La course-poursuite sur fond de politicaillerie est une tradition au pays des Gnassingbé. Les Togolais ont eu bon affiché leur indifférence en ce sens, rien n’y fait : le pouvoir n’en démord pas. Après la traque opérée contre Agbéyomé Kodjo et la fugue de ce dernier qui s’en est suivie, beaucoup ont cru que l’affaire en serait restée là. Rebelote, les Togolais vont devoir se faire à une orchestration politique dont le clan Gnassingbé se serait passé.
Après le chargé des Droits de l’homme de la Dynamique Mgr Kpodzro, Gérard Djossou, c’est au tour de Brigitte Adjamagbo, la Coordinatrice de la Dynamique, d’être mise aux arrêts en fin de semaine dernière. Détenus dans les locaux de la gendarmerie nationale, le procureur de la République, Essolissam Poyodi retient contre eux le soupçon d’atteinte à la sureté de l’État. Ce dernier a ouvert avec la vitesse de l’éclair une enquête judiciaire suite à des « renseignements faisant état, depuis quelques moments, d’un plan de déstabilisation des institutions de la République ».
Les documents dont le procureur dit disposer révéleraient « la projection des actions violentes visant à porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et qui devaient être mises en œuvre à partir des manifestations publiques prévues pour la journée du samedi 28 novembre 2020 ». C’est donc parti pour un tour qui, hélas, va accoucher de fâcheuses clopinettes. Pendant ce temps, des dossiers aussi urgents que la santé, la question des enseignants et l’emploi des jeunes et autres réalités populaires dont le peuple reste la victime, continuent de pâtir de la politique à courte vue menée en haut lieu par une minorité archaïque et fossilisée.
A quoi bon ce méli-mélo indélicat ? Qu’ont fait de pauvres togolais pour mériter autant de diversion ? Le même Essolissam Poyodi qui pratique ce zèle calculateur pour gagner des points de la part de son bienfaiteur, s’est jusqu’ici montré atone face aux détournements liés à la sulfureuse affaire du pétrole. Les autorités vont-elles passer le mandat de trop à s’adonner à d’aussi douteuses scènes au grand dam des populations qui, elles, attendent toujours les effets du plan national de développement ? Il faut s’attaquer aux réels besoins des populations. Le reste n’est qu’escobarderie.
Source : Le Correcteur