Grande marche ce jeudi dans les rues de Lomé
Les populations togolaises, celles qui luttent quotidiennement contre le pouvoir autocratique de Faure Gnassingbé seront de nouveau dans les rues de Lomé à travers une gigantesque marche pour marquer l’an un de la naissance du Collectif « Sauvons le Togo » (CST). En effet, il y a un an qu’a surgi de nulle part ce mouvement fédérateur de certains partis politiques, d’organisations de la société civile et d’associations de défense des droits de l’Homme. L’enfantement de cette structure au cours du mois d’avril 2012 après de longues et interminables réunions, conciliabules a été difficile, et pour cause ; le pouvoir avec ses manœuvres sordides a tenté de tout faire capoter, en vain.
Depuis mars 2010, les Togolais connaissaient le FRAC qui a porté la candidature de Jean-Pierre Fabre à la présidentielle. Mais depuis le mois d’avril 2012, c’est une autre organisation plus fédératrice, plus percutante qui a pris la relève de la mobilisation contre le pouvoir de Faure Gnassingbé. Toutes les tentatives de déstabilisation à travers l’intoxication de l’opinion, les menaces sur les premiers responsables, les tentatives de débauchage etc n’ont pas entamé la crédibilité du CST qui s’est renforcée au fil du temps et de la mobilisation sur le terrain. Le point culminant de ce travail épineux et sans relâche a été la mobilisation monstre au carrefour Deckon les 12, 13 et 14 juin 2012 où environ 500 mille Togolais ont pris d’assaut les rues de la capitale pour exiger le départ de Faure Gnassingbé et sa clique de prédateurs. La mobilisation au premier jour était telle que les ennemis de la démocratie et du changement n’avaient d’autres choix que ce à quoi ils nous ont habitués depuis quatre décennies, à savoir la force à travers une répression sauvage et aveugle entraînant des blessés graves. Même l’Eglise catholique Saint Augustin d’Amoutiévé à quelques encablures du carrefour Deckon a eu son lot de gaz lacrymogène. Surpris par cette adhésion massive des populations aux idéaux du CST, le pouvoir très frileux a compris que seules les répressions, les menaces, les agressions, les intimidations etc viendraient à bout de ce mouvement.
Tout le dispositif de répression déployé et mis en action depuis le 12 juin 2012 n’est malheureusement pas arrivé au bout de la détermination du CST. Plus la répression, les brimades, les agressions devenaient récurrentes avec une rare violence, plus la détermination du peuple et des leaders du CST à combattre le régime s’est renforcée. Les coups de boutoirs permanents n’ayant complètement rien donné, certains stratèges du pouvoir ont profité de l’affaire des incendies dont les auteurs sont de toute évidence dans le sérail, pour ne pas dire pas trop loin de Faure Gnassingbé, pour décapiter ce monstre de CST et empêcher par la même occasion ses leaders de prendre part aux prochaines élections législatives et locales. Et dans le cas d’espèce, la Justice togolaise inféodée à l’exécutif est le moyen approprié pour régler ces genres de comptes. L’enquête fiction menée par les fameux officiers de police judiciaire et le Parquet devait nécessairement conduire à l’arrestation et à l’inculpation des responsables du CST, leurs militants et tous ceux qui dénoncent les travers du dossier. Pour en arriver là, ceux qui tirent les ficelles pour protéger les vrais auteurs des incendies n’ont pas manqué d’imaginations. Un montage grotesque sur fond de manipulations de jeunes a suffi pour inculper et clouer au sol tous les leaders du CST. Seulement, les choses ne semblent pas aller dans le sens voulu par les apparatchiks d pouvoir.
Le principal accusateur, Mohamed Loum, s’est rétracté, mieux, a décrit tout le scénario de montage orchestré par trois capitaines du SRI que sont Yanani, Akakpo et Agbenda, en complicité avec le Procureur de la République. Depuis le revirement de ce jeune, l’enquête fiction s’effondre comme un château de cartes. Au lieu de mettre fin à la comédie pour initier une enquête sérieuse en vue de rechercher les vrais auteurs de ces crimes, les juges militants sous pression de l’exécutif, continuent de foncer droit dans le mur. Aujourd’hui c’est le CST qui réclame plus que jamais un procès dans cette affaire d’incendie. C’est dans ce climat délétère avec un pouvoir de plus en plus autiste qui cherche par tous les moyens à organiser des élections frauduleuses avec la mise à l’écart de certains acteurs politiques de poids que le CST fête l’an un de son existence. Une conférence de presse a été tenue hier au siège de la LTDH et une grande marche est prévue ce jeudi dans les rues de Lomé, avec un passage symbolique au carrefour Deckon. De quoi donner encore des frissons au pouvoir qui risque à nouveau de sortir l’artillerie de la répression.
Le CST en un an d’existence a conquis le cœur des Togolais du Sud au Nord. La détermination reste intacte et les responsables sont prêts à aller jusqu’au bout. Autant dire que les jours à venir seront encore plus mouvementés et plus difficiles pour la clique à Faure Gnassingbé qui ne rêve que d’un bail à vie sur le pays comme son défunt père a eu à le faire.
Ferdi-Nando
source : L’Alternative Togo