Pascal Akoussoulèlou Bodjona sort de son silence. Dans un communiqué rendu public hier, l’ancien ministre dénonce la cabale dont il a été victime et qui a conduit à l’invalidation de sa liste pour les élections locales.
L’une des principales attractions de ces élections communales en cours a été la candidature de l’ancien ministre Pascal Akoussoulèlou Bodjona. L’homme a surpris tout le monde en se lançant dans la course à la commune d’Agoè avant d’en être écarté par ses anciens amis du pouvoir. La surprise est née du fait que depuis plusieurs années, le natif de Kouméa s’est muré dans un silence qui faisait planer le doute sur ses ambitions politiques. Certains l’avaient déclaré hors circuit pendant que d’autres voyaient encore en lui un potentiel aspirant à la présidence de la République.
Le silence, Pascal Akoussoulèlou Bodjona en a fait un mode de vie. Depuis la fin de sa détention arbitraire en février 2016, il a brillé par son silence, même sur des questions nationales importantes. C’est donc sans surprise que rien n’a filtré de l’entourage de l’ancien Directeur de cabinet de la Présidence de la République suite à son éviction de la course aux communales par la Chambre administrative de la Cour Suprême.
Eh bien, Pascal Bodjona sort enfin de son silence et se prononce. Dans un communiqué en date de ce 18 juin 2019, il a tenu à s’exprimer. Sur le processus électoral en cours, il a adressé des messages aux électeurs ainsi qu’aux candidats en lice dans les différentes localités. « J’invite donc la population togolaise en général et celle d’Agoè en particulier au calme et à la sérénité tout en renouvelant ma gratitude et ma reconnaissance aux médias et à toutes les bonnes volontés dont le soutien ne m’a jamais fait défaut », écrit-il. Avant de poursuivre : « Pour les compétiteurs en campagne pour ces élections, je leur souhaite bonne chance et que le meilleur gagne ». Allusion faite, peut-être, à la nécessité de respecter le vote des électeurs, le Togo étant un pays d’une longue tradition de fraudes et de hold-up électoraux.
Plus intéressant dans sa sortie, l’ancien ministre évoque son éviction de la course à la commune d’Agoè et remercie la population pour son soutien. « Au moment où la campagne électorale a effectivement démarré dans le cadre des élections locales prévues pour le 30 juin prochain, je voudrais saisir l’occasion pour remercier sincèrement et chaleureusement les milliers de jeunes filles et garçons, hommes et femmes de la commune d’Agoè qui m’avaient fait l’honneur de m’approcher en vue de me voir porter leurs couleurs sous la bannière de Ensemble pour le Togo (e-Togo) », écrit-il.
Il dénonce ensuite les méthodes « peu orthodoxes, relevant des siècles antérieurs » par lesquelles « des gens tapis dans l’ombre ont délibérément empêché » son désir de se faire élire en tant que conseiller municipal de se réaliser.
S’agit-il donc d’un retour aux oubliettes pour celui qui a montré par sa candidature que ses ambitions restent intactes ? Nullement. Car, rassure-t-il, « je reste toujours mu par ce désir et cette volonté de servir et d’aider toute initiative visant à garantir l’épanouissement effectif de chaque Togolaise et chaque Togolais, même si cette possibilité de participer à ces élections m’a été arrachée de force par des artifices ubuesques et manifestement vils qui souillent l’image de notre cher pays ».
Il ressort de son message que Pascal Bodjona croit encore en l’union des fils et filles du Togo. « Mais je reste convaincu que c’est ensemble et par l’œuvre de chacune et de chacun des Togolais que nous pourrons bâtir un Togo uni et prospère », assure-t-il.
Il nous souvient que le 05 juin dernier, la liste ‘’Ensemble pour le Togo’’, conduite par Pascal Bodjona a été invalidée pour défaut de dénomination. Me Modjona-Esso Dandakou avait saisi la justice, arguant agir au nom de Mme Betty Chausson, présidente de l’association « Ensemble pour le Togo ». Cette dernière, dans un communiqué de presse, a indiqué n’avoir jamais « contacté ni mandaté Me Dandakou aux fins de diligenter une quelconque procédure devant les juridictions togolaises, en son nom, ni pour le compte de l’association ‘’Ensemble pour le Togo’’». L’imminence d’une plainte ne fait aucun doute.
G.A.
source : Liberté