© togoactualite – Président du Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD), Me Tchassona est membre de la Coalition Arc-en-ciel, l’un des principaux regroupements de l’opposition démocratique togolaise, mouvement auquel il a suspendu momentanément sa participation.
Dans cette interview, il porte un regard sur l’actualité nationale, notamment la désignation de Jean-Pierre FABRE comme candidat d’une franche des partis de l’opposition avant de revenir sur les réformes. Pour Me Tchassona, « le combat pour les réformes sont de portée nationale » alors la candidature unique de l’opposition démarche stratégique de l’opposition n’a pas un intérêt national. C’est pourquoi croit-il fermement à ces réformes avant les élections présidentielles pour dit-il « baliser » la voie à l’avenir. Lire l’intégralité de l’interview.
Togo Actualité : Après plus de deux mois de discussion, le conclave s’est finalement terminé avec la désignation de Jean-Pierre Fabre comme « candidat unique de l’opposition ». Malgré que vous n’ayez pas participé à cette dernière phase des discussions, comment avez-vous accueilli la désignation de M. Jean-Pierre Fabre ?
Me Mouhamed Tchassona Traoré : Je voudrais tout d’abord féliciter Jean-Pierre Fabre pour le choix que nos amis ont porté sa personne pour défendre les couleurs de ces partis politiques qui se sont retrouvé dans ce qu’ils ont appelé le CAP 2015 (Ndlr : combat pour l’alternance politique en 2015). C’est déjà une bonne démarche, nous attendons tout simplement que ce choix puisse prospérer jusqu’aux élections de 2015, que cela puisse aider toute l’opposition togolaise à pouvoir réaliser les vœux du peuple togolais.
Togo Actualité : Maintenant qu’il est désigné, que doit-il faire pour que ceux qui ne se retrouvent pas dans le CAP puisse rejoindre le mouvement ?
Mouhamed Tchassona Traoré : Non ! Vous savez les démarches comme nous l’avons précisé dans une de nos précédentes interviews. Nous disions que la démarche d’une candidature unique qui, aujourd’hui, semble devenir la priorité des priorités ainsi que le vendent toutes les presses, tous les journalistes. Pour nous, à notre sens, doit être une question qui viendrait compléter une autre priorité. Parce que pour nous, la candidature unique est une démarche stratégique, elle n’est pas d’intérêt national. Tout ce qui est d’intérêt national doit viser beaucoup plus, toute stratégie que l’opposition peut développer en vue d’obtenir des réformes, c’est ça qui est d’abord une question d’intérêt national. Pour nous cette question est beaucoup plus préoccupante qu’une candidature unique.
Vous savez, nous avons eu ces genres d’exercice par le passé et nous avons vu également le résultat que cela a donné avec le cadre institutionnel et constitutionnel que nous avons. Si nous pouvons travailler déjà à amener le gouvernement à réaliser ces réformes, ça aidera à trouver des solutions aux titres desquelles la démarche pour une candidature unique en est une. Donc les solutions, la démarche de la candidature est une solution également qui vient compléter toute stratégie d’ordre structurel que constituent les réformes institutionnelles et constitutionnelles parce que si nous les avons, on peut être sûr qu’à 80% une démarche unitaire pourra prospérer en 2015.
Togo Actualité : Les présidentielles c’est dans moins de 5 mois, est-ce que ces réformes sont encore possibles ? Vous y croyiez ?
Mouhamed Tchassona Traoré : C’est comme si pour beaucoup de Togolais quand je les écoute dire que le délai est court pour faire les réformes je me demande mais qui vous a imposé le délai ?
On fait référence souvent au délai de la CEDEAO comme s’il est devenu la Bible ou le Coran que les Togolais doivent respecter. Même quand on revient aux dispositions de la CEDEAO, elles sont claires, elles disent qu’on ne peut pas faire des réformes à six mois des élections sauf s’il y a consensus et c’est tout ce que nous demandons. Donc en réalité quelle est la porté de la démarche de la CEDEAO dans leur directive ? Ce n’est pas une interdiction de faire des réformes, parce qu’ils ne peuvent pas interdire aux Etats de faire des réformes mais c’est un souhait exprimé pour éviter qu’il n’y ait des incidences négatives par rapport à l’organisation des élections comme ce fut le cas. C’est le Togo qui avait servi de cadre pour une telle décision par rapport aux événements de 2005. Ce que dit la CEDEAO ce n’est pas une interdiction de faire des réformes, on veut éviter des réformes qui seraient conflictuelles ou qui seraient à la base de contestation à la veille des élections. Donc, il faut faire des réformes très loin avant des élections pour que les gens aient les digérer avant les élections qui sont un événement qui soulève beaucoup de question. Donc ce n’est pas une interdiction, rien ne nous interdit au Togo de faire ces réformes, et si on doit les faire et si on arrive à créer des conditions de manière consensuelle, je crois que davantage on aura renforcé l’édifice démocratique togolais et notre effort doit beaucoup plus porter à ça. Si nous avons les réformes, ça balise l’avenir. Aujourd’hui, il y a beaucoup de choses, d’initiatives qui sont faites, quand vous voyez le classement « Doing business », quand vous voyez « la vision Togo 2030 », ces démarches là, sont toutes de bonnes choses, de bonnes projections mais comment peut-on réaliser ces projections là et continuer dans la démarche de la modernisation de notre pays au plan économique et social si toutes ces démarches là sont hypothéquées par nos mésententes sur les questions de réformes. Nous disons d’abord qu’il faut libérer l’avenir. Par rapport à ces questions qui restent longtemps inassouvies. Dans les questions de réformes, on doit pouvoir trouver moyens de les régler de manière définitive, que chacun sache que désormais le Togo veut ressembler à des nations qui écrivent dans le marbre que l’alternance devienne une réalité chez nous. Il faut le faire, que les élections vont s’organiser de manière démocratique. Les élections à un tour n’ont jamais été des élections démocratiques. Maintenant la classe politique de l’opposition, il lui appartiendra de voir de quelle manière, elle ira à ces élections parce qu’on connait notre pays, on sait comment s’organisent les élections. Moi je l’ai souvent dit, la CENI et ses démembrements telles qu’elles sont aujourd’hui, ne nous garantissent pas une élection équitables, libres et transparentes.
Ces magistrats qu’on met à la tête de nos CELI n’ont rien à foutre dans ces histoires là. Les magistrats ont autre chose à faire que de se retrouver à la tête des CELI. Est-ce que nous allons toujours continuer par avoir des CELI politiques ? Est-ce que quelque part on ne se piège pas nous-mêmes parce qu’on nous met, en tant que opposition, dans ces structures là nos représentants qui organisent des élections et demain nous voilà à contester des élections que nous avons contribué à organiser. Ça nous met à porte –à- faux avec nous-mêmes. Voilà autant de pièges que nous devons éviter pour que le Togo soit dégagé de toutes ces contraintes qui limitent son développement. Pour nous, les questions d’ordre structurel sont essentielles, elles viennent avant les questions d’ordre stratégique de l’opposition.
Togo Acrualité : Me Tchassona, il y a quelques jours la Concertation nationale de la société civile a lancé un projet qui porte sur le plaidoyer des recommandations 5 et 6 de la CVJR qui ont trait à la limitation des mandats et le scrutin à deux tours. Alors, comment réagissez par rapport à ce plaidoyer ?
Mouhamed Tchassona Traoré : C’est une initiative salutaire puisque vous voyez la difficulté qu’on avait par rapport au projet de loi (ndlr : le projet de loi rejeté le 30 juin dernier par les députés de la majorité) qui a été comme une fausse promesse. Vous savez la lecture que nous en avions. Voilà un gouvernement qui dit je veux, il introduit un projet de loi mais il demande que les modifications au projet de loi soient apportées par le camp d’en face. On n’a jamais vu ça nulle part. L’auteur du projet c’est lui. Lorsqu’il y a des modifications, c’est à lui d’aller les apporter au niveau du parlement. Maintenant on demande à l’opposition de dire que le Président Faure peut aller aux élections, ce n’est pas notre rôle. Il n’est pas non plus du rôle de l’Assemblée nationale de voter des lois d’ordre interprétative parce que la finalité de toute assemblée c’est de voter des lois de portée générale et impersonnelle. Donc toute forme d’interprétation, c’est les tribunaux qui se chargent de dire cela. Qui peut être candidat, qui ne peut l’être ?
Toute l’action politique de l’opposition consiste à dire que voilà par rapport à telle ou telle donnée, nous pensons que tel ne rempli pas les conditions pour aller aux élections et il y a une instance pour trancher. Donc, nous nous disons qu’il y a une fausse promesse qui n’a pas été tenue. Et également, on reproche à nous autres oppositions que nous sommes intransigeants à réclamer qu’il y ait la rétroactivité de la loi par rapport au président Faure pour qu’il ne se présente pas en 2015. Tout ça mis ensemble, il y a un floue. On a comme l’impression qu’il n’y a pas de compromis possible entre ceux qui veulent à tout prix, qui font semblant de donner droit à la question des réformes et l’opposition qui dit on est intransigeant et que FAURE ne doit pas faire un troisième mandat . Voilà autant de choses qui limitent cette question alors si aujourd’hui la société civile prend sur elle d’être celle qui sera le fédérateur, la matrice autour de laquelle tout le monde peut se retrouver, je crois que c’est une bonne démarche que nous devons soutenir. Et nous pensons que l’ensemble de la classe politique doit se mobiliser aujourd’hui derrière cette société civile qui porte haut notre combat à tous. C’est pourquoi je dis que le combat pour les réformes sont de portée nationale, c’est des questions d’intérêt national.
Nous devons profiter de cette aubaine là, accompagner cette société civile dans ce combat pour que nous trouvons par tous les moyens une solution aux questions des réformes avant d’aller aux élections en 2015 parce que l’incertitude, vivre dans l’incertitude, dans le doute, dans la suspicion ça freine les élans, ça ne libère pas les énergies, ça ne libère pas l’avenir, le brouillard est épais et on ne sait pas où on va.
Togo Actualité : 500 000 signatures attendues pour ce plaidoyer, aujourd’hui avec un peu plus de 20 ans de lutte démocratique, l’opposition togolaise n’a-t-elle pas péché un peu ? Avez-vous le sentiment que cette opposition peut créer la surprise à cette élection présidentielle ?
Mouhamed Tchassona Traoré : On a toujours dit que l’opposition a toujours remporté des élections au Togo sauf que dans la réalité on vole ces élections à l’opposition. Ce qui a amené les gens à poser un problème qui en réalité n’est pas d’ordre démocratique : la candidature unique. La candidature unique de l’opposition, on voit la pense unique, c’est que aujourd’hui le peuple est arrivé à faire le constat que puisque le régime là est ce qu’il est, il faut que nous désignons un seul candidat peut être qu’à ce niveau là, nous pourrons renverser la vapeur. En réalité, on demande à la classe politique de l’opposition une action qui appartient à tous citoyens togolais. Ce combat n’est pas seulement de la transparence des élections, de la clarté des votes n’est pas seulement le combat de la classe politique mais de tous les citoyens qui devrait être traduit dans le rejet de toutes formes de fraude, de tripatouillage des élections. Puisque le peuple a trouvé le bouc-émissaire qui est l’opposition, on dit : vous entendez-vous. Or c’est une démarche qui est difficile à réaliser . C’est pourquoi je disais que c’est un serpent de mer. Que nos amis se sont entendus à leur niveau pour désigner Jean-Pierre Fabre comme leur candidat, est-ce que ça règle le problème qui reste entier ? Si on ne règle pas les problèmes essentiels de la transparence des élections, toute la classe politique de l’opposition peut s’entendre autour d’un candidat, on peut également aller nous faire voler la victoire. Rien n’est garantie que le candidat unique qu’on aura choisi avec l’ensemble de la classe politique de l’opposition, si on ne règle pas les questions d’ordre structurel qui sécurisent les élections, rien ne nous dit qu’on aurait gagné ces élections, donc le problème est ailleurs.
Il faut qu’on se dise certaines vérités, les gens n’aiment pas entendre certaines vérités. Nous disons d’abord qu’il faut régler les questions essentielles. Maudire une crevaison qu’une roue sera réparée. Il faut que nous posions les vraies questions qui minent notre marche vers la démocratie.
lomévi (www.togoactualite.com)
Tu es un vrai opposant!!!!!! Car et addi sont. amusent la galerie!!!!!