Ancien militaire formé à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (France), Gerry Taama décide de se lancer dans la politique. Sa formation politique sera portée sur les fonds baptismaux « au plus tard fin avril ».
« Le nom de ce parti, sous réserve que le congrès l’adopte – risque d’être « Nouvel Engagement Togolais » (NET) », a-t-il affirmé dans une interview exclusive à l’Agence Savoir News.
Selon ce dernier ; il est temps de « réinventer la façon de faire la politique au Togo ».
« Notre génération s’est tellement mise en retrait, il faudrait qu’elle rentre maintenant dans la danse », a souligné M.Taama.
Savoir News : Présentez-vous à nos lecteurs
Gerry Taama : Je m’appelle Gerry Taama. Je suis togolais. Ancien militaire, j’avais fait ma formation entre 1999 et 2002 à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, une école militaire d’enseignement supérieur français qui forme des officiers des armes de l’armée de terre et une partie des officiers de la gendarmerie nationale. Spécialisé dans le combat blindé, j’ai servi dans l’armée togolaise, plus précisément dans le régiment Blindé pendant huit ans. J’ai fait plusieurs missions Onusiennes notamment en Côte d’Ivoire. Avant de quitter l’armée, j’étais instructeur à Ecole de Formation des Officiers des Forces Armées Togolaises (EFOFAT) à Pya (Nord).
Aujourd’hui, j’ai trois fonctions principales. D’abord, je suis écrivain, auteur de deux livres, publiés en 2009 et 2010. Je suis également chef d’entreprises ; car je dirige une société de sécurité et de gardiennage. Je suis également éditeur, puisque je suis le Directeur des Editions l’Harmattan (à la fois une librairie et une Maison d’Editions).
Savoir News : Pourquoi avez-vous quitte l’armée ?
Gerry Taama : Mon départ de l’armée tenait à deux choses. La première : vous savez, la période la plus intéressante de la vie d’un officier, c’est quand il est un jeune Lieutenant. Après, je m’étais retrouvé dans les bureaux, une phase de ma carrière que je n’avais pas aimée. Je suis quelqu’un qui aime bien l’action. Je ne retrouvais plus les éléments qui m’avaient réellement poussé à rentrer dans l’armée. Deuxième raison : j’avais commencé à nourrir l’envie de faire autre chose. Je me voyais capable de monter une entreprise, la rentabiliser et peut-être éventuellement susciter des vocations. Et c’est ce que j’ai fait quand j’ai quitté l’armée.
Savoir News : Dans une déclaration sur votre page face book, vous écrivez : « Quand on est jeune (j’ai trente-sept ans) actif (je suis à la tête de trois petites entreprises qui ma foi s’en sortent bien), raisonnable et Togolais, il y un choix que personne ne peut, s’il a un peu d’estime pour vous, vous conseiller. C’est celui de faire la politique ». Mais pourquoi alors une telle aventure ?
Gerry Taama : Dans la vie, est-ce qu’on fait ce qui est facile ou bien ce qu’on pense être juste ? Si on doit faire ce qui est facile, j’allais rester dans l’armée, car j’étais bien noté. J’aurais pu me contenter de ma notation, gravir les échelons et devenir Général un jour. Ou bien aujourd’hui, avec mes trois petites entreprises, je pouvais tranquillement croiser les bras et faire mes affaires. On ne vit pas tout seul ex nihilo, car on vit dans un environnement. Et, il arrive des moments où l’Homme sent qu’il peut, par son action servir son environnement.
J’ai compris que je pouvais servir mon environnement. Je sais que cet environnement est extrêmement compliqué, mais nous nous sommes bien préparés pour l’affronter.
Savoir News : A-t-on besoin aujourd’hui de créer un parti politique pour servir son pays ?
Gerry Taama : Oui et non.
Non, si on a envie de servir son pays à son échelle, mais cela reste parcellaire. Mais Oui, si on a envie de modifier de façon globale le sort de sa population. Là, il n’y pas une autre voie : c’est la politique. Mais sachez également que sur l’ensemble des partis politiques au Togo, environ une dizaine, sont actifs. La pratique de la politique au Togo ces 20 dernières années, débouche sur une sorte d’immobilisme. Et parfois, on a l’impression que nos leaders politiques se sont concertés pour que rien ne bouge. Et malheureusement aussi, on a cette impression que les leaders politiques sont complètement englués dans cette quête du pouvoir, sans qu’on ne sache réellement à quoi cela sert de poursuivre le pouvoir. Un autre élément très important : on se rend compte qu’aujourd’hui dans le débat politique, il n’y pas de jeunes. Ce sont toujours les mêmes qui sont là et qui perpétuent un combat qu’ils ont commencé depuis peut-être une cinquantaine d’années. Il est temps de briser ce cercle vicieux. Notre génération s’est tellement mise en retrait, il faudrait qu’elle rentre maintenant dans la danse. Aujourd’hui, il faut absolument réinventer la façon de faire la politique au Togo. Il faut qu’on ramène le débat politique à son point fondamental.
Savoir News : Comment expliquez-vous le faite que les jeunes n’aiment pas s’engager ?
Gerry Taama :Trois raisons expliquent ce comportement :
1- La désillusion : Les jeunes se sont, rendus compte que la lutte menée depuis plus de 20 ans, n’a rien donné, surtout que dans les années 90, il y avait une superbe mobilisation.
2 – L’esprit gourou dans les partis politiques : Le chef est le chef, c’est lui qui prend toutes les décisions.
3 – La précarité : Aujourd’hui, la misère ambiante est là. Les jeunes pensent plutôt à leur petit pain quotidien, que de courir derrière les activités de partis politiques.
Savoir News : Le parti est déjà créé ? Si oui, le nom ?
Gerry Taama : Nous sommes aujourd’hui à la phase de préparation. Beaucoup de jeunes sont avec moi pendant cette période. Ceux qui se sentent dans notre engagement peuvent nous rejoindre. Le nom de ce parti, sous réserve que le congrès l’adopte – risque d’être « Nouvel Engagement Togolais » (NET). Selon notre planning, sans doute, ce parti sera porté sur les fonds baptismaux d’ici mi-avril et au plus grand tard fin avril.
Savoir News : Quelle est la vision de ce parti ?
Gerry Taama : En dehors de la quête du pouvoir par les moyens légaux, la vision est simple. Susciter un nouveau type d’engagement. Révéler un nouveau togolais plus sensible aux problèmes de la communauté nationale, et plus soucieux d’y apporter solution, quels que soient son statut social et son rapport avec la classe dirigeante. Un togolais qui prenne conscience de sa capacité à changer son avenir, pour peu qu’il s’intéresse aux pesanteurs qui grèvent cet avenir, et comprenne que l’action concertée est le remède contre l’immobilisme. FIN
Propos recueillis par Junior AUREL
savoirnews.net