« Sous la botte d’acier de ce système cinquantenaire, notre pays n’a cessé s’enfoncer inexorablement » (Kombaté Kwasi Néné)
Le Togo reste une curiosité en Afrique. Les rapports se suivent et se ressemblent pour ce petit pays assez singulier de l’Afrique de l’Ouest coincé entre le Ghana, le Bénin et le Burkina Faso. Tout n’est pas que mauvais. De temps à autre, apparaissent quelques embellies. Comme le classement Doing Business en 2019 qui a propulsé le Togo au rang du premier réformateur en Afrique et 3ème au monde ou le rapport Lowy Institute sur l’indice de performance Covid qui classe le Togo, 2ème meilleur pays de l’Afrique et 15ème au plan mondial en matière de riposte contre la pandémie.
Mais la joie est de courte durée. Des nuages refont surface et s’amoncellent. Coup sur coup deux rapports, d’abord de Transparency International sur l’indice de perception de corruption et de The Economist Group sur la démocratie viennent rappeler aux gouvernants la triste réalité. Depuis plusieurs années, du moins depuis que Faure Gnassingbé a capté le pouvoir, la corruption a fait son douillettement son lit au Togo. Notre pays est nobelisé en la matière. Il est toujours classé parmi les champions de la corruption dans le monde. Un bien triste exploit que réalise Faure Gnassingbé depuis 16 ans.
Excédé par le phénomène de la corruption et les flux financiers illicites qui ont pris des proportions inquiétantes au Togo, Faure Gnassingbé avait semblé sonner le tocsin en affirmant qu’une minorité s’est emparée des richesses du pays. « Lorsque le plus petit nombre accapare les ressources au détriment du plus grand nombre, alors s’instaure un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds la démocratie et le progrès », avait-il dénoncé en 2012. Curieusement, rien strictement n’a été depuis lors pour stopper l’hémorragie, et la corruption fleurit de plus belle. En témoigne le dernier rapport 2020 de Transparency International rendu public fin janvier dernier qui classe le Togo parmi les mauvais élèves de la corruption.
Un classement en rappelant un autre, le think tank britannique The Economist enfonce le clou dans son rapport publié le 03 février 2021 sur l’indice de la démocratie dans le monde. Comme toujours, le Togo de Faure Gnassingbé est au bas du classement. Avec une note malheureuse de 2,80 points, notre pays, qualifié de « régime autoritaire », occupe le 141ème rang sur 167 pays.
Le Togo a touché le fond et même le tréfonds. On le sait, notre pays est une calamité démocratique en Afrique. Il porte d’ailleurs le titre peu glorieux de la « Corée du Nord de l’Afrique », une qualification qui lui va bien comme un gant. « Gardons à l’esprit que la dictature au Togo est vieille de 53 ans et de type monarchiste, avec un pouvoir passé de père en fils en 2005 sur fond de violence meurtrière sur la population», rappelle un acteur politique.
Depuis les manifestations de 2017 qui ont donné des sueurs froides à Faure Gnassingbé, son régime sombre dans des dérives autoritaristes. Les libertés fondamentales (liberté de presse, d’expression et syndicale) sont restreintes. Les journaux jugés critiques au régime sont fermés, les syndicats impitoyablement traqués, etc. Le tableau est fort affligeant et préoccupant. Le Togo sous Faure Gnassingbé a carrément opéré un retour humiliant dans la dictature brute et dure.
Médard AMETEPE, / Liberté N°3322 du 08-02-21