Depuis vendredi soir se trouvent les chefs d’États liberien et beninois George Weah et Patrice Talon au Togo, à l’invitation de Faure Essozimna Gnassingbé, président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernements de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour un sommet extraordinaire à Lomé qui démarre ce samedi 14 avril 2018.
Selon un communiqué publié par la présidence de la République togolaise 《cette session essentiellement consacrée à la crise bissau-guinéenne , fait suite à une visite de travail de la délégation ministérielle de la CEDEAO à Bissau le 11 avril 2018 et aux recommandations de la précédente session tenue à Addis-Abeba en janvier dernier. Au cours des travaux, le chef de l’État togolais et ses homologues de l’espace CEDEAO vont échanger lors d’un huis clos, autour de la situation sociopolitique en Guinée Bissau et faire le bilan de la mise en œuvre des différents accords》. Le Togo lui-même est en crise depuis le 19 août 2017 avec des manifestations et des violations aux droits de l’homme par les bidasses. Dans les rues se pavanent les unités spéciales de la gendarmerie et des militaires qui attaquent les véhicules des leaders de l’opposition avec des crosses de fusils, tirent des gaz lacrymogènes contre les innocents. Les milices armées de machettes terrorisent les populations et violent les femmes. Mais Faure Gnassingbe, lui, se préoccupe plutôt de ce qui se passe en Guinée-Bissau. Quand bien même le chef d’État ghanéen Nana Akufo Addo est arrivé chez lui à deux reprises pour éteindre le feu à travers un dialogue avec les 14 partis de l’opposition, Faure Gnassingbe prétextait que son programme était surchargé.
Comment peut-on organiser un sommet concernant la crise en Guinée-Bissau au Togo qui est aussi plongé dans une crise? Un malade en agonie peut-il être le médecin d’un autre malade en agonie? Le plus risible, c’est le diagnostic du docteur comateux du Togo qui trouve les remèdes pour les autres, se croyant lui-même bien portant: 《 Le chef de l’Etat Faure Gnassingbé, qui veut faire de la CEDEAO un havre de paix, s’est personnellement investi pour parvenir à la résolution durable de la crise en Guinée Bissau. Il a rencontré à plusieurs reprises le Président José Mario Vaz et d’autres acteurs politiques de ce pays frère》. Arrêtez le fou! Ou ce type a un trou d’air dans la tête, ou il s’en fout du Togo!
Faure Gnassingbe n’a-t-il pas appris que c’est son père qui a destabilisé le Togo en assassinant le premier président démocratiquement élu? Faure Gnassingbe a-t-il oublié qu’il est arrivé au pouvoir suite à un coup d’État constitutionnel? Faure Gnassingbe a-t- il oublié le nombre de Togolais assassinés par le régime sanguinaire héréditaire et cinquantenaire?
Quand le père de Faure Gnassingbe arrivait au pouvoir par les armes, George Weah venait de naître. Il a fui la guerre dans son pays pour aller jouer au Tonnerre de Yaoundé . Pour sa première visite au Togo, il voit les militaires qui encerclent les aéroports et les rues comme quand le Libéria était en guerre. Il a encore failli fuir en se rendant compte qu’il courait des risques sur cette terre qui demeure un havre de guerre! Patrice Talon a couru tous les risques en empruntant la voie terrestre, alors que la plupart des chefs d’États ont préféré rester chez eux en sécurité.
Tous les pays de l’Afrique de l’Ouest changent de dirigeants et se stabilisent. Seul le Togo n’a jamais changé de régime depuis un demi-siècle. Il faut plutôt organiser un sommet extraordinaire pour exclure le Togo de la CEDEAO. Comme le disait Raymond Devos: « mon pied gauche est pourri et jaloux de mon pied droit qui veut le dépasser. Et moi, pauvre imbécile, je marche en boitant ».
J. Remy Ngono
Source : Coup Franc