Les conseils de François Boko aux candidats
Le processus électoral se poursuit et ils sont sept (07) candidats autorisés par la Cour constitutionnelle à poursuivre l’aventure. Tout joue manifestement contre les candidats de l’opposition et certains citoyens, fatalistes, n’hésitent pas à dire que leur sort est d’ores et déjà scellé. Mais des observateurs avisés croient dur comme fer que les meubles peuvent encore être sauvés, évoquant des pistes exploitables. C’est le cas de l’ancien ministre de l’Intérieur François Boko, qui leur trace quelques pistes.
La Cour constitutionnelle tranche. Plus qu’une trentaine de jours et les Togolais se rendront aux urnes. Le processus avance à grands pas. La dernière séquence, c’est le verdict de la Cour constitutionnelle au sujet des neuf (09) candidatures retenues et envoyées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ils sont sept (07) aspirants à être autorisés à poursuivre l’aventure : Jean-Pierre Fabre représentant l’Alliance nationale pour le changement (ANC), Aimé Gogué l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), Faure Gnassingbé l’Union pour la République (UNIR), AgbéyoméKodjo le Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD), Georges Kuessanle parti Santé du Peuple, Tchassona Traoré le Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MPDD) et Komi Wolou le Pacte socialiste pour le renouveau (PSR).
Deux (02) ont vu leurs dossiers rejetés : Aubin Thon de la liste indépendante Nouvelle Vision pour insuffisance de signatures et Innocent Kagbara pour un souci sur son certificat de résidence. Des raisons qui surprennent et ont du mal à convaincre.
Ces rejets stratégiques.Des sources avisées voient à travers ces rejetsdes rejets stratégiques, la manifestation d’un plan scellé qui ne dit pas son nom. « Les deux candidats dont les dossiers sont rejetés sont de la même région et même de l’ethnie du « champion ». Et on sait qu’en Afrique généralement, et le Togo n’y échappe pas, le vote est avant tout ethnique, régionaliste…S’ils étaient en lice, ces candidats devraient grignoter un peu sur l’électorat de Faure Gnassingbé dans le Nord, notamment en pays kabyè où il fait parfois plus de 100 % des voix. Leurs dossiers rejetés, Faurene sera plus contraint de partager l’électorat (…) Il y a aussi le cas de Gerry Taama qui prétexte la préparation calamiteuse du processus électoral pour jeter l’éponge. Certains croient savoir qu’il s’agit d’une renonciation bien négociée avec qui de droit…», glose une source, et d’ajouter : « A contrario, les deux candidats de l’opposition qui font office de ses challengers les plus sérieux, Jean-Pierre Fabre et AgbeyoméKodjo vont se partager l’électorat de l’opposition plus au Sud. Tout cela ne fait qu’arranger Faure ».
Faure en roue libre. La pluralité des candidatures jouait déjà contre l’opposition et l’avènement de l’alternance, dans ce sens qu’elle entrainerait l’émiettement des voix, et donc en faveur de Faure Gnassingbé. Mais les conditions semblent de plus en plus réunies pour un triomphe sans gloire du Prince, et ce dès le premier tour, bien que le scrutin soit sur le papier à deux tours. Avec la CENI et la Cour constitutionnelle acquises, c’est la mainmise certaine sur le processus et la victoire (sic) assurée pour le « Prince » parti pour accaparer son 4e mandat de la honte.
Avec toutes ces gymnastiques autour du rejet de ces candidatures susmentionnées, le régime met tout en œuvre pour faire gagner son candidat un coup chaos donc. Cela éviterait de donner l’opportunité à l’opposition de se coaliser contre lui au second tour. Selon les indiscrétions, même le budget décaissé pour le scrutin ne prend pas en compte un second tour. Faure Gnassingbé semble assuré de la gagne, au point de faire le show devant ses militants à Blitta…Par voie de conséquence, tout semble perdu d’avance pour l’opposition.
Les alternatives qui restent à l’opposition. Avec cet état des lieux, le sort semble scellé pour l’opposition, et par voie de conséquence, l’alternance tant convoitée par le peuple togolais depuis plus d’un demi-siècle. Tout porte à croire qu’il n’y a plus rien à faire. Mais d’aucuns croient dur comme fer que l’opposition, au-delà de la discorde sur la candidature unique ou multiple, peut toujours s’entendre et sauver ce qui peut encore l’être…Il est suggéré ici des négociations de couloir pour la définition d’une stratégie commune et une conférence de presse de ses six (06) candidats pour l’annoncer, ce qui aurait l’effet de semer un tant soit peu du baume au cœur des populations déjà désarçonnées par les bisbilles au sein de l’opposition.
Les adeptes de cette solution prennent exemple sur l’entente (sic) qui a prévalu suite aux dernières élections locales où il fallait, pour des partis de l’opposition, négocier et s’entendre dans l’ombre pour arracher certaines mairies au RPT/UNIR. En effet à ce niveau, des partis qui se sont bouffés sur la place publique et ont donné l’impression de ne plus pouvoir se parler, ont transcendé leurs querelles pour s’entendre. Une autre piste, cette fois-ci un brin extrémiste (sic), suggère que les candidats de l’opposition retirent tous leurs candidatures et ainsi laissent Faure Gnassingbé aller seul à l’élection. Cela aurait le mérite d’exposer son insatiabilité à la face du monde et l’isoler davantage. Mais difficile de croire que cette recette puisse marcher, n’ayant pas l’assurance que tous les candidats puissent respecter la consigne. Un peu de sou et certains accompagneront Faure Gnassingbé…
Les conseils de François Boko. Contraint à l’exil depuis 2005, suite à son refus de cautionner la mascarade électorale et surtout le massacre des populations qui se préparait afin d’imposer Faure Gnassingbé, il avait voulu entre-temps revenir au pays, rassuré d’ailleurs qu’il était par les autorités, pour briguer la magistrature suprême. Mais il en a été empêché au dernier moment. François Boko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est tout de même pas indifférent au processus électoral et à la tragicomédie qui se joue.
Dans une réaction sur Twitter, il suggère justement des pistes de solutions aux candidats de l’opposition. « Je convie d’urgence les six (06) candidats de l’opposition démocratique togolaise à un conclave en vue de définir les meilleures stratégies face à cette situation », a tweeté l’avocat au barreau de Paris. « Que les acteurs de la société civile et le peuple tout entier accompagnent et imposent une dynamique unitaire pour le succès d’une telle démarche », a-t-il ajouté. Ces suggestions tomberont-elles dans des oreilles fertiles ? Rien n’est moins sûr…En tout cas, les jours à venir situeront.
Tino Kossi
source : Liberté