Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. Après un avertissement il y a un an, des services ayant gagné l’appel d’offres pour recenser les domaines administratifs écument les rues du grand Lomé. Objectif : identifier les réserves de l’Etat. Mais à y voir de près, les méthodes utilisées pour ce faire frisent l’impréparation mêlée à un amateurisme dont les conséquences se font ressentir auprès des populations qui voient des plaques sortir de terre de manière anarchique, parfois dans des zones dont les occupants n’ont jamais appris qu’ils squattent une réserve de l’Etat. Autopsie d’un énième manque de considération envers un peuple au service duquel les autorités devraient se mettre.
Contrairement aux habitudes qui voudraient que la gestion des réserves de l’Etat relève du ressort des mairies, une opération grandeur nature mobilise depuis quelques jours des services d’entreprises privées qui auraient gagné des appels d’offres pour ce faire.
Et si, parallèlement aux informations que détiennent les gouvernants, on mettait à disposition des populations un numéro vert pouvant permettre à tout citoyen ayant connaissance d’une occupation abusive d’une réserve de l’Etat par une autorité ou un service administratif, de dénoncer cette situation ?
Cette suggestion vient de ce qu’il existe des réserves connues des riverains, mais qui, pour des raisons non sous-tendues par des documents, sont passés sous le giron de particuliers « haut placés ». Le cas le plus illustratif se trouve dans la commune du Golfe
2, plus précisément au quartier Attiégou : un espace de presque 6 lots longtemps demeuré une réserve connue de la mairie et des riverains, mais qui, par enchantement, n’a pas encore reçu la visite de ceux qui sont censés implanter les plaques.
Mais ces cas ne sont pas ce qui fâche le plus dans le grand Lomé. Depuis des décennies, des acquéreurs n’ont jamais vu de plaques indiquant qu’ils seraient dans une réserve de l’Etat ; et brusquement, depuis vendredi 3 octobre 2025, des plaques poussent tels des champignons au quartier Sagbado Agotime. Selon les informations, celles-ci porteront bientôt les inscriptions « réserve administrative ».
Or, il suffit de se rendre sur les lieux pour comprendre qu’il n’y a plus une once de terre non occupée. Si ce ne sont pas des rez-de-chaussée, ce sont des maisons à étages contre et sous lesquelles ces plaques sont en cours d’implantation. De quoi faire monter l’adrénaline chez certains riverains qui ont perdu l’appétit. Et ce quartier n’est pas le seul concerné.
A en croire un agent des services de la division technique (DST) de la préfecture du Golfe, c’est tout le grand Lomé qui est dans le champ de mire. Et pour avoir assisté mardi dernier à une réunion dans ce sens, cet agent nous a expliqué que l’opération n’aurait pas pour aboutissement immédiat le déguerpissement des occupants. Mais ce serait une manière pour obliger ceux qui détiennent des documents attestant de leur occupation régulière, à les brandir afin que les autorités en tiennent compte.
Dans la réalité, des quartiers entiers bâtis depuis des dizaines d’années sont concernés. Alors que les acquéreurs desdits quartiers n’ont jamais été inquiétés. Et c’est à bon droit que des riverains refusent ou chassent les services chargés d’implanter les plaques des réserves.
Dans un autre registre, des habitants occupent des rues au vu et au su des mairies depuis des décennies sans avoir jamais été dérangés. Leurs cas seront-ils aussi pris en compte ? la commune de Golfe 7 et d’autres en savent beaucoup. Qu’est-ce qui peut justifier que ce soit la Présidence du Conseil et non les mairies qui se charge de cette opération ? Un personnel de Golfe 7 nous a juste répondu : « c’est la Présidence du Conseil qui est en train d’implanter des plaques sur les réserves administratives. Aucun agent de la mairie n’est concerné par ce projet, mais le DAGL ».
Mais que les autorités veuillent bien faire les choses, est une chose ; qu’elles ciblent de façon anarchique des zones sans distinction, frise l’indécision. Car, on se demanderait où elles étaient depuis des décennies, quand les acquéreurs effectuaient les travaux de construction sur leurs domaines.
On ne saurait occulter les cas des réserves occupés par les services de l’Etat ou des particuliers.
En se basant sur les plans établis par les mairies, on pourrait se demander quel était l’état des lieux avant cette opération. Et l’idéal aurait été que l’existant soit rendu public pour situer chacun. Car on ne va pas créer de nouvelles réserves au motif que l’Etat a besoin d’espaces. L’identification des domaines de l’Etat risque de crisper encore plus le climat actuel. Surtout en voulant mettre dans un même panier crabes et carpes.
Godson K.
Source : Liberté















