Le prix Nobel de la paix Sud-africain Desmond Tutu disait à juste titre: « si tu es neutre en situation d’injustice, c’est que tu as choisi le camp de l’oppresseur ».
Cette citation vaut pour la comédie qui s’est passée le vendredi 13 avril 2018 à Lomé et dont les auteurs, de véritables funambules, des fumistes ont voulu enfariner les Togolais en se prenant pour des « Centristes » dans un pays où une dictature implacable sévit depuis 51 ans.
L’histoire des partis du centre vient de la France, un pays qui a fait des principes démocratiques des acquis depuis plus de deux siècles.
Les pays dans lesquels le centre joue un rôle prépondérant sont des pays qui ne s’apparentent pas à des républiques bananières où le monarque est l’absolu, le vénéré, qui par des tueries et des brimades, s’impose à ses concitoyens au détriment de toute règle morale, d’éthique, de démocratie, d’État de droit et de bonne gouvernance.
Au Togo, la deuxième plus vieille dictature au monde après la Corée du Nord, l’on ne peut prétendre être au centre d’un jeu déséquilibré. Car comment prétendre ne pas prendre position dans un pays dont on qualifie la démocratie de « tétraplégique », pays dans lequel la Constitution a été à maintes reprises mise au goût du jour pour perpétuer un règne qui a commencé sous le père en 1963 pour se perpétuer sous le fils en 2005 après le massacre dans le sang de plus 500 concitoyens?
Le centrisme togolais est une roublardise, un appat pour se faire octroyer des espèces sonnantes et trébuchantes et bénéficier après une mascarade électorale, des places à l’hémicycle et dans certaines communes.
Objectifs du centre: accompagner le RPT/UNIR dans une mascarade électorale
Le trio qui forme le centrisme est clair. Il a pour mission d’accompagner le pouvoir aux élections législatives et locales contre l’avis de la coalition de l’opposition et des populations.
Si on tient compte de la dernière sortie du gouvernement de respecter les dates des échéances électorales, on comprend aisément la sortie de ces bitosards qui seront les béquilles d’un scrutin qu’on présentera comme démocratique dans les prochaines semaines. Ce scénario, on l’avait déjà connu dans le temps avec des partis n’ayant aucune assise politique mais qui ont permis au RPT de rafler la mise en 2002 lors des élections législatives et de procéder au tripatouillement de la Constitution le 30 décembre de la même année.
Le voeu secret des trois partis du centre est que le pouvoir constate l’échec du dialogue afin d’en appeler au peuple pour départager les protagonistes de la crise à travers le référendum qui ouvrira la voie aux élections locales et législatives.
Or les trois lascars du centre savent pertinemment que l’opposition boycotterait des élections qui seront organisées sans les réformes souhaitées. Une absence aux joutes électorales de l’opposition réunie dans la coalition des 14 partis politiques sera du pain béni pour le centre qui peut compter sur la gentillesse du RPT/UNIR qui lui offrirait quelques places dans les communes et à l’assemblée nationale.
De la composition même de ce centre
Bassabi Kagbara du PDP a toujours été un businessman. Au temps fort de la dictature d’Eyadèma, il était déjà proche du dictateur qu’il caressait dans le sens du poil avec tout ce qui peut en découler comme magnanimité.
À l’avènement du fils, ce monsieur avait voulu faire peau neuve en militant dans plusieurs regroupements politiques pour chasser l’usurpateur.
Candidat à l’élection présidentielle de 2010, il a été obligé de quitter la course à la magistrature suprême lorsqu’il fut rattrapé par un redressement fiscal. Il n’a été sauvé in extremis qu’en courant demander pardon auprès du prince pour finalement se retirer de la vie politique avant de réapparaître dans ce qui se présente aujourd’hui comme un centre politique.
Comme quoi, chasser le naturel, il revient toujours au galop.
La CPP n’est plus à présenter. Son fondateur « Sa Suffisance » Edem Kodjo a toujours été moulu dans la marmite du RPT/UNIR étant le scribouilleur du livre vert qui a fondé l’ancêtre de UNIR le 30 août 1969 à Kpalimé.
En 1994, au sortir des élections législatives, l’opposition sortait haut la main en remportant la majorité au parlement avec le CAR de Me Agboyibo qui recueillait 34 sièges et l’UTD, aussi ancêtre de la CPP qui avait 7 sièges.
Le Togo ne serait plus dans cet état végétatif si le Suffisant Kodjo n’avait pas inventé son histoire de « parti charnière » pour se pointer à la primature renforçant de facto les pouvoirs du dictateur Eyadèma.
Il n’a pas hésité une seule seconde à occuper le même poste sous l’usurpateur Faure Gnassingbé avant de passer le témoin à un autre membre de son parti Arthème Ahoomey-Zunu. Et pour clôturer le tout en beauté, Edem Kodjo fut nommé Conseiller à la Présidence, poste qu’il occupe encore actuellement à l’heure où nous mettons sous presse.
Voilà donc l’historique de la CPP léguée à Francis Ekon qui veut se faire passer aujourd’hui pour le chantre du centre.
Or en 2015, ce même Francis Ekon au nom du parti qu’il préside, n’a pas hésité un seul instant à appeler les Togolais à voter pour un réfractaire au changement en l’occurrence Faure Gnassingbé.
Toujours en 2015 lors de la campagne électorale, Francis Ekon a fait péter de rires une assistance médusée dans la préfecture de Wawa lorsqu’il faisait presque la genouflexion pour pouvoir saluer son mentor Faure Gnassingbé. D’ailleurs l’image qui a fait le tour de la toile est devenue l’objet de risée des internautes.
Quant au patron du NET, le véritable cerveau de ce machin, il n’est plus à présenter. En novembre 2017, il était dans la rue pour déloger son bienfaiteur Faure Gnassingbé. Au gré de ses humeurs, il s’est extirpé de toutes les coalitions de partis auxquelles il a appartenu pour faire cavalier seul. En réalité, c’est pour avoir son indépendance et avoir les coudées franches pour rejoindre une maison qu’il n’avait jamais quittée.
Candidat à la présidentielle de 2015, des langues serpentines avaient claironné qu’il a monnayé sa présence dans la course contre des billets de banque. Ce qui lui avait permis disent ces langues, de mettre sur pied sa ferme à Houaré son village natal. Alors qu’il aurait refusé de payer les jeunes qui battaient campagne pour son parti.
Ancien officier, il est le seul à publiquement démissionner de l’armée togolaise pour se lancer en politique. Et allez savoir pourquoi il ne lui arrive rien et pourquoi il peut circuler librement partout sur le territoire national. Tous les corps habillés qui ont démissionné ont dû fuir le pays. Ceci explique donc cela.
Voilà donc rassemblé, la configuration de ces imposteurs et businemen qui entendent composer le centre sur un échiquier politique où ne peuvent exister pour l’instant que deux camps: le camp des voleurs, des assassins et des réfractaires au changement et le camp de l’alternance et du progrès. Toute autre prise de position est suspecte et vouée à l’échec. À moins de se constituer dans un courant centriste dont les ambitions restent mercantiles.
Mathias Atazo
Source :Triangle des Enjeux N°389 du 18 avril 2018 /http://www.27avril.com/blog/actualites/politiques/en-attendant-de-sassocier-aux-elections-frauduleuses-togo-le-centrisme-des-fumistes-comme-partis-satellites-du-rpt-unir