« Pour prévenir les abus, on ne peut lier le sentiment d’impunité et l’exercice du pouvoir » (Alain Leblay)
Qui l’eût cru il y a encore quelques années ? Le ministère de la Sécurité et de la protection civile a frappé un grand coup qui risque de faire date. Des forces de sécurité dont des policiers et des gendarmes ont fait l’objet de diverses sanctions pour écarts de comportement dans l’exercice de leur profession.
Au total, 225 agents dont 88 policiers et 137 gendarmes ont écopé de diverses sanctions de la part de leurs hiérarchies. Ils ont écopé d’un mois d’arrêt de rigueur pour plusieurs motifs : indiscipline, inconscience professionnelle et négligence, abandon de poste, vol, racket, cupidité et indélicatesse
Dans ce registre, ce sont en tout quatre policiers qui sont concernés. Ils ont été exclus temporairement du corps pour six mois, après deux mois d’arrêt de rigueur. Les motifs varient selon les agents, mais ils sont diversement impliqués dans les trafics de tous genres, usages excessifs de la force, violences volontaires, bavures.
Dans le premier cas, il s’agit d’un policier en service au sein de l’opération Koundjoaré ayant été coauteur de violences corporelles infligées à deux (02) suspects dont un a trouvé la mort. Le deuxième cas concerne un policier qui, en complicité avec ses camarades, pour la plupart des réformés, fait des descentes dans des maisons de revendeurs de produits prohibés pour leur extorquer des fonds ou saisir illégalement leurs produits, sous prétexte d’être des policiers en mission commandée. Le troisième policier a fait usage excessif de la force en tirant 5 cartouches de revolver atteignant un individu qui tentait de s’échapper lors de sa conduite au commissariat. Et pour le quatrième, il s’agit d’un policier exclu pour six mois pour avoir violemment frappé à l’aide de cordelettes un conducteur de tricycle conduit au poste, le blessant grièvement à la tête. La victime qui est tombée évanouie a été évacuée au CHU Sylvanus Olympio pour les soins intensifs. Cette situation a créé un soulèvement populaire dans la ville d’Atakpamé, bloquant la circulation sur la nationale N°1 pendant plusieurs heures.
Il y a aussi le cas des agents radiés de leurs corps. Comme le cas de cinq policiers radiés pour bavures ayant entrainé mort d’homme, trafics de tous genres, etc. trois situations ont été relevées.
Dans le premier cas concerne un policier en service, mais qui a abandonné son poste et s’est retrouvé au volant de la voiture d’un usager qu’il a interpellé pour violation du couvre-feu. Interpellé par les agents de la force anti-pandémie, il a tenté de faire passer sa victime pour son frère avant d’être démasqué. Il est mis à la disposition de la justice.
Le deuxième cas concerne un policier qui, pour défendre deux militaires qui se bagarraient avec un civil, a fait usage de son arme sans sommation, atteignant mortellement le civil. Il est aussi mis à la disposition de la justice.
Quant au troisième cas, il a trait à un policier qui a, au cours de sa mission de distribution de la soupe dans les carrefours, monnayé cette soupe à un stagiaire contre la somme de mille francs (1000F). Il est mis à la disposition de la justice.
L’heure de la fin de l’impunité serait-elle arrivée pour ceux des agents des forces de l’ordre qui, se croyant au-dessus des lois, usent et abusent de la force et des armes contre les populations. Un responsable au ministère de la Sécurité et de la Protection civile nous avait assuré il y a quelques mois déjà que le ministère dévoilera désormais les auteurs de bavures. Nous n’y avions pas cru. Mais avec ce qui vient de commencer, on veut croire que ce n’est que le début et que l’exemple servira de leçon à tous les agents indélicats afin qu’ils rentrent dans les rangs. Et s’il est un malheur qu’on peut souhaiter aux initiateurs de ces mesures, c’est juste leur dire bon vent.
Godson KETOMAGNAN
Source : Liberté