le juge Akakpo Komlanvi.
La justice est le ferment de la démocratie et garante de la liberté d’expression et de presse, mais si elle se transforme en lèche botte des puissances financière, économique et politique, la République est en danger.
Avec togoscoop