La Politique Agricole était l’un des Principaux arguments de Faure Gnassingbé pour obtenir des financements (via la vente des OAT et des BAT) sur le marché financier régional de l’UMOA-Titres.
Comme l’indique la note d’informations destinée aux investisseurs institutionnels et privés : « À travers son plan national de développement, le Togo a opté pour une nouvelle politique agricole basée sur le développement et la promotion des agropoles en vue d’impulser une nouvelle dynamique économique axée sur la transformation structurelle de l’économie nationale. Cette nouvelle stratégie de promotion des agropoles, lancée en 2017, vise d’une part la transformation des produits de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage en produits manufacturés à travers la promotion des PME/PMI, le renforcement des relations entre les activités de production, de transformation et de commercialisation de ces produits. »
Ce sont le PNIASAN 2017-2026 et le PTA 2019-2023 qui étaient ainsi mis en avant dans ce paragraphe. Le premier devait atteindre un budget de 1265 Milliards de Fcfa et le deuxième 59 Milliards de Fcfa. Cela représente des siècles de salaires d’un employé agricole normalement au SMIG togolais qui est de 52500 Fcfa. Dans la réalité, ce SMIG n’est pas respecté.
Cependant, ces programmes se sont révélés être des fiascos monumentaux.
D’agropole, le pays n’en a jamais réellement connu. Les quelques tracteurs qui sont fournis aux agriculteurs se sont révélés inadaptés au sol du pays. Les subventions et autres aides ont été purement et simplement détournées par les entreprises des barons du régime qui se se sont opportunément installées dans les agropoles à peine naissants.
En définitive, tous ces projets sont tombés à l’eau. Malgré la propagande étatique, nombreux sont les agriculteurs des ZAAP qui se plaignent du manque de matériels, d’intrants, de financements et de débouchés durables.
Le secteur agricole s’est ankylosé. Pour preuve, en 2024, ce sont plus de 1800 tonnes de maïs et de riz qui ont pourri dans les entrepôts de l’Agence Nationale pour la Sécurité Alimentaire au Togo ANSAT dirigée alors par le ministre colonel au passé criminel Ouro-Koura Agadazi, aujourd’hui promu ambassadeur du Togo à Paris.
En janvier 2025, sans présenter le bilan du PNIASIAN, le gouvernement faurien se lance dans un autre plan à 892 Milliards de Fcfa, le Programme de Modernisation de l’Agriculture au Togo #ProMAT qui reprend les mêmes objectifs que le PNIASAN.
De même, sans aucun bilan du PND 2018-2022 ni de la feuille de route gouvernementale 2020-2025, le gouvernement démissionnaire censé expédier les affaires courantes depuis le 3 mai 2025, nous annonce un PND 2026-2030.
Comme d’habitude, l’objectif est d’essayer de convaincre les investisseurs de l’existence d’une réflexion prédictive au sein de ce gouvernement afin d’engranger les emprunts à faible taux.
Cependant, face à la détérioration des fondamentaux macroéconomiques du pays au cours des 3 dernières années et donc du profil risque du pays, la confiance des investisseurs s’est considérablement effritée. Les taux long terme s’envolent au dessus des 8%.
Dès lors, pour s’acheter un minimum de crédibilité, le gouvernement est obligé de subir des audits dans tous les sens.
Mais rien n’est moins sûr. En mars dernier, le FMI classait le pays en « zone de surendettement soutenable si et seulement si placé sous programme » au regard de la dette publique globale du pays.
Un programme qui a d’ailleurs été déclenché depuis mars 2024 dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) de 390 millions de dollars soit 217 Milliards de Fcfa. Il est prévu que ce montant soit décaissé avec parcimonie en 42 échéances semestrielles après des revues régulières et strictes de la situation socio-politico-économique du pays. Sous ce programme, le gouvernement du PCM Faure Gnassingbé est tenu de se plier aux conditionnalités du FMI telles que l’adoption de réformes structurelles et de politiques publiques pensées par l’institution.
À titre d’exemple, dans la dernière revue, il était demandé aux dirigeants d’augmenter les frais d’électricité pour couvrir les coûts des investissements publics. Ainsi, le 30 juin dernier, il a été procédé à un deuxième décaissement de 60,5 millions de dollars soit 34 Milliards de Fcfa.
Selon les termes de l’accord, ce montant devrait « renforcer la viabilité de la dette publique ». Autrement dit, il servira tout bonnement au refinancement d’une autre dette. Pour rappel, les facilités élargies de crédit du FMI sont des prêts concessionnels (à taux bas et à maturité longue de 20 à 40 ans) accordés aux pays très pauvres (PPTE) qui connaissent des difficultés de balance de paiement. Tout est dit.
Visiblement, la situation ne semble pas s’améliorer puisqu’en plus des revues FEC du FMI, des acteurs supplémentaires entrent dans la danse pour contrôler la fiabilité des institutions financières publiques du Togo.
Du 24 au 29 août, des agents du FMI se sont ainsi présentés pour auditer la gouvernance du Togo et plus particulièrement la gestion des finances publiques. D’après la presse propagandiste, ce serait à la demande du gouvernement. Nous n’y croyons pas.
Du 15 au 30 septembre, c’est l’Office togolais des recettes #OTR qui est scruté par une mission conjointe d’experts du FMI, de la Banque mondiale, de l’African Tax Administration Forum #ATAF, et plus surprenant encore de la Direction Générale des Finances Publiques francaise #DGFIP en vue d’analyser l’efficacité des réformes engagées par l’OTR en matière de transparence, de gestion des risques, de civisme fiscal et de fiabilité des déclarations.
Du 22 au 26 septembre, c’est la Banque africaine de développement #BAD qui débarque pour une revue des projets qu’elle finance au Togo dans le cadre de son plan stratégique 2021-2026.
Il est question d’évaluer l’état d’avancement de 22 projets financés à hauteur de 425 millions d’Unités de Compte (soit près de 343 milliards FCFA). Les départements ministériels et toutes les unités de gestion des projets seront passés au peigne fin.
Cela fait beaucoup de contrôles en peu de temps. Seuls des signaux d’alerte de mauvaise gouvernance générale peuvent justifier de telles actions comme par exemple un taux d’endettement de 72,1 % du PIB, un déficit public de 6,4%, un ratio Dette publique/recettes fiscales de 412% pour ne citer que ceux-là. N’est-ce pas M. Le MEF démissionnaire Essowè Barcola?
Le Peuple togolais attend impatiemment l’issue de ces opérations de contrôle et la publication des rapports consécutifs.
En effet, il est temps d’en finir avec la corruption et la prévarication décomplexées du régime soixantenaire des gnassingbés.
Si, au terme de ces audits et évaluations, toutes les conséquences ne sont pas tirées à l’encontre de ce système népotiste mafieux, il paraîtra tout à fait normal que le Peuple togolais prenne ses responsabilités envers tous les intérêts exogènes et endogènes qui cautionnent son oppression.
À bon attendeur, le salut patriotique!
Analyse citoyenne de la gestion des finances publiques du Togo / ACGFiP