Le chef de l’Etat togolais Faure Essozimna Kodjo Gnassingbé n’aime s’épancher que dans les médias internationaux. Il vient encore de donner la preuve avec l’interview qu’il a accordée à « Jeune Afrique ».
Pourtant, le 27 janvier 2015, nous avons déposé une correspondance accompagnée d’un protocole d’ interview bien reçus par les services de la présidence. Deux semaines plus, nous avons renvoyé le même questionnaire par mail au Directeur de la Communication de la Présidence qui avait promis nous donner une suite. Mais depuis, c’est le silence radio.
Voici les questions que nous avons soumises à Faure Gnassingbé qui n’a pas daigné nous répondre.
Protocole d’interview
- 1 Bonjour son Excellence Monsieur le Président de la République ! S’il fallait résumer vos dix ans d’exercice du pouvoir, que diriez-vous ?
- 2 En 2005, vous lanciez cette phrase : « Lui, c’est lui. Moi, c’est moi ». Qu’est-ce qui différencie votre gestion des affaires du pays de celle de votre père ?
- 3 Monsieur le Président, est-ce que vous serez candidat à l’élection présidentielle de cette année ?
- 4 Après deux mandats, pourquoi refusez-vous de rentrer dans l’Histoire ?
- 5 Bien que la Constitution actuelle ne prévoie pas de limitation de mandat présidentiel, ne pensez-vous pas qu’il est utile de vous retirer afin de donner une autre image de votre famille ?
- 6 Ou bien voulez-vous des garanties pour votre entourage et pour vous-même comme l’affirment certains ?
- 7 Monsieur le Président, dans une interview accordée en 2009 à FM Liberté, une radio de la diaspora togolaise basée à New York, vous avez déclaré que « Je ferai les réformes avant la présidentielle de 2010 ». Mais jusqu’à ce jour, ces réformes se font attendre. Pourquoi ce statu quo ?
- 8 Vous avez toujours dit que les réformes constitutionnelles et institutionnelles se feraient à l’Assemblée nationale. Mais suite à votre dernier message à la nation, vous avez créé une Commission de réflexion sur lesdites réformes. Sans oublier vos déclarations d’Accra selon lesquelles « la Constitution en vigueur sera rigoureusement respectée ». Monsieur le Président, que dites-vous à ceux qui affirment que vous êtes en train de mener en bateau vos adversaires politiques et le peuple togolais?
- 9 Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous avez créé cette Commission pour renvoyer la question des réformes à plus tard et rempiler en 2020 avec une nouvelle constitution si vous venez à être élu dans les tout prochains mois ?
- 10 Excellence Monsieur le Président, pourquoi avez-vous laissé les autres recommandations de la CVJR au profit de la recommandation 8. Il y a par exemple la recommandation 5 qui appelle au retour à la formule originelle de l’article 59 de la Constitution de 1992 : « Le Président de la République est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq (5) ans, renouvelable une seule fois » ?
- 11 Dans une interview accordée en 2006 à Jeune Afrique, vous annonciez que vous alliez « réconcilier le Togo avec sa propre histoire ». Avez-vous atteint cet objectif ?
- 12 Pourquoi votre frère Kpatcha Gnassingbé et codétenus sont-ils encore en détention malgré l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO et tout dernièrement l’avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’Assemblée générale des Nations Unies ?
- 13 Mais Monsieur le Président, il est souvent reproché à votre régime d’instrumentaliser la justice. Il y a même un rapport du HCDH qui le dit.
- 14 Votre ancien bras droit, Pascal Bodjona, est depuis quelques mois détenu à la prison civile de Tsévié dans l’affaire dite d’escroquerie internationale. Quel sentiment avez-vous quand vous vous souvenez des instants que vous avez passés ensemble ?
- 15 Dans l’un de vos messages à la nation, vous avez déclaré qu’il existe une minorité qui accapare les richesses du pays. Monsieur le Président, quelles sont les mesures concrètes que vous avez prises pour rectifier le tir ?
- 16 Monsieur le Président, qu’est-ce qui a motivé votre présence à la marche républicaine du dimanche 11 janvier 2015 à Paris ?
- 17 Comme vous êtes aussi « Charlie », pourquoi n’ordonnez-vous pas par exemple la réouverture des radios qui sont fermées au Togo ?
- 18 En faisant passer l’aide de l’Etat à la presse de 75 millions à seulement 100 millions en dépit des promesses, est-ce à dire que la presse n’est pas votre priorité ?
- 19 En ce moment crucial de la vie politique de notre pays, quel message avez-vous à adresser au peuple togolais ?
Source : [18/04/2015] Liberté Togo
