Depuis quelques jours, les spéculations sur une supposée exploitation clandestine de pétrole au Togo sont relancées de plus belle. Et le détonateur vient d’Israël. Sur la chaîne I24news, le présentateur du Magazine « Afrique » a laissé entendre que le pétrole et le phosphate sont « les principales ressources » du Togo. Il faisait cette déclaration devant le ministre des affaires étrangères, Robert Dussey qui n’a pas bronché.
La rumeur du « pétrole togolais » reprend de plus belle
Le gouvernement togolais ne s’attendait certainement pas à faire face à de nouvelles rumeurs sur la production su pétrole au Togo. Surtout venant d’un allié stratégique comme l’Israël. Dans son magazine «Afrique », la chaine israélienne i24news a affirmé, visuel à l’appui, que le pétrole fait partie des principales ressources du pays. Elle met le pétrole même en toute première place devant le phosphate jusque-là connu officiellement comme la première et principale source de revenu du pays.
Etonnamment, le ministre togolais des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’extérieur Robert Dussey, joint depuis Lomé par le média israélien, n’a pas démenti l’information énoncée par le journaliste dans sa présentation du Togo. Le ministre togolais a, au mieux, partagé le lien de l’émission sur sa page Facebook officiel. Suffisant pour certains observateurs pour dire que « Robert Dussey a tacitement confirmé, par son silence, que le Togo est bien producteur du pétrole, qui est même devenu la première source de revenu du pays ».
Si cette affirmation du journaliste israélien fait autant parler, c’est qu’il y a un précédent. Et il date de deux ans.
Confirmation ou bourde…
En effet, déjà en 2018, l’économiste Thomas Dodji Nettey Koumou, se basant sur des chiffres publiés par la Banque de France, indiquait que le Togo est un pays producteur de pétrole. « En termes de montant, en pondérant les quantités produites avec les prix moyens annuels du baril, le Togo a enregistré 2 791 002 946 dollars soit 1 535 051 620 300 FCFA. Un jour, nous saurons si ces ressources atterrissent au Trésor national », avait-il écrit.
Quelques jours plus tard, la Banque de France s’était excusée d’avoir attribué, dans son rapport, les données de la Côte d’Ivoire au Togo « Les données attribuées au Togo, relatives à la production de pétrole, sont plutôt les statistiques sur la Côte d’ivoire. Il en est de même des chiffres sur les principales productions agricoles vivrières et d’exportation, qui sont également ceux portant sur la Côte d’ivoire », a clarifié l’Institution.
Mais cela n’a pas été suffisant pour taire les rumeurs. Le ministre des Mines de l’époque, Marc Ably-Bidamon, était obligé d’avouer qu’une mission exploration a été effectuée par la société italienne ENI mais qu’elle n’était pas concluante pour entamer une exploitation. « Aucun gisement de pétrole techniquement exploitable et économiquement viable n’a encore fait objet de découvert », avait expliqué Marc Ably-Bidamon.
Et pourtant en 2017, le journal français La Tribune, bien introduit dans les palais présidentiels africains, indiquait que le Togo disposait d’importantes quantités de pétrole. Le journal s’appuie sur les déclarations du coordonnateur national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), Edoh Kokou Agbémadon.
« Il n’y a pas de traces. S’il y a du pétrole même, c’est des étangs, c’est-à-dire ça ne peut pas fuir comme ce sera le cas pour les nappes », indiquait-il avant de préciser, cependant, que le pétrole togolais n’était pas encore exploité : «Le pétrole n’est pas encore exploité pour le moment au Togo ». Selon les explications du journal français, le Togo n’exploite pas encore son pétrole pour des raisons financières.
Tout compte fait, les déclarations du journaliste d’I24news viennent conforter l’hypothèse selon laquelle quelque chose se trame dans les eaux togolaises, loin des yeux indiscrets. Et selon certaines sources, la contrebande du pétrole sortie illégalement du Nigeria se déroulerait non loin des côtes togolaises.
Et un site gabonais avait largement écrit sur le sujet.
Source : Fraternité No.388 du 27 janvier 2021