Projet de réflexion sur les réformes : une nouvelle usine à gaz ? (Koffi Yamgnane)


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Koffi Yamgnane ceptique sur les résultats du HCRRUN
 
Projet de réflexion sur les réformes : une nouvelle usine à gaz ?
 
La crise qui déchire le Togo depuis près de cinquante ans est d’abord une crise politique : les divergences au sein de la classe politique portent atteinte à la paix sociale et à la sécurité des citoyens.
 
Cette crise a des effets considérables sur le pays et ses habitants sur le plan social, sur le plan économique, sur le plan institutionnel, sur le plan humain…
 
Depuis 1990, le pays est « sur la brèche » ; les négociations suivent les accords et les engagements ; les commissions se suivent et se ressemblent : le Togo en est à son 26e « Dialogue inter-togolais » ! Pour rien ?
 
On avait cru sortir du tunnel lorsque le 29 juillet 1999 est signé l’Accord cadre de Lomé entre
le RPT et les 5 autres partis signataires (CAR, CDPA, CPP, PDR, UFC), ainsi que les représentants du Gouvernement et 2 organisations de la société civile (GF2D, REFAMPT). Ce fameux Dialogue National avait édicté 10 mesures simples à prendre par le gouvernement :
 
1. la révision du cadre électoral
2. les réformes institutionnelles
3. la réforme de l’Armée et des autres services de sécurité
4. la question de l’impunité
5. le financement des partis politiques
6. le cas des réfugiés et des personnes déplacées
7. la mise en place d’un cadre permanent de dialogue et de concertation sur des sujets d’intérêt national
8. la mise en place d’un mécanisme de suivi de la bonne application des décisions du Dialogue national
9. la formation d’un nouveau gouvernement
10. quelques dispositions finales
2.
Résultat : néant !
 
Suivent alors les 22 engagements pris par le Togo devant l’UE et conformément auxquels des réformes devaient voir le jour, pour assurer aux Togolais « l’habeas corpus » minimal.
 
Résultat : néant !
 
Après la mort du Président Étienne Eyadema Gnassingbé suivie de l’enfumage des 20 plus de son fils Faure Essozimna Gnassingbé et des violences électorales de 2005, les négociations reprennent à Ouaga pour aboutir à l’APG signé à Lomé le 26 avril 2006.
 
Résultat : néant !
 
Qui a oublié la sauvagerie des tueries de 2005 et du rapport de la mission des Nations Unies publié le 26 septembre 2005 par le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme annonçant plus de 500 morts et plus 40 000 réfugiés Togolais lors des élections de la même année ?
Que sont-elles devenues ces recommandations ?
 
Réponse : RIEN !
 
En 2009, 3 ans après, c’est la naissance de la CVJR qui émet 68 recommandations. Ont-elles été respectées ?
Résultat : néant !
 
Vient le tour du HCRRUN dont la mission est « …la mise en œuvre des recommandations de la CVJR… »
Résultat : néant !
 
Enfin surgit l’actuel « Atelier National de Réflexion et d’Échanges sur les Réformes politiques et institutionnelles ».
 
Puis la fuite en avant continue avec… l’enterrement annoncé du présent Atelier, puisqu’il est déjà censé seulement « …transmettre… » ses conclusions à la « Commission de Réflexion sur les Réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles » déjà créée et dont le rôle est de « …faire des propositions…»!
et… une commission de plus !
On peut déjà annoncer :
 
Résultat : néant !
 
Rappelons enfin que juste après la présidentielle d’avril 2015, le sommet de la CEDEAO avait demandé à tous ses chefs d’État membres d’adopter la limitation du nombre de mandats à 2 : seuls Yaya Jameh de Gambie et un certain Faure Essozimna Gnassingbé avaient refusé de signer l’accord. Enfin le président togolais s’oppose toujours avec virulence au scrutin à 2 tours…
 
Que peut-on attendre de positif pour son peuple de la part d’un tel dirigeant, de ses réunions-propagande et de ses « dialogues » de sourds ?
 
Réponse : RIEN !
 
Au regard des objectifs affichés et imposés à l’Atelier, le Mouvement SURSAUT craint que 2 des sujets principaux de la crise politique togolaise soient laissés de côté, ce qui ne permettra pas d’avancer vers le « mieux-vivre-ensemble » dans le pays : l’institution militaire et la question ethnique ou plutôt régionale. Ces 2 sujets sont d’ailleurs intimement imbriqués puisque la plupart des militaires sont originaires du Nord du pays !
 
Pour ce qui est de l’armée, au Togo tout le monde sait que les Forces Armées Togolaises (FAT) sont omniprésentes et toutes-puissantes.
 
On ne peut donc pas réformer ce pays sans mettre l’institution militaire autour de la table de négociation : il faut impérativement l’interpeller très officiellement et la considérer comme partie prenante du deal.
 
Quant à la division «Nord-Sud» du Togo, elle est une réalité incontournable et c’est pour cela qu’il faut bien l’intégrer dans la réflexion pour comprendre une partie importante des difficultés d’aujourd’hui. En effet, si la domination coloniale a institué et cultivé cette véritable différenciation régionale partiellement fondée sur l’ethnicité, l’accès à la souveraineté nationale et les années Olympio l’ont confortée pour faire plaisir à un clan qui sévit encore aujourd’hui… et le règne d’Eyadema l’a théorisée, légitimée et instrumentalisée. Elle constitue donc aujourd’hui un des thèmes incontournables de la Réconciliation que nous appelons de nos vœux. Ceux qui prétendent que la question Nord-Sud est un «faux problème» pratiquent davantage la «méthode Coué» qu’une vraie analyse politique sérieuse et responsable: en cela, ils rendent un très mauvais service au Togo!
 
C’est donc en toute connaissance de cause qu’à SURSAUT, nous prenons clairement nos responsabilités en dénonçant le présent simulacre qui n’a pour objectif que de flouer une fois de plus le peuple togolais et d’enfumer la « communauté internationale » et les bailleurs de fonds.
 
Nous pensons très sincèrement que l’ensemble de cette usine à gaz montée sous forme de poupées russes, et qui n’a jamais rien donné depuis 50 ans comme nous venons de le démontrer, ne donnera aucun résultat tangible : il organise seulement et exclusivement la « fuite en avant » d’un pouvoir qui ne veut surtout RIEN changer ! Et… ce n’est pas la récente prise de position du Chef de l’État en Allemagne qui nous fera changer d’avis.
 
Pour le Mouvement SURSAUT,
 
Le Président
 
Kofi Yamgnane

 
lomévi (www.togoactualite.com)
 

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