Les nouvelles qui viennent du Palais de Lomé II ne sont guère rassurantes. Depuis que le despote burkinabé Blaise Compaoré est tombé comme une mangue mure, le jeune Timonier tropical a perdu le sommeil. La peur au ventre, il passerait des nuits entières à cogiter. Ses « vuvuzela » ont beau s’égosiller sur les médias que le vent de la révolte qui a soufflé sur le Burkina et balayé Blaise Compaoré, ne peut pas se produire au Togo, le jeune prince serait dans tous ses états, tétanisé au palais et ne sachant où donner de la tête.
Non seulement Faure aura fort à faire aux Togolais qui ne supporteraient pas d’être gouvernés à vie comme l’avait fait son père qui a régenté d’une main de fer le Togo pendant 38 ans, mais aussi à la communauté internationale qui vient de brandir un carton rouge pour tous ces satrapes africains qui ambitionnent de faire un mandat dictatorial de trop. Le cas du Togo, il faut le reconnaître, est une exception dans la sous région. Cela fait cinquante ans que la seule famille Gnassingbé règne sur le Togo sans offrir aucune possibilité d’ouverture démocratique. Cette famille a développé un appétit si vorace pour le pouvoir qu’elle piétine toutes les valeurs universellement admises pour rester indéfiniment au pouvoir.
Tenez, le Togo est le seul pays dans l’espace UEMOA, après la chute de Blaise Compaoré, à ne pas connaître l’alternance politique, le seul pays dans la sous-région à ne pas avoir une limitation du mandat présidentiel, le seul pays à ne pas avoir une élection présidentielle à deux tours, le seul dans la sous-région à ne pas réaliser la décentralisation de ses institutions locales. Le père et le fils ont fait du Togo un pays d’exception, unique en son genre.
Dans cette ère démocratique, le Togo ne peut pas se permettre d’être régi par le statu quo politique et institutionnel pour encore de nombreuses années. Dans cette impasse totale où les Togolais sont dans un état de misères politique et matérielle patent, pris en otage par le régime des Gnassingbé et ses structures démocraticides, ils n’auront d’autre choix que de suivre le bel exemple du peuple burkinabé.
Faure Gnassingbé devra faire face à son peuple, mais aussi aux puissances internationales qui sont décidées à appliquer une tolérance zéro pour les présidents à vie. L’administration Obama persiste et signe, deux mandats et on s’en va. Le même avertissement est adressé aux satrapes africains par François Hollande dont le parti, le PS vient de mettre en garde six chefs qui cherchent à se maintenir au pouvoir contre la volonté de leur peuple dont Faure Gnassingbé.
Coincé et ne sachant à quel saint se vouer, le fils du père s’est transporté chez l’autre dictateur qui trône au sommet du Congo Brazzaville pour décider de la conduite à tenir face à la nouvelle donne. Comme Faure Gnassingbé, Denis Sassou Nguesso aussi n’envisage pas de céder le fauteuil à la présidentielle de 2016 dans son pays. Les deux dictateurs sont donc dans une situation délicate. Seront-ils guidés par la sagesse et entreront-ils dans l’histoire par la grande porte, ou décideront-ils de nager à contre-courant du mouvement démocratique mondial pour finalement suivre les pas de Compaoré ? L’avenir nous le dira.
Source : Liberté N° 1819 du jeudi 06 novembre 2014