Le Ghana est au cœur d’une vive polémique après avoir reconduit au Togo des migrants togolais expulsés des États-Unis, alors même que ces derniers affirmaient fuir des persécutions dans leur pays d’origine.
Selon l’avocat ghanéen Oliver Barker-Vormawor, onze migrants ouest-africains ont été transférés début septembre par Washington vers Accra, dans le cadre d’un accord bilatéral récemment conclu entre les deux capitales. Parmi eux, figuraient quatre Nigérians, trois Togolais, deux Maliens, un Libérien et un Gambien.
« Toutes ces personnes demandaient l’asile aux États-Unis. Elles avaient clairement indiqué qu’elles étaient confrontées à des persécutions religieuses, politiques ou liées à leur orientation sexuelle », a rappelé Me Barker-Vormawor à l’AFP. Pourtant, devant la Haute cour du Ghana, il a dénoncé le fait qu’au moins six des migrants, dont les trois Togolais, aient été expulsés vers leurs pays d’origine avant même la fin de l’examen de leur dossier.
Une situation décrite comme une « ironie cruelle du sort » : ces exilés, qui avaient pris tous les risques pour tourner la page de leur pays natal, se retrouvent de nouveau confrontés à l’environnement qu’ils avaient tenté d’abandonner.
L’affaire suscite de vives critiques sur la scène politique ghanéenne. L’opposition accuse le gouvernement d’avoir conclu cet accord avec les États-Unis dans la plus grande opacité, sans consultation ni approbation du Parlement. Les expulsions vers le Ghana auraient commencé dès le début du mois de septembre et devraient se poursuivre dans les prochaines semaines.
Mais l’incertitude reste entière sur le sort des migrants : leurs conditions de détention à Accra et les modalités de leur transfert vers leurs pays d’origine n’ont pas été rendues publiques.