Le scandale des violences sexuelles qui secoue l’Église est aussi une réalité au Togo. Pour combattre ce fléau, l’épiscopat du pays a réaffirmé au Saint-Siège son ferme engagement à lutter contre toute forme d’agressions commises par le clergé ou tout autre agent pastoral.
Le 7 juillet 2023, l’archevêque de Lomé, Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan, a insisté sur « l’urgence de lutter contre les abus sexuels dans l’Église ». C’était l’occasion de la clôture de l’année pastorale 2022-2023, au Centre Christ Rédempteur de Lomé. À cette session, le père Séverin Gakpe, chancelier, a confirmé que « tous les prêtres de l’archidiocèse de Lomé ont déjà signé le code de conduite de protection contre les abus », un processus en cours au niveau des instituts religieux.
Depuis quelques années, l’Église traverse une crise liée au scandale des violences à caractère sexuelles commis par des agents pastoraux. Face à cette triste réalité, le Vatican a déclaré la tolérance zéro contre ces violences et exige que toutes les Églises locales prennent les dispositions idoines pour dénoncer et punir ces agressions exercées sur des enfants ou des adultes vulnérables.
Un protocole de protection contre les abus
La Conférence épiscopale togolaise a transmis au Saint-Siège son Protocole pour la protection des mineurs signé le 9 février 2023 par son président, Mgr Benoit Alowonou, évêque de Kpalimé. Au cours de leur 133e session ordinaire tenue du 13 au 16 juin à Lomé, le nonce apostolique Mgr Mark Gerard Miles a félicité et remercié les évêques pour ce protocole remis au pape François.
Ce document est le fruit des travaux du Service épiscopal chargé de la protection des enfants au Togo. Cet organe est chargé de la coordination de toutes les questions relatives à la protection des mineurs, du traitement des plaintes, de la sensibilisation et la formation des agents pastoraux et de l’évaluation de la mise en œuvre du protocole.
Le père Pierre Marie Chanel Affognon, directeur national de l’enseignement catholique, qui a participé à l’élaboration de ce protocole explique que ce document « prévoit un code de bonne conduite que chaque agent pastoral a l’obligation de signer sous forme d’engagement à observer », à savoir l’évêque, les prêtres, les personnes consacrées, les responsables des institutions, associations, mouvements ayant en charge les enfants ou œuvrant dans le domaine des enfants. Il est aussi prévu un engagement des responsables juridiques et une grille d’autoévaluation à remplir périodiquement.
Pour Bruno Haden, secrétaire général de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat-Togo), « ce protocole pour la protection des mineurs est une grande avancée dans le cadre de la pastorale des enfants ».
Des cas de violences sexuelles
Avant la Conférence épiscopale, l’enseignement catholique au Togo avait déjà publié son Protocole de protection des enfants contre les abus sexuels. « Ce protocole est déjà en application dans les établissements scolaires catholiques dès la rentrée académique 2022-2023 », confirme un enseignant.
En 2022, Crépin Assignon, catéchiste à la paroisse d’Adidogomé, à Lomé, a suivi une formation relative au dispositif de protection des abus sexuels. « La sensibilisation et la formation sur les abus se poursuivent dans les paroisses », confirment plusieurs fidèles.
« Les questions d’abus sont une réalité au sein du système éducatif au Togo, y compris l’enseignement catholique, dans ses formes multiples », confie le directeur national de l’enseignement catholique. Il y a une dizaine d’années, ce prêtre avait connu des cas d’abus sur mineur en milieu scolaire quand il était directeur diocésain de l’enseignement. « À l’époque, au moins trois cas ont été dénoncés et leurs auteurs condamnés à des peines d’emprisonnement », se souvient-il en ajoutant que ces dernières années dans plusieurs diocèses, « des cas d’abus commis par des enseignants ont été dénoncés ».
Toutefois dans de rares cas, « il peut s’agir de fausses accusations d’abus sexuels dans l’intention de nuire », déplore le père Affognon concernant un cas récent dans un collège.
africa.la-croix.com