Les Ambassadeurs occidentaux doivent aider à mettre fin à la pagaille gouvernementale au Togo
Ce qui se passe dans notre pays depuis plusieurs mois, notamment après la dernière présidentielle est si grave, que nous avons choisi d’interpeller le groupe des Ambassadeurs de France, d’Allemagne, des USA, la Mission de l’UE et le Bureau du PNUD au Togo, afin qu’il puisse faire comprendre à ceux qui régentent la vie togolaise à leur guise, que ce n’est pas ainsi qu’on gouverne un peuple.
Ces personnalités respectables n’ont pas de raison de voir ces films se dérouler au quotidien sous leurs yeux en tant que représentants de la Communauté internationale et se montrer indifférents comme si le Togo était un pays à part, complètement en marge des autres pays du monde où s’effectuent des mutations au profit des peuples. On ne peut pas faire croire à la volonté d’édification d’une société démocratique et des droits de l’Homme, tout en se permettant n’importe quoi.
Absence notoire de volonté
A l’arrivée de Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005, plusieurs centaines de ses compatriotes avaient été trucidés. Pascal Bodjona, l’un de ses amis qui se trouvait jusqu’en cette année-là quelque part aux USA, avait rejoint le Togo précipitamment après la mort d’Eyadèma. Il faut dire qu’il n’était pas du tout étranger à ce drame. On le voyait très actif aux côtés des deux demi-frères préposés au gardiennage du « Temple privé d’Eyadèma » après la mort de celui-ci. Le futur Ministre se montrait équidistant par rapport à Faure et à son frère Kpatcha, les deux héritiers qu’il lui fallait ménager pour avoir du foin. Il deviendra d’abord directeur de cabinet de Faure et par la suite le tout-puissant Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation jusqu’à ce jour. Kpatcha aujourd’hui au gnouf, ce n’est sûrement pas son problème.
Il faut dire qu’il est surprenant, voire stupéfiant, que des gens qui ont œuvré en faveur de la survenue entre avril et mai 2005 de ces actes d’une barbarie inouïe et qui bénéficient aujourd’hui des retombées de leurs oeuvres (postes présidentiel et ministériel et tous les avantages que cela confère) aient déjà passé ce drame par perte et profit et seraient même, si nous ne nous abusons, dans l’état d’esprit de réitérer des actes similaires, si l’opportunité leur était offerte. De nombreuses preuves militent en faveur de cette assertion et rien qu’à voir le fait que le RPT réactive ses milices perceptibles aux manifestations de l’opposition, permet de dire que ces gens n’ont aucune notion de la vie sociétale et qu’ils ont une toute autre lecture de la notion de Pouvoir d’Etat qu’il faudra les amener à rectifier.
Le manque de volonté en question est facilement décelable depuis quelque temps dans les faits et gestes de ces deux personnalités qui se complètent. De par leurs fonctions, elles sont directement concernées par l’apaisement du climat socio-politique. Si la bonne volonté les habitait, les Togolais n’auraient pas assisté en 2010 aux ridicules manoeuvres du Ministre Bodjona avec l’onction de son ami, en vue d’obtenir la dissolution d’un parti légalement constitué, en mettant au pas une justice dite en modernisation et en manoeuvrant des juges à cet effet. Tout porte à croire que la facilité avec laquelle les deux amis ont « ramassé le pouvoir d’Etat», ne peut que les prédisposer au jeu d’enfant auquel ils livrent le Togo à un moment où il ne le fallait pas. Parcourons juste quelques éléments !
Fermeture arbitraire des radios
Depuis le 14 février 2011, une pétition signée par 4193 Togolais pour demander la réouverture des radios X-Solaire, Métropolys et Providence arbitrairement fermées par l’Autorité de Réglementation des Postes et Télécommunications (ART&P) a atterri sur le bureau du chef de l’Etat. Un mois après, motus et bouche cousue. Le destinataire n’a pas du tout daigné, juste par courtoisie, faire le moindre signe. Il s’agit là d’un mépris et d’un manque de considération pour son peuple qui ressemblent sans ambiguïté à celui observé à travers des augmentations dérisoires de 3% et 5% sur les salaires face à la cherté de la vie et à la souffrance des Togolais, pendant que le Président de la République s’offre lui-même tous les luxes du monde.
Les preuves de la violation de la loi par le juriste Palouki Massina sautent largement aux yeux. Il a bel et bien violé les lois régissant l’institution qu’il dirige illégalement depuis plus de 2 ans après l’expiration de son second et dernier mandat. Massina a par ailleurs usurpé les prérogatives de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) dont il n’est pas le Président. L’association « SOS Journaliste en Danger » n’a pas perdu la tête pour crier sans preuve à l’injustice contre ces radios fermées. En commettant un tel abus et une telle violation, le sieur Massina était loin d’imaginer que les investigations des journalistes les amèneraient à déceler une si grave erreur de la part d’un juriste et qui plus est, professeur de droit. La dénonciation de cette imprudence du Président de l’ART&P, ne nous méprenons pas, ne peut qu’être source de honte pour notre éminentissime juriste.
Dans une situation comme celle-ci, ce qu’aurait dû faire le chef de l’Etat, même s’il avait été de mèche avec le sieur Massina pour un tel coup contre les médias, ce qui s’avère plus que plausible aux yeux de beaucoup de gens, aurait été d’user simplement de diplomatie pour faire droit à la requête de « SOS Journaliste en Danger ». Evidemment quand on manque d’habileté et de diplomatie, c’est de la mer à boire. Cela aurait eu le mérite de sauver son propre honneur et celui de la prétendue démocratie qu’on promeut mais sans visibilité. Normal, puisqu’on s’est engagé à piétiner les textes de manière systématique. Signalons que dans ce coup, se trouve l’éternel Pascal Bodjona avec son éternel titre de « délivreur de récépissés ». Il faut alors comprendre que le monsieur n’est pas à l’Administration Territoriale fortuitement. Est-il normal de créer un Ministère des Droits de l’Homme et de la Consolidation de la Démocratie pour n’en faire qu’un élément de décoration ?
Exclusion des députés ANC
L’exclusion de neuf députés de l’ANC (candidats UFC aux dernières législatives) de l’Assemblée nationale sous prétexte qu’ils avaient signé des lettres d’engagement (ce qui était une affaire purement interne à l’UFC) avait suffi pour le président de l’Assemblée nationale (RPT), à la demande de Gilchrist Olympio, de saisir le Président de la Cour Constitutionnelle à cet effet. Naturellement, le juge Aboudou Assouma trouva la demande fondée et s’exécuta, puisqu’il devait faire plaisir au RPT. N’ayant pas été aux législatives sous la bannière de l’ANC, il était interdit aux députés ANC de se constituer en groupe parlementaire, en violation, là encore, du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Le mécontentement s’est emparé des députés de l’ANC, parce qu’au Togo, les textes sont là, mais les autorités en font des interprétations fantaisistes et erronées qu’elles veulent.
C’est dans leur logique de la raison du plus fort, qu’une prétendue lettre de démission sera rédigée et signée au nom du député Ouro-Akpo Tchagnaou. Le Président de l’Assemblée l’accusera personnellement d’en être l’auteur. Il sera démissionné contre sa volonté, faisant prévaloir une fois de plus la raison du plus fort. Tout le monde se rappelle la furie du député. Ce fut un montage cocasse contre le député de Tchaoudjo. Ainsi, au sein de l’Assemblée qui devrait légiférer pour le bien de la République et la bonne santé de la démocratie, des hommes et femmes instruits se fourvoient en se livrant à des incongruités qui échappent au bon sens. Ainsi l’Assemblée et la Cour Constitutionnelle sont aux ordres et mettent les textes de côté en choisissant de faire le jeu du Politique.
Restriction des libertés de réunion et de manifestation
L’affaire en cours est de loin la plus grave. Elle est relative à la restriction des libertés de réunion et de manifestation au Togo dans un pays où l’on s’est engagé à promouvoir la démocratie et le respect des droits humains. Si ce projet de lois liberticides venait à passer devant l’Assemblée, cela consacrera le recul de la démocratie, alors qu’elle est encore à ses balbutiements. Difficile d’imaginer qu’alors que dans un royaume comme le Maroc, le souverain fait des concessions dans le sens de la promotion de la démocratie, au Togo, c’est plutôt la marche à reculons. Où est donc la volonté exprimée par Faure Gnassingbé dans son fameux « Mon Engagement pour le Togo », de poursuivre la démocratisation du pays ?
Dans un pays où les autorités sont allées jusqu’à créer un Ministère des Droits de l’Homme et de la Consolidation de la Démocratie , il est aberrant de constater que la création d’un tel ministère n’a pour seul but que de gruger les Togolais et la Communauté internationale. Le mercredi 2 mars 2011, le Conseil des Ministres a adopté un projet de lois liberticides réglementant les réunions et les manifestations au Togo. Soit Faure Gnassingbé est venu pour gouverner pour le bien du peuple togolais, alors qu’il le fasse bien ! Soit il est venu pour enfoncer davantage le pays et le peuple dans l’abîme en ne respectant pas les libertés fondamentales et en s’appuyant sur ses relations dans l’armée, pour continuer à narguer le peuple, alors il doit dégager et laisser la place à d’autres.
Le Ministre Bodjona que tout le monde connaît bien dans ce pays, ne peut pas user de ruse à loisir à l’égard des partis politiques, des organisations de la société civile et d’une institution comme le HCDH dont certains ont été piégés et victimes littéralement de sa mauvaise foi, pour faire passer son projet de lois. Il s’agit pour lui de les exhiber pour essayer de donner du crédit à son initiative personnelle et impopulaire. On ne peut pas faire des lois sur un coup de tête en prenant les Togolais pour des cancres qui ne savent pas user de leur intelligence. Comme le dit un homme politique, « la réalité est que l’exécutif cherche à dénaturer et à sacrifier l’exercice des libertés garanties par la Constitution à la sauvegarde de l’ordre public ».
La mauvaise foi du Ministre Bodjona a constitué entre autres, à associer les partenaires au début, à leur demander de faire des propositions et les harceler après un laps de temps sous la menace de faire parvenir leurs textes tout en étant conscient lui-même qu’il n’en tiendrait pas compte. Selon la LTDH , « le Ministère de l’Administration territoriale menacerait de faire passer son Avant-projet de loi qu’il avait déjà et depuis rédigé, à un très prochain Conseil des Ministres pour adoption ».
Comment Pascal Bodjona peut-il expliquer les interdictions systématiques de toute réunion et manifestation de l’opposition sur tout le territoire national sans raison valable depuis environ un an ? Au regard de ce qui s’est passé en Afrique du Nord, au lieu de commencer par aller dans le sens d’un assouplissement, Bodjona qui a toujours pris le peuple togolais pour une bête de somme, préfère durcir le ton contre lui, croyant faire la part belle à son ami Faure. La fonction ministérielle étant dévaluée au Togo, le Ministre de l’Administration Territoriale peut tout se permettre. Mais il y a une limite à tout.
Eu égard à toute cette pagaille gouvernementale qui n’augure rien de bon après la signature de l’APG censé sortir le pays de sa longue et lancinante crise, le groupe des Ambassadeurs occidentaux en poste au Togo est interpellé au nom du droit d’ingérence, pour sauver le pays d’une crise plus profonde, en mêlant sa voix à celle du bon sens des Togolais qui condamnent depuis quelques jours la fermeture arbitraires des radios et un projet de lois liberticides.
Alain SIMOUBA
source: liberté hebdo Togo
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