« Le déni de la crise postélectorale est une grave faute politique »
La Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) était en conférence de presse ce jeudi 04 février 2021. Les responsables de ce regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile ont passé en revue l’actualité sociopolitique du pays. ils ont dénoncé, entre autres, les tentatives du régime à faire fi de la crise postélectorale et passer à des élections régionales. Le DMK tend la main aux autres partis politiques et « sollicite leur adhésion dans l’intérêt supérieur de notre pays le Togo ». Ci-dessous la déclaration lue lors de la rencontre.
Déclaration liminaire
Aucune discussion politique sérieuse n’aurait sa raison d’être sans la prise en compte de la crise post-électorale née du scrutin présidentiel du 22 Février 2020.
Au seuil du premier anniversaire de l’ouverture de la campagne électorale de la présidentielle du 22 février 2020, les indicateurs de bord de la vie sociopolitique sont au rouge sur tous les fronts, témoignant ainsi d’une léthargie dans la gouvernance de notre pays.
Rien n’est fait pour ramener la confiance; il y a un recul notoire de la liberté d’expression et d’association.
Le prophète Esaïe est jugé, condamné et maintenu en prison pour avoir exprimé son opinion. Le journaliste Carlos Kétohou, Directeur de publication du journal « Indépendant Express » a vu son organe de presse suspendu de parution par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), pour avoir publié un article sur un présumé vol de cuillères dorées par des ministres du gouvernement.
Plusieurs syndicalistes du secteur de l’enseignement sont traqués, violentés, arrêtés puis remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire pour un prétendu usage de faux en écriture, et « pour n`avoir pas tenu dans les formes requises leur assemblée constitutive et avoir produit à cet effet des listes de présence à un congrès virtuel ». Ceci, alors même que les signataires présumés ne se reconnaissent pas dans cette affaire qu’on leur impute arbitrairement.
Plusieurs prisonniers politiques croupissent encore dans les geôles, alors que plusieurs scandales économiques émergent, sans que les auteurs régulièrement identifiés, ne soient en rien inquiétés. Pour preuve, en dehors du petrolegate dont les contours ont été révélés par le journaliste d’investigation Ferdinand Ayité, les eaux togolaises serviraient de plaque tournante pour le trafic illicite du pétrole nigérian selon plusieurs sources. Le silence coupable du pouvoir en place, confirme malheureusement le statut peu glorieux du Togo, souvent mentionné dans le cercle des narco-régimes, à l’économie débridée et illicite assumée, qui ne profitent in fine, qu’à une minorité.
Notre collègue Naboudja Bouraima a écopé le 29 janvier 2021 d’un mois de mise à pied avec privation de toute rémunération à l’exception des allocations familiales, pour un prétendu manquement aux règles d`éthique et de déontologie.
D’autres responsables et militants de la DMK subissent des affectations punitives et menaces en raison de leur engagement politique et syndical.
Tout indique donc que le pouvoir en place a établi un mécanisme indécent de chantage à l’arrestation pour faire taire toutes les voix discordantes, et contraindre toutes les strates de la société au silence, afin de continuer par gouverner par la terreur.
Le quotidien des Togolais est désespérant comme l’indique le panier de la ménagère, et les secteurs clés de l’éducation et de la santé connaissent des remous préoccupants.
C’est dans ce contexte politique tendu que le pouvoir sortant, comme a l’accoutumée, ressort sa vieille recette de dialogue pour contourner la volonté populaire, clairement exprimée en faveur d’une alternance politique pacifique.
L’objectif de ce tour de passe-passe est de distribuer des seconds rôles à ceux qui pourraient lui servir de béquilles pour le maintien du statu quo.
En effet, le Ministre Boukpessi a invité le 19 Décembre 2020, quatre partis politiques membres de la DMK à des discussions politiques en vue des préparatifs des élections régionales.
Ces invitations intervenaient au moment même où trois cadres de la DMK à savoir Mme ADJAMAGBO JOHNSON, M. Gérard DJOSSOU et M. DEKPO Kokou dit Prophète Esaïe étaient encore dans les geôles du SCRIC pour des raisons aussi bien fallacieuses que fantaisistes liées à la réclamation légitime de la victoire confisquée de la DMK.
Naturellement, les partis politiques membres de la DMK n’ont pas répondu à l’invitation en raison de cette injustice doublée d’une posture dépourvue d’éthique qu’arbore le régime de fait.
Une seconde invitation sera adressée à ces mêmes partis pour une deuxième rencontre le 19 Janvier 2021 avec pour thématique les préparatifs des élections régionales et des concertations en vue des discussions politiques.
La Dynamique Monseigneur KPODZRO (DMK) a jugé utile de donner suite à cette invitation du Ministre Boukpessi, par un courrier en y exprimant notre disponibilité à prendre part à toutes discussions qui ferait attention aux préoccupations qui sont les nôtres et qui contribuerait à la bonne gouvernance politique de notre pays.
La DMK a en conséquence proposé que les discussions portent prioritairement sur les questions urgentes suivantes.
1) L’inscription prioritaire à l’ordre du jour des discussions, le point sur le contentieux électoral né l’élection présidentielle du 22 Février 2020,
2) L’abandon des charges et poursuites judiciaires contre les responsables de la DMK y compris Monsieur DEKPO Kokou dit Prophète Esaïe ;
3) Le retour au Togo et en toute sécurité du Docteur Messan Agbéyomé KODJO afin qu’il participe personnellement à ces discussions fondamentales sur l’avenir du Togo.
Il est clair que dans le contexte sociopolitique actuel, aucune discussion politique sérieuse n’aurait sa raison d’être sans la prise en compte de la révolution électorale du 22 Février 2020.
Le Peuple togolais s’est massivement et démocratiquement prononcé le 22 février 2020 pour l’Alternance politique pacifique au sommet de l’Etat en votant massivement pour le candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK).
C’est une évidence partagée par tous ici ou ailleurs sauf pour ceux qui veulent se mentir opportunément pour conserver les manettes de la gouvernance du Togo envers et contre tous, par la force.
Cette révolution électorale opérée par le Peuple togolais à cette date mémorable du 22 février 2020 est provisoirement plombée par les décisions iniques de la CENI et de la Cour Constitutionnelle qui ont cru sacrifier l’expression populaire souveraine sur l’autel des intérêts des conservateurs qui n’ont jamais intégré dans leur agenda l’idée d`une élection propre crédible et transparente, au terme de laquelle ils peuvent être battus. Il faut donc gagner à tous les coups peu importe les moyens pour y parvenir.
La forte mobilisation populaire inattendue a fait que les centaines de carnets de bulletins pré-votés en faveur d’un candidat, et introduits frauduleusement dans le processus électoral n’ont pas pu sauver celui qui n’envisage pas de quitter le pouvoir de si tôt.
La ferveur patriotique suscitée par la DMK avec l’implication personnelle de l’archevêque métropolitain émérite de Lomé a boosté de 20% le taux de participation, déjouant ainsi toutes les velléités de victoire frauduleuse classique par les urnes nonobstant les entorses diverses au processus électoral.
Les institutions chargées des élections que sont la CENI et la Cour Constitutionnelle ont attribué au président sortant, des chiffres imaginaires qu’elles ont été chacune à son niveau incapable de justifier notamment un décompte du résultat bureau de vote par bureau de vote, comme exhorté par plusieurs partis politiques et le département d’Etat Américain.
La Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) tient à rappeler à l’opinion nationale et internationale que ni la violence d’Etat planifiée et orchestrée contre le peuple en général et contre les responsables de la DMK en particulier à travers les acharnements judiciaires contre ses principaux cadres, ni les tentatives d’élimination physique du président Agbéyomé KODJO ne sauront arrêter le combat pour la vérité des urnes pour apaiser les cœurs meurtris et révoltés des votants qui ont décidé de tourner la page du RPT/UNIR et de ses avatars qui régentent notre pays depuis plus d’un demi-siècle.
Ce choix historique ne saurait être putréfié par les combines des réseaux malfaisants et la répression pour brider nos libertés publiques, nos droits élémentaires et l’avenir de toute une jeunesse épicentre du génie collectif et de créativité pour un développement durable pour nous imposer le statu quo, qui a déconstruit la société togolaise et mis en lambeaux les valeurs qui fondent notre vivre ensemble harmonieux.
Non, on ne peut fermer rapidement ce dossier du contentieux post-électoral sans l’avoir vidé et se précipiter comme pour la proclamation des résultats provisoires pour d’autres urgences de la gouvernance politique notamment l’organisation des élections régionales qui s’inscrivent dans le cadre de la politique de décentralisation de notre pays.
Déporter ce contentieux sur une autre élection n’a aucun sens car quel électeur se déplacera pour aller voter s’il est conscient que son vote ne compte pas et pour cette étape de la décentralisation, aucun bilan n’a été tiré du fonctionnement des communes qui à peine commencent par fonctionner, sans les infrastructures adéquates et dépourvues d’administrateurs techniques pour monter des projets pour l’épanouissement des populations à la base.
En accord avec le Député Français, NADO Sébastien, membre de la commission des Affaires Etrangères et grand défenseur des principes démocratiques, la DMK estime que ceux qui pensent qu’il est temps de passer par pertes et profits ce coup d’Etat électoral ne sont pas des démocrates, mais plutôt des défenseurs des intérêts et partisans.
Cet élu de la nation française sur la base des éléments recoupés reconnait la victoire de la DMK et a interrogé par écrit le gouvernement français sur ce qu’il compte faire en urgence pour mettre fin aux brimades contre le candidat de la Dynamique et accompagner le Peuple Togolais dans son combat pour la Démocratie.
Cette prise de position intervient après celle du président de la France Insoumise Jean-Luc MELENCHON qui déclarait que la DMK a des arguments solides pour contester la victoire apocryphe du président sortant.
La crise postélectorale occasionnée par la proclamation à la hussarde des faux résultats par la CENI et la Cour Constitutionnelle est belle et bien présente dans les esprits de tous les Togolais épris de paix et de justice et qui recherchent l’émancipation et une vie harmonieuse et épanouie.
C’est ce qui justifie la disponibilité de la DMK qui ne trouve aucun inconvénient a engager des discussions politiques avec les usurpateurs du pouvoir confisqué du peuple et au-delà avec tous les acteurs politiques engagés dans la recherche des meilleures solutions pour un mieux-être de chaque Togolaise et Togolais.
Toutefois, cette volonté d’apaisement et de décrispation du climat politique dans notre pays ne saurait se confondre à une abdication de notre ferme détermination à faire respecter la volonté du peuple exprimée à travers les urnes le 22 Février 2020.
Les élections doivent commencer par avoir leur sens dans notre pays aussi ! La démocratie dont les élections sont un instrument de mesure doit être respectée conformément aux pertinentes dispositions de notre constitution, des traités auxquels le Togo est partie et en adéquation avec les règles universellement admises en la matière.
Les velléités de banalisation et de déni de la crise post-électorale qu’affichent le régime de fait à Lomé soutenus par certains acteurs de la classe politique sont donc un leurre et une grave faute politique et une méprise de la volonté populaire. Il faut régler la crise électorale née des élections du 22 Février pour permettre au Togo d’avancer dans le respect de la volonté d’alternance exprimée par les Togolais.
C’est justement dans ce but que nous avons également adressé des courriers à tous les partis d’opposition invités à cette discussion pour leur faire connaitre la position de la DMK et solliciter leur adhésion dans l’intérêt supérieur de notre pays le Togo.
La DMK exprime sa vive préoccupation face au manque d’ouverture du régime qui balayant d’un revers de main sa position, poursuit la mise en œuvre de son ambition cachée qui est de décapiter la DMK.
La DMK tient à remercier tous les partis politiques qui lors de ces rencontres initiées par le pouvoir de fait ont pu dire la vérité selon laquelle aucune discussion sérieuse ne peut se faire dans le contexte actuel sans l’implication effective de la DMK qui est reconnue par tous aujourd’hui comme la principale force politique légitime du pays.
C’est l’occasion pour nous de féliciter le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) qui a pris la décision courageuse et judicieuse de suspendre sa participation à ce pseudo dialogue.
La DMK reste débout et refuse toute forme de compromission tendant à anéantir les efforts du peuple pour se libérer de cette dictature cinquantenaire qui ne cesse de réduire les chances pour notre jeunesse de se construire une trajectoire scolaire et professionnelle et d’assurer le développement de notre pays.
La DMK exhorte tous les acteurs politiques à prendre en compte les nombreuses souffrances du peuple Togolais et à œuvrer pour sauver notre démocratie en péril en travaillant pour la défense sans ambiguïté de la vérité des urnes pour le respect de la volonté et du vote du peuple Togolais.
La DMK demande au pouvoir illégitime de revenir a la raison et d’opter pour la recherche de solution durable mettant enfin le Togo sur les rails de la Démocratie La DMK salue le courage politique du député français membre de la Commission des affaires étrangères, Sébastien NADO, et en appelle à la fermeté de la communauté internationale en vue du rétablissement de la vérité des urnes au Togo. C’est un impératif éthique au regard de l’article 96 des Accords ACP-UE de Cotonou et de l’engagement du nouveau Président des USA, M. Joe Biden à promouvoir la Démocratie sous tous les cieux.
La DMK rassure le Peuple togolais qu’ensemble, main dans la main, nous trouverons rapidement des solutions qui seront adaptées à ce qu’il y a de meilleur pour tous. Et c’est ici et maintenant, pour que se matérialise la révolution électorale du 22 février 2020 pour notre Libération nationale.
Fait à Lomé le 04 Février 2021
La conférence des présidents