Dans un communiqué en date de ce 26 decembre 2025, Kafui Adjamagbo Johnson, députée du Golfe et secrétaire générale de la CDPA, alerte sur la situation judiciaire et sanitaire jugée critique de plusieurs détenus de la prison civile de Lomé, engagés dans une grève de la faim illimitée. Elle dénonce des détentions prolongées et arbitraires, appelle à des mesures humanitaires urgentes et interpelle le gouvernement togolais sur ses responsabilités face à une crise qu’elle qualifie d’humanitaire et de juridique.
Communiqué de presse de K. Adjamagbo Johnson, Députée du Golfe et Secrétaire Générale de la CDPA
« Grève de la faim au Centre pénitentiaire de Lomé : combien de personnes doivent mourir avant d’être entendues ? »
En ma qualité de Députée, j’ai adressé, le 24 décembre 2025, une question écrite au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits humains, relative à la situation judiciaire et sanitaire alarmante de plusieurs détenus de la prison civile de Lomé, dans un contexte de grève de la faim collective et illimitée.
Cette démarche fait suite à mon interpellation formelle le 19 décembre 2025, par monsieur OUATTARA Abdoul-Fadel, détenu depuis novembre 2019 sans jugement définitif, et dont l’état de santé est aujourd’hui jugé gravement préoccupant.
Selon un certificat médical établi le 10 juin 2025 par un médecin du CHU Sylvanus Olympio, monsieur OUATTARA est hospitalisé depuis le 4 mai 2024 pour des pathologies multiples et persistantes consécutives notamment à des traumatismes subis en détention. Le document médical souligne un risque évolutif sérieux, susceptible d’engager son pronostic vital, et recommande une prise en charge spécialisée urgente. Sa participation actuelle à une grève de la faim ne fait qu’aggraver ces risques dans un environnement carcéral notoirement inadapté.
Au-delà de l’urgence sanitaire, monsieur OUATTARA soulève de graves préoccupations judiciaires. Après qu’un magistrat ait reconnu l’absence de motif sérieux de détention et ordonné sa libération, une fiche de mise en liberté a été établie et transmise à l’administration pénitentiaire. Mais cette libération a été bloquée au dernier moment, à la suite d’une intervention attribuée au parquet. À ce jour, monsieur OUATTARA demeure détenu, en dépit du fait que le juge lui-même aurait indiqué qu’aucun obstacle légal ne s’opposait plus à sa remise en liberté. Cette situation est d’autant plus choquante que son dossier est présenté comme un cas isolé, alors que plusieurs co-détenus ont déjà été remis en liberté, créant une iniquité manifeste de traitement et renforçant le caractère arbitraire de son maintien en détention. Monsieur OUATTARA est assisté par ses conseils, notamment maîtres KPADÉ Korffi Élom et Darisu ZIKLOU, qui contestent vigoureusement cette situation au regard des principes fondamentaux du droit à la liberté et à un procès équitable.
Le cas de monsieur OUATTARA s’inscrit dans un contexte plus large de violations persistantes des droits des détenus. Une grève de la faim collective et illimitée est actuellement observée à la prison civile de Lomé par plusieurs détenus, dont monsieur GOUNI Abdoul Aziz, madame KOUNANTI Grace, sage-femme et militante des droits humains, ainsi que d’autres personnes arrêtées ou maintenues en détention depuis 2018, notamment dans les procédures dites « Tiger Revolution » et « GOUNI Aziz ».
Ces situations ont été documentées dans un mémorandum public du Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques du Togo, faisant état de détentions prolongées sans jugement, de personnes gravement malades en détention, de décès survenus en milieu carcéral dans des circonstances non élucidées, ainsi que de décisions judiciaires ou supranationales demeurées inexécutées.
Face à cette urgence humanitaire, j’ai adressé une question écrite au Gouvernement le 24 décembre 2025 sur :
· la situation judiciaire exacte de monsieur OUATTARA Abdoul-Fadel et les raisons de son maintien en détention malgré une décision de mise en liberté ;
· les mesures immédiates à prendre pour garantir la protection de sa vie et de sa santé ;
· le suivi médical et judiciaire effectif des détenus actuellement en grève de la faim ;
· l’adoption de mesures humanitaires urgentes (liberté provisoire, aménagements de détention) pour les détenus dont l’état de santé est critique ;
· les réformes structurelles indispensables pour mettre fin aux détentions prolongées sans jugement et aux violations systématiques des droits des personnes détenues.
Aussi, j’exhorte les autorités togolaises à agir sans délai pour sauver des vies, à respecter les droits fondamentaux consacrés par la Constitution et les instruments régionaux et internationaux de droits de l’homme ratifiés par le Togo. Je les exhorte aussi à mettre fin à l’acharnement judiciaire contre les prisonniers politiques. J’en appelle enfin à la mobilisation de la société civile, des médias nationaux et internationaux, ainsi que des organisations de défense des droits humains, afin que cessent ces atteintes graves à la dignité humaine.
En dépit de tout, bonnes fêtes de fin d’année à tous !
Lomé, le 26 décembre 2025
Kafui ADJAMAGBO JOHNSON
















