Notre profil identitaire est dans la série d’actes que nous posons, dans notre propre parcours et le rôle du hasard est inexistant dans notre connaissance. Notre base psychologique, morale, éthique, culturelle, environnementale, sociale, professionnelle nous expose malgré nous. Par conséquent, nous nous dévoilons au monde dans toute notre nudité sans échapper à notre propre emprisonnement dans le regard des autres.
Serait bien prétentieux, celui qui aurait l’audace de nous peindre autrement le fils d’EYADEMA qui a hérité de son trône. Dans le tourbillon des forfaitures, des crimes de masse, des crimes économiques, des crimes judiciaires, des fausses promesses, des violations des droits humains, de l’absentéisme notoire, des falsifications rebutantes, des machinations criardes, des prodigalités et des jouissances oiseuses, l’homme s’est fait connaître par les Togolais, par le monde entier. Personne ne peut se permettre d’insulter l’intelligence des Togolais, en tendant son estomac en gamelle d’aumône, et vouloir nous présenter le fils d’EYADEMA sous un autre badigeon. Les yeux fermés, le dernier des observateurs de la vie publique au Togo veut faire au peuple togolais une leçon de morale sur la dignité et l’honorabilité de la fonction présidentielle.
Notre République est en vrac. Mais, ce qui est resté ordonné chez les Togolais, c’est la raison, le bon sens. Notre discernement est intact. Une prestidigitation du Directeur de la Communication à la Présidence et sa théâtralisation comique dans la ronde des médias n’ont altéré le poignant des révélations d’un homme résolu à se libérer d’un fardeau que la torture lui avait fait porter dans les lugubres locaux de la Gendarmerie. Les polissons de la République peuvent dégueuler leurs rêveries solitaires dans de péremptoires déclarations qui cachent mal leur mal-être face au pouvoir de la vérité. Le cri pluriel des Togolais sur la médiocrité de la gouvernance est si effrayant que le petit jeu de Cléo Essodéina PETCHEZI a trop de peine à rhabiller une fonction présidentielle polluée et croustillante sous des immondices pestilentielles et franchement insoutenables. La respectabilité et l’honorabilité d’une fonction ne résident pas dans l’idée qu’on se fait de la fonction, mais dans l’incarnation des devoirs, des exigences qu’elle suscite.
Les faits, rien que les faits ne nous autorisent pas à nous projeter dans des chimères. Nous les traitons comme ils arrivent sans les distordre et nous en tirons des inférences. Les prestations qu’imposent la fonction de chef, la présence sur tous les terrains où l’intérêt public est en jeu, la défense des citoyens, de la collectivité nationale, de l’équité et de la justice sont des missions avortées. Si tel n’est pas le cas, le chef de l’Etat ne pourrait se contenter de dénoncer la surfacturation, l’enrichissement illicite, le détournement des deniers publics avec une légèreté proverbiale qui exclut la sanction des auteurs de ses forfaits.
Quand le chef lui-même s’est abonné à des effractions régulières de la Constitution, des lois de la République, au brigandage électoral, aux machinations et falsifications, sa couronne roule dans le sable, son honneur est indéfendable et sa haute fonction périt. La valeur de l’Exécutif, sa crédibilité se dégagent de ses méthodes et des résultats qu’il obtient. La notoriété du chef échappe à la tentation du crime, à la froide exécution des citoyens, à des culpabilités taillées sur mesure, au mépris de la souffrance de tout un peuple… L’honorabilité est dans le mérite, dans la capacité du chef à réinventer la République dans le combat du progrès.
Quand le chef ordonne le désordre, quand il lui donne une onction comme la remise en activité des supplétifs de la répression sauvage, quand le silence complet du chef approuve des assassinats gratuits, l’Etat est totalement démoli, les hautes institutions disparaissent d’elles-mêmes dans de lourdes dérives.
Un chef qui est hors des normes de la République se mêle de tout ; il est à tous les rendez-vous des plans diaboliques, sordides et profondément honteux. Il procède, tranquillement, dans ses œuvres à une démolition de la justice.
Aujourd’hui, pouvons-nous douter des révélations récentes de Mohamed LOUM au soleil de sa lucidité, hors des noirs cendres de torture ?
Si LOUM apparaît comme le cheval de Troie de Faure GNASSINGBE qui rêve de l’éternité au pouvoir, le petit prince peut-il se permettre de laisser choir la belle prise pour la grande manœuvre de décapitation de l’Opposition ?
1) Trahison de la Constitution
La valeur des hommes est dans la représentation de notre propre société, ses interdits, ses codes, ses normes, sa morale, les services dont ils sont capables de rendre à la collectivité. La qualité humaine se dégage dans le respect de nous-mêmes et des autres. Le monde entier a suivi le mauvais feuilleton de succession monarchique de Faure GNASSINGBE avec ses crimes imprescriptibles et de masse. Il s’est exposé dans toute sa dimension insalubre, dans sa moralité douteuse pour afficher son nombrilisme pervers, sa collusion avec les forces du mal, sa disposition aux complicités répugnantes. L’histoire de l’homme est un ensemble de faits et de dispositions qui tissent un profil et prédisposition à une suite à donner dans le cours des évènements. Nous connaissons toutes les effractions, les violences et la délinquance judiciaire qui se déroulent dans ce règne sous nos yeux. Nous pouvons en inférer que le sourd-aveugle frappé du titre de Directeur de la communication à la Présidence qui, malaisément, veut blanchir de sainteté l’homme de la forfaiture prend des Togolais pour des ignares, des amnésiques. Quand des sottises et des abominations se prennent par la main, le visage de gueux n’a plus de voile.
Nous autres, nous savons avec certitude que le fardeau de la torture, de la violence et de la contrainte est d’un temps. Quand il passe, la conscience répulsive se met à l’œuvre. A ce sujet, Albert CAMUS nous instruit dans La chute lorsqu’il écrit : « Je me révolte, donc je suis ». Mohamed LOUM est dans la vérité en retrouvant sa pleine conscience.
2) Faure GNASSINGBE et l’APG
Le contrat politique qui est le consensus national n’a pas réussi à rendre l’homme de la forfaiture plus grand que lui-même. Les réformes contenues dans l’Accord Politique Global (APG) sont impossibles à réaliser parce que le respect de la parole donnée du chef est un tabou. Jamais, il ne survient. Il évolue à l’ombre du chaos et veut avoir des esclaves à mener au lieu de gouverner des citoyens. Un chef qui se dédit et qui a la faiblesse de l’action sur la base du contrat est en faillite d’autorité et de respectabilité parce qu’il trahit la confiance de tout un peuple. Les réformes, il faut les faires à temps ; autrement, les problèmes non résolus participent de la démolition de l’Etat, de la société. L’intérêt public ne peut attendre sans pourrir le corps social. La grandeur d’un chef est dans sa décision d’être plus fort que sa condition.
3) Valeur de l’accord UFC-RPT/UNIR
Maître Djovi GALLY, signataire pour le compte de l’UFC, est mieux placé pour nous reprendre la grande trahison que recèle un tel accord, objet de sa démission. Il a compris toutes les faussetés dans l’exécution de cet accord ainsi que plusieurs militants anonymes refroidis par la pacotille des résultats des grandes promesses annoncées avec des cymbales sonores et à la fanfare. Même si le vieil homme en péremptoire conceptuelle se contente du malheureux papier des malheurs de l’UFC, tout le monde sait que seules les photos souvenirs de sa parodie de bravoure l’enivre telle une fortune intouchable en banque. Dans les Préliminaires à l’esthétique, ALAIN a raison de dire « qu’il n’y a rien de plus laid que la sottise dans un vieillard ». Le vieil homme accepte la Haute trahison en se contentant des bribes de faveurs qui l’ont plutôt enseveli dans la réprobation massive et le déshonneur. Transformé en un vrai pantin des privilèges de cet accord, il attend sa seconde mort, la mort biologique.
4) Une merde de réconciliation
La longue démarche onéreuse du prince après les massacres d’avril 2005 consiste en une sollicitation d’un accompagnement national et international pour reconstruire une image, une République tombée au fond du gouffre avec des crimes de masse. La CVJR (Commission Vérité, Justice et Réconciliation) n’a été qu’une vaste escroquerie morale, une reconquête irréalisable de légitimité, une trahison nationale, une moquerie adressée à l’endroit du clergé, un gâchis dans la mesure où aucune leçon n’est tirée par l’initiateur de la ronde des crédules de ses assises tronquées. Le pays n’est guère pacifié parce que les conclusions et les recommandations de la CVJR servent à polir le visage d’un grand malade, la République du crime. L’audace des artifices pour traiter des questions de haute sensibilité publique ne fait pas du tout l’agilité pour un apaisement. Il répand les braises incandescentes de l’implosion de la République. Aujourd’hui, le schéma des crimes de masse est tout tracé dans les mêmes situations d’élection.
5) L’affaire Kpatcha
Le faiseur de roi croyait naïvement que tous ses investissements serviraient à préserver les privilèges de la famille GNASSINGBE, à renforcer la confiance entre le grand frère opportuniste et lui sans jauger le narcissisme outrancier de son grand-frère. Après le trône, le jeune frère était devenu si envahissant, si encombrant qu’il fut urgent de le remercier dans un style de « gratitude infinie ». L’instrument de ce scénario impitoyable est Zacharia BAWA. Il est le pivot, la trame de cette histoire d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Jusqu’à la fin du procès, l’animateur de la machination, une tromperie aggravée n’est ni écouté, ni inculpé par notre savante justice, appuyée par des investigations de nos services spéciaux. Pourtant, le chef nous a promis, comme d’habitude, que la justice fera son travail sans faiblesse. La fraternité, la consanguinité, l’amitié sont trop fragiles pour résister au pouvoir de la trahison.
6) L’incarcération de Pascal BODJONA
Loïk Le FLOCH-PRIGENT a exposé les ordures de son calvaire dans les locaux de la Gendarmerie nationale. « La seule chose qu’on m’a demandée, c’est de dire du mal d’un ancien ministre d’Etat qui est incarcéré pas loin de chez moi… », racontait-il sur RFI. C’est juste dans cette même affaire qu’un magistrat était sous la pesanteur des ordres qui lui dictait une inculpation à distance. Même les ennemis du pouvoir reconnaissent le travail titanesque que l’ancien ministre d’Etat a abattu pour offrir des brèches précieuses à son chef au fond de la nuit noire. La volonté de démolir un collaborateur si proche avec une brutalité insensée sur des massifs inconnus et inavoués est d’une telle laideur qui dépeint le bourreau dans la plénitude de sa capacité de nuisance. Si tout au moins, les motifs de l’encerclement et de la vengeance étaient clairs, leur gravité s’apprécierait par toute la cité. Il y a de multiples manières élégantes d’isoler et de se dessaisir de ceux qui ne répondent plus à nos objectifs, à notre plan d’évolution. Quand on prend l’habitude des bassesses pour régler des comptes, on se déprave gravement et on perd son vrai statut d’homme. On s’agrippe à tout pour exécuter ses desseins macabres. C’est pourquoi, il nous est impossible de douter des révélations de Mohamed LOUM.
7) EYADEMA, le pire ennemi de UNIR
Dans la vie d’un parti politique, il y a des hommes de poids qui incarnent le grand parcours de la formation politique. Quelles que soient les mutations qui surviennent, ces hommes demeurent des repères, des références. EYADEMA apparaît comme le pestiféré d’UNIR, la version dégradée du RPT avec, à cette époque, ses effractions spectaculaires, les détournements impunis, l’enrichissement illicite, la surfacturation, le terrorisme d’Etat, la délinquance judiciaire… A quoi a-t-elle servi la dissolution du RPT ? L’aggravation de l’arbitraire, la répétition de la prédation de la République sous des formes plus perverses et jamais connues auparavant nous confirment l’entreprise d’évacuation de l’ère Eyadéma de tous les compartiments de la vie publique. Nous sommes au stade de l’interdiction d’évolution des actes fondateurs d’un règne de trente-huit ans. Dans l’arrestation d’Olivier AMAH, la monstrueuse culpabilité qu’on lui a taillée participe d’un parricide. Même ce que la mort peut préserver, c’est-à-dire, le souvenir qui féconde la postérité est prohibé comme POUR dépouiller l’«illustre défunt » de tous les exploits. Ce bannissement était annoncé dans un « Lui, c’est lui. Moi, c’est moi » par le fils héritier. Son processus de déroulement est en cous dans l’aversion et l’ingratitude notoires. Il vaut au pauvre Olivier AMAH la prison de rigueur. Il a commis une effraction de la mémoire en se souvenant de ce que EYADEMA lui-même considérait comme l’acte le plus courageux pour refaire l’unité nationale, poser les bases de la constitution d’un nouvel Etat.
Dans la comédie des commémorations de la mort du « Timonier national », le fardeau de la honte du père est noyé dans une inclinaison apparente et trop faible pour donner de l’importance à la mémoire historique de son règne. Olivier AMAH est une inépuisable conscience morale de ses frères d’armes. Il est frappé d’un délit de mémoire du fait que la dénégation d’EYADEMA par son fils est inviolable.
8) La trahison du Togo profond
L’activité centrale de la vie de la Nation togolaise est l’agriculture. Le ministère du développement à la base oriente ses activités principalement en direction du secteur agricole. Mais, l’énorme tromperie orchestrée par ce ministère pour faire croire à nos pauvres paysans qu’ils peuvent se développer, accroître leurs capacités de production au moyen des houes, des machettes, des arrosoirs est une haute trahison. La répétition de la préhistoire dans une réinvention de la diffusion du fer en Afrique est un gouffre conceptuel qui n’a rien à faire avec le progrès. Nous voulons nous écrier avec Henri LACORDIAIRE dans ses Conférences : « Malheur à qui attaque son siècle ! ».
En outre, il y a une honte terrible profondément ressentie dans l’âme de chaque Togolais de lire dans les cahiers de nos élèves que la culture attelée, cette technique culturale pharaonique, fait partie des moyens de modernisation de l’agriculture dans notre pays. Il nous faut une structure sérieuse de recherche et d’encadrement des paysans, une subvention large sur les pompes à eau, sur les tracteurs et tout ce qui concourt à l’amélioration de la productivité. La maîtrise de l’énergie solaire et sa rentabilisation dans l’agriculture doivent être intégrées dans un vaste programme pour relever les paysans au lieu d’abuser d’eux avec l’ignoble perspective de les transformer en un bétail électoral. La gouvernance par de fausses manœuvres met en feu la crédibilité de l’autorité et certifie l’enracinement du pouvoir dans le mensonge permanent.
9) Trahison de l’appartenance à la collectivité
Nous formons une collectivité nationale avec des droits et des devoirs, avec un sens de respect pour nous-mêmes ainsi que pour tous les autres. Ce n’est pas seulement les hautes institutions de la République qui méritent des honneurs. Lesdites institutions ont aussi le devoir d’honorer tout citoyen, de le respecter. Il y a deux ans, nous sommes frappés d’un drame national par une noyade collective qui a fait une trentaine de victimes dans les Lacs Togo. Ce sinistre insupportable n’avait guère motivé une action immédiate de soutien et d’honneur à nos compatriotes. Tardivement, quelques écus ont été distribués aux familles éplorées. Un drame similaire s’est produit à Abidjan quand le bus de la SOTRA (Société de Transport Abidjanaise) est tombé dans la lagune Ebrié. Le drapeau national était mis en berne pour trois jours et le gouvernement OUATTARA a pris en charge les corps, les funérailles. Comment peut-on exiger que celui qui est incapable de nous honorer reçoive de nous des honneurs ?
10) Expurgation du rapport KOUNTE
Tout pouvoir illégitime se défend par le crime, la terreur, y compris la torture pour imposer le silence. Le rapport de la CNDH conduit par la magistrat Koffi KOUNTE en dit long sur la torture au Togo. Il éclabousse nommément le Président de la République qui a sous son autorité les services de renseignement. M. KOUNTE a déclaré que c’est Faure GNASSINGBE qui lui avait demandé d’éviscérer le rapport de sa substance sur la torture tel que son conseiller Charles DEBBASCH le lui avait demandé parce que, c’est grâce aux militaires qu’il est dans son fauteuil. La connivence irréductible avec les tortionnaires de la République est établie. Dans le cas d’espèce de Mohamed LOUM, cheval de Troie pour briser la puissance convergente de l’Opposition effervescente depuis une année, Faure GNASSINGBE ne peut s’empêcher de se mêler au jeu de la machination et le système des inculpations décrétées ne saurait exclure le chef de ses manœuvres qui trahissent sa propre fonction.
Nous avons de bonnes raisons de croire absolument aux dernières déclarations de LOUM, un homme enfin en pleine possession de sa conscience libre. La publication des révélations de LOUM n’a rien à voir avec une atteinte à l’honorabilité de la fonction du Président qui se fourvoie lui-même dans des connivences avérées avec des activités impropres et indignes de son rang comme le certifie le magistrat KOUNTE.
A M. Cléo Essodéina PETCHEZI, le prétentieux directeur de la communication à la Présidence, nous voulons dire que la Communication est une science. La science démontre, elle ne montre pas. Elle ne change pas gratuitement sous l’effet de l’émotion. Elle n’est pas un jeu, celui du divertissement coupable. Lire impérativement à ce sujet La Communication n’est pas un jeu de Ghyslaine PIERRAT, l’Harmattan, Oct 2011. L’agitation sur les médias sans composer avec la notion de la preuve, une argumentation solide, déductive ne fait pas la communication. Elle est une plaisanterie à deux sous.
Didier Amah DOSSAVI
source : L’Alternative Togo