Le champ politique togolais est marqué par une certaine forme de morosité qui se comprend aisément. Les leaders politiques traditionnels, tels qu’ils sont connus dans notre pays sont essoufflés par plusieurs années de combats infructueux qui donnent malheureusement le sentiment d’un véritable coup d’épée dans l’eau.
Pourtant ils n’ont pas manqué, des décennies durant, de mouiller le maillot dans cet objectif ultime, d’obtenir des changements substantiels dans la gouvernance de notre pays, afin de garantir un meilleur Vivre Ensemble du peuple. Les lignes, reconnaissons-le, ont du mal à bouger qualitativement.
Du coup, la lutte politique semble ne plus revêtir vraiment d’intérêt pour nombre d’entre eux et cela parait tout à fait logique. Ainsi l’activité politique semble être désormais laissée, en bonne parie, entre les mains des gens de la diaspora qui, ne maîtrisant pas non plus les subtilités politiques ainsi que les réalités palpables du terrain, versent parfois dans l’agitation et le sensationnel, soit en inventant certains faits soit en les dramatisant exprès, en vue d’en prendre prétexte pour interpeller gratuitement certains partenaires à l’échelle internationale.
Aussi est-il régulier, de voir sur les réseaux sociaux, certains citoyens de l’intérieur ou de la diaspora, se prononcer sur des sujets d’actualité dans le pays avec un amateurisme effarant et des invectives qui, au lieu de construire, participent littéralement à braquer beaucoup de partenaires pourtant essentiels dans le dénouement de certaines situations d’ordre politique.
Pas plus que cette semaine, un fonctionnaire d’une organisation Internationale de défense des droits humain m’a contacté, me demandant de vérifier la véracité d’un posting sur tweeter dont je préfère, par précaution et élégance rédactionnelle, traire le contenu. Mais toujours est-il que la vérification faite indique, avec une certitude tranquille, que l’information ainsi distillée au sein de la masse, est fausse et dénuée de tout fondement. Or, à la suite de ce message qui, de toute évidence, relève de l’imaginaire, l’auteur a jugé utile de faire appel aux organisations de défense des droits de l’homme en vue de leur implication dans le dossier évoqué. Ce qui naturellement, n’a pas laissé indifférente cette organisation qui a souhaité en savoir plus en vue d’en faire un rapport au besoin et d’interpeller les gouvernants actuels du pays.
Il est peut-être utile de rappeler que les réseaux sociaux constituent des toiles puissantes qui hébergent l’ensemble des informations qui y sont publiées, ils constituent aussi un vrai créneau à travers lequel, les partenaires se formulent une opinion sur ce qui se fait dans tous les pays dans le monde. Par conséquent, tout acteur politique qui souhaite vraiment se faire prendre au sérieux avec un minimum de crédibilité, doit pouvoir en faire usage avec mesure et responsabilité.
Lorsque par tweet ou à travers un autre canal, l’on passe un appel de détresse sur un sujet inventé de toute pièce, et interpelle ouvertement les organisations internationales de défense des droits humains ou les partenaires du pays, quel est concrètement l’objectif qu’il vise ? Que comprend-il vraiment du rôle que jouent les organisations Internationales dans un combat d’ordre politique, social ou même judiciaire ? Et enfin, quelle crédibilité entend-il donner à sa supposée lutte si, par simple coup de tête ou par désir de créer des émotions au sein de l’opinion, il invente des faits et interpelle ces organisations internationales alors que ces faits ne tiennent pas la route ?
Il me parait opportun, à cette échelle de mon développement, de rappeler opportunément que les organisations internationales ne jouent en réalité dans tout pays, qu’un rôle complémentaire dans la lutte des peuples pour leur épanouissement et leur Vivre Ensemble. Elles le font sur la base de certains principes élémentaires en lien avec des faits réels, vérifiables et crédibles. Leur travail prend aussi appui sur la communauté diplomatique en fonction dans le pays.
Ainsi, lorsque des citoyens aspirent réellement à se faire accompagner dans une telle démarche, ils doivent se montrer pas que cohérents et responsables, mais surtout véridiques. Dans la société des hommes, ne mérite soutien, assistance ou accompagnement que celui ou celle qui fait preuve de bonne foi, de volonté dans l’action et de sincérité dans chacune de ses initiatives.
Les paroles qui sortent de la bouche des citoyens, les écrits qu’ils laissent sur la toile ainsi que les actes qu’ils posent sur le terrain, doivent impérativement refléter un minimum de sérieux et de rigueur si réellement, l’objectif que ceux-ci visent est d’obtenir les meilleures conditions possibles de vie dans le pays. Cette exigence est encore plus accrue lorsque les intéressés relèvent d’un rang social donné ou sont investis d’une responsabilité au sein de la société. La toile ne doit absolument pas être utilisée de façon fantaisiste pour appeler la communauté internationale à la rescousse alors que rien de concret ne se fait d’ailleurs sur le terrain.
Au cas où certains de nos compatriotes l’auraient oublié, la lutte, quelle que soit sa nature, s’opère fondamentalement et prioritairement sur le terrain, au contact du peuple. C’est là que tout doit en réalité se jouer de sorte que tout ce qui se dit et se fait, relève du vrai et du sérieux. C’est alors que les institutions internationales et les organisations de défense des droits humains, pourraient trouver des motifs plausibles pour accompagner aisément le travail de terrain qui est déjà assumé dûment par les citoyens meneurs eux-mêmes.
Au regard de tous les échecs compilés dans la lutte pour l’épanouissement du peuple togolais, il importe à présent d’opérer une forme de catharsis, afin de changer les paradigmes du combat lui-même. Autrement, si des citoyens d’un certain rang, censés être les meneurs d’une telle lutte, continuent de verser dans l’à-peu-près, le sensationnel, dans l’invective de cette même communauté pour ensuite lui faire appel à la rescousse, il y’a forcément un sérieux problème de cohérence qui va se poser. Les défis à relever sont si grands et immense que recourir à des méthodes pareilles à certains moments jonchées de mensonge juste pour impressionner l’opinion, il sera évidemment difficile sinon impossible d’obtenir du concret ni aujourd’hui et encore moins demain. Que ceux qui ont les oreilles entendent et s’activent à l’action sérieuse et rigoureuse, les résultats ne manqueront pas de suivre.
Luc ABAKI