Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson et Gérard Djossou sont désormais entre les mains du Service central de Recherches et d’investigations (SCRIC). Ils sont accusés de porter atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Cet incident relance une crise politique en veille depuis le départ en exil d’Agbéyomé Kodjo. Alors que la promotion de la femme est un pilier de son quatrième mandat contesté, cet événement vient semer le trouble et risque bien de distordre l’image que veut se faire le Faure Gnassingbé. Et pour ces responsables de la dynamique créée par Mgr Kpodzro, c’est le prix à payer pour avoir soutenu un candidat controversé.
La manifestation prévue par les membres de la DMK le samedi 28 novembre dernier n’avait visiblement pas de chance d’aboutir. Comme cela a été dénoncé par des leaders de la société civile, des partis de l’opposition et des responsables d’organisations internationales depuis plusieurs mois, la loi régissant les manifestations, votée récemment par les parlementaires togolais est une entrave à la liberté de manifester.
Il fallait donc s’y attendre ; aujourd’hui, les responsables de ce mouvement de l’opposition font les frais de tout un système mis en place pour anéantir la lutte et les contestations de l’opposition. Une situation que plusieurs partis ont encore dénoncée à travers un communiqué conjoint, exigeant la libération des personnes interpellées et la fin des règlements de compte politique qui constituent une entrave à la vie démocratique.
Pour l’heure, les requêtes ne semblent pas avoir d’effet. L’opposante Kafui Adjamagbo et son acolyte de la Dynamique Mgr Kpodzro sont toujours détenus par le Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC).
Manifestement, cette Dynamique mal conçue et n’aura pas réussi son pari de l’alternance ; et pour cause, une stratégie mal ficelée autour d’un candidat controversé qui ne fait pas l’unanimité. Kafui Adjamagbo paye le prix fort pour avoir soutenu Agbéyomé Kodjo, un candidat connu pour ses frasques.
Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson semble plus royaliste que le roi. Secrétaire générale du parti CDPA, Dame Adjamagbo a abandonné son rôle premier pour voler de coalition en coalition avant de s’accrocher à une coalition problématique et à l’avenir douteux. Un mouvement dont les premiers responsables ont aujourd’hui disparu de la scène politique.
Mgr Kpodzro, lassé par une lutte infructueuse et accusé par certains d’avoir sacrifié la lutte de l’opposition s’est retranché ; Agbéyomé Kodjo, recherché et en exil se fait discret ; et même Fulbert Attiso, autrefois fervent défenseur de cette DMK et soutien inconditionnel de Agbéyomé Kodjo a aujourd’hui cessé d’être Coordinateur national. Autant dire que Kafui Adjamagbo est à présent le fer de lance de cette dynamique. Payer les pots cassés pour être simple.
Dame Adjamagbo s’est illustrée ces derniers mois dans la lutte contre le quatrième mandat de Faure Gnassingbé. Mais soutenait-elle les bonnes personnes ? Elle a poussé loin le bouchon de défiance vis-à-vis d’un système qu’elle connaît destructeur ; même si la cause est plutôt louable, elle s’est alliée à un mouvement hasardeux et à l’avenir incertain. Elle aurait dû s’attendre aux conséquences directes de son inconséquence.
Elle devrait donc se raviser de continuer à porter le chapeau d’actes posés par les autres moins sérieux et cupides.
Promotion de la femme, persécution de la femme.
Dans la foulée de cette arrestation de Brigitte Kafui Adjamagbo, se dégage un véritable contraste de la marche du Togo vers l’émergence de la femme. Promotion de la Femme, persécution de la Femme. Ça sonne mal pour la politique d’un Etat.
Faure Gnassingbé lui, envisageait de faire de la promotion de la femme l’un des enjeux de son mandat. Nominations tous azimuts de femmes à des postes de responsabilité, le poste de Premier ministre en l’occurrence, mise en place de plusieurs programmes de promotion du leadership féminin etc ; mais cela n’aura pas été suffisant pour se faire une bonne image.
L’arrestation d’une femme leader de l’opposition pour des raisons politiques aura suffi à jeter le discrédit sur sa volonté à promouvoir le leadership féminin. Ils sont nombreux à s’indigner et à condamner ce contraste entre promotion de la femme et persécution de la femme. La relaxe pure et simple de la femme politique sera la bouée de sauvetage des autorités togolaises qui clament une marche vers un état épanoui et civilisé. Le respect des libertés est le gage de cette marche.
Eric G.
Source : L’Indépendant Express