Les Organisations de la société civile togolaise condamnent avec fermeté un acte d’une bassesse extrême et un deal politique entre les autorités étatiques du Togo et du Bénin au détriment de la liberté et de la vie humaine qui reste et demeure, en toutes circonstances, sacrée et inviolable.
Les OSC du Togo assurent de leur entière solidarité le peuple frère du Bénin, à la société civile et à l’Ordre des Avocats de la République du Bénin.
Les OSC appellent enfin le Président Patrice Talon, très apprécié pour les actes de développement économique et social qu’il a posés en huit (08) ans d’exercice du pouvoir, à un sursaut d’orgueil en vue de préserver les acquis démocratiques, d’État de droit et des droits de l’homme que lui ont légués ses prédécesseurs feu Matthieu Kérékou, Monsieur Nicéphore Soglo et Docteur Yayi Boni.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Vive indignation des organisations de la société civile togolaise à la suite de l’enlèvement de l’activiste béninois M. Steve Amoussou sur le territoire togolais : un acte crapuleux qui cache mal un deal politique entre les autorités des deux pays.
- Les organisations de la société civile togolaise ont appris de diverses sources, notamment par voie de presse et sur les réseaux sociaux, que dans la nuit du 12 au 13 août 2024, Monsieur Steve Amoussou, a été appréhendé puis enlevé, dans le voisinage de son domicile à Lomé, au Togo, où il résidait en tant qu’exilé. Il a ensuite été embarqué de force dans un véhicule banalisé par des personnes non identifiées. Le véhicule et ses occupants ont traversé la frontière pour entrer sur le territoire béninois, où Monsieur Steve Amoussou a été remis aux autorités policières.
- Plus d’une semaine après cet acte crapuleux, il n’y a toujours pas eu de réaction officielle de la part des autorités gouvernementales togolaises. Seules les informations relayées sur les réseaux sociaux nourrissent les débats au sein de l’opinion publique.
- Dans une déclaration rendue publique le 20 août 2024, l’Ordre des Avocats du Bénin, dans le cadre de sa mission de service public de la justice, s’est dit préoccupé et inquiet des conditions troubles et non élucidées dans lesquelles Monsieur Steve Amoussou a été appréhendé, notamment en l’absence de mandat d’amener ou d’arrêt, contrevenant ainsi aux règles en vigueur.
- En outre, Monsieur Steve Amoussou a rapporté à ses avocats, qui ont ensuite relayé ces informations à la presse béninoise, qu’il a été violenté lors de son enlèvement à Lomé et de son transfert nocturne vers le Bénin. Il a subi des actes de torture et d’autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants. À ce jour, ces informations n’ont été ni démenties par les autorités togolaises, ni par les autorités béninoises.
- Face à ce constat, la complicité ou l’implication des autorités togolaises dans cet enlèvement ne fait aucun doute, malgré les tentatives de diversion de certains esprits manipulés. Si une complicité entre les États togolais et béninois n’était pas avérée, cet acte aurait été considéré comme un affront diplomatique, et aurait entraîné des sanctions internes, telles que des limogeages au sein des autorités en charge de la sécurité, ainsi que d’autres incidents diplomatiques.
- Ce faisant, les autorités togolaises ont violé l’article 13 de la constitution du 14 octobre 1992, qui stipule en ses alinéas 1er et 2 que : « L’État a l’obligation de garantir l’intégrité physique et mentale, la vie et la sécurité de toute personne vivant sur le territoire national. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa liberté. » Elles ont également méconnu l’alinéa 3 de l’article 22 de cette même constitution, qui énonce que : « Tout étranger, en situation régulière sur le territoire togolais et qui se conforme aux lois en vigueur, a la liberté d’y circuler, d’y choisir sa résidence et le droit de le quitter librement. » De même, ces autorités ont ignoré les textes de la CEDEAO qui garantissent la libre circulation des personnes et des biens au sein de l’espace communautaire.
- Les organisations de la société civile togolaise sont profondément indignées et consternées par cet acte d’une bassesse extrême, qui semble être le fruit d’un deal politique entre les deux États, au détriment de la liberté et de la vie humaine, lesquelles restent en toutes circonstances sacrées et inviolables.
- En rappelant que le Togo et le Bénin sont signataires de conventions et de mécanismes internationaux de protection de la vie humaine et des libertés, ainsi que de prohibition de la torture et des autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants, les organisations de la société civile togolaise condamnent fermement cet état de fait. Elles expriment leur entière solidarité avec le peuple béninois, la société civile béninoise et l’Ordre des Avocats de la République du Bénin.
- Elles appellent le Président Patrice Talon à un sursaut d’orgueil pour préserver les acquis démocratiques, l’État de droit et les droits de l’homme que lui ont légués ses prédécesseurs, feu Matthieu Kérékou, Nicéphore Soglo, et Docteur Yayi Boni. Les réalisations de Monsieur Talon en matière de développement du Bénin, notamment la construction d’hôpitaux, de stades, de lieux culturels, d’hôtels, de marchés, de routes et d’autres infrastructures modernes en seulement huit ans de pouvoir, sont admirées à travers le monde. Elles lui confèrent une renommée qui suscite l’envie de ses pairs, qui n’ont pas su accomplir des réalisations similaires. Il paraît judicieux, dans son intérêt, de préserver jalousement cet héritage politique en œuvrant, pour le reste de son mandat, à la promotion de l’État de droit, de la démocratie et du respect des droits de l’homme, au bénéfice de son pays et de l’espace CEDEAO, gravement fragilisé par les antidémocrates.
Fait à Lomé, le 22 août 2024,
Pour les Organisations de la société civile togolaise :
M. Daguerre K. AGBEMADOKPONOU (ALCADES)
M. Monzolouwè B. E. ATCHOLI KAO (ASVITTO)
M. Christophe Komlan TETE (GAGL)
M. Bassirou TRAORE (GCD)
M. Koffi DANTSEY (GLOB)
M. Poro EGBOHOU (FDP)
Dr Emmanuel H. SOGADJI (LCT)
Me Célestin Kokouvi G. AGBOGAN (LTDH)
Me Raphaël N. KPANDE-ADZARE (MCM)
M. Issaou SATCHIBOU (MJS)
M. Bertin BANDIANGOU (SEET)