Après plus de 50 ans de règne (38 ans pour le père, bientôt 15 ans pour le fils) sans partage sur le Togo, il est normal, selon nombre d’observateurs, que la famille Gnassingbé et le clan qui gravite autour libèrent enfin le pays. Surtout que ce long règne a presque complètement détruit le pays dans lequel les signaux, dans tous les secteurs, sont au rouge. La crise politique née le 19 août 2017 que tente de résoudre la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est la conséquence de cet échec patent que brandit le régime de Faure Gnassingbé comme un trophée. La Coalition des 14 partis de l’opposition, soutenue par le peuple togolais, veut arrêter l’hémorragie.
Dans moins de cinq (05) jours, la CEDEAO rendra publique sa feuille de route pour une sortie pacifique de la crise togolaise. Les Togolais d’ici et d’ailleurs retiennent leur souffle. Les caméras du monde sont braquées sur cette institution sous-régionale qui a un passif lourd vis-à-vis du peuple togolais, compte tenu de sa complicité avec la dictature en 2005, ce qui a coûté la vie à des centaines de Togolais. Consciente de la situation, la Coalition des 14 partis de l’opposition ne veut, à l’en croire, laisser aucune piste inexplorée pour amener la CEDEAO à prendre en compte la volonté du peuple togolais dans sa décision.
Elle multiplie des contacts depuis que l’organisation communautaire s’est saisie du dossier togolais, avec la désignation de deux Facilitateurs du dialogue, le président guinéen Alpha Condé et celui du Ghana, Nana Akufo-Addo, et a annoncé la publication de la feuille de route le 31 juillet 2018 pour une sortie de crise. Ainsi après avoir rencontré les populations de l’intérieur du Togo et leur avoir fait le compte rendu de la situation politique, les responsables de la Coalition des 14 (qui d’ailleurs ont d’autres meetings à animer à Atakpamé, Kpalimé et Tsévié ce week-end) ont décidé de rencontrer l’un des Facilitateurs.
C’est ainsi qu’hier, ils se sont rendus à Accra, dans la capitale ghanéenne, pour rencontrer le président Nana Akufo-Addo. Il s’agit pour les leaders de la Coalition de réitérer au Facilitateur la volonté du peuple togolais. Ces derniers, a déclaré la Coordinatrice de la Coalition, ont pour souci d’aider les Facilitateurs, par ricochet la CEDEAO, à prendre des décisions justes qui peuvent définitivement mettre fin à la crise politique au Togo. « Vous savez que nous sommes dans un processus de recherche de solutions durables à la crise que traverse notre pays, et nous avons ce souci de contribuer afin que les solutions qui seront trouvées mettent effectivement fin à la crise. C’est dans ce souci que nous multiplions les contacts. Les Facilitateurs ont besoin de comprendre ce qui se passe au Togo. Nous ne voudrions pas qu’ils se trompent. Nous voulons faire en sorte que le 31 juillet, les solutions qui seront proposées soient vraiment adaptées à la situation que nous traversons. Il ne s’agit pas de fausser le pas, il s’agit d’arriver à la solution pour une sortie de crise durable », a indiqué Mme Brigitte KafuiAdjamagbo-Johnson.
Pour elle, les Togolais ne se retrouvent pas dans la rue parce qu’ils sont contents. Ils veulent que cette crise finisse et que le Togo redevienne un pays normal. Mais il appartient à la CEDEAO de faire en sorte que cela soit possible. « Nous voulons que la crise prenne fin. Tous les Togolais le veulent. Mais cela passe par une décision de la CEDEAO qui prenne en compte les aspirations du peuple togolais », a-t-elle ajouté. La Coalition des 14 est donc allée au Ghana hier pour exposer la situation réelle au Facilitateur qui, peut-être, ne maîtrise pas jusqu’alors les contours des enjeux qu’il y a au Togo. « C’est nous qui vivons la situation. Eux ne connaissent pas peut-être ce qui se passe réellement dans le pays. Il est donc normal que nous allions les voir pour leur exposer un certain nombre de choses », a souligné Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson.
Selon le Secrétaire Général adjoint de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), membre de la Coalition des 14, la CEDEAO a l’obligation de prendre en compte la volonté du peuple togolais dans sa décision. « La CEDEAO ne peut pas ne pas faire ce que veut le peuple togolais. La CEDEAO doit acter la réforme constitutionnelle en ramenant la Constitution de 1992 dans ses grands traits, notamment en ce qui concerne la limitation des mandats avec pour conséquence qu’en aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats », a renchéri Pascal Adoko. Ce sera un grand service que cette institution communautaire rendra au Togo et toute la sous-région, en demandant à Faure Gnassingbé de s’abstenir de se présenter en 2020, car, pour lui, « vouloir maintenir Faure au pouvoir, c’est pousser le Togo au suicide ».
Voilà le message que les responsables de la Coalition des 14 ont délivré au président ghanéen Nana Akufo-Addo, lors de leur déplacement à Accra hier. Bref, comme le peuple togolais l’exprime depuis le 19 août 2017, le Togo peut se passer de Faure Gnassingbé en 2020. La CEDEAO est alors bien avertie
source : L’Alternative