Cette année 2024, à propos des élections organisées sur le continent, confirme la régression des luttes de libération nationales.
La lutte farouche des peuples des différents pays néocoloniaux pour se défaire du joug des tyrannies et qui a abouti à des conquêtes démocratiques modérées au prix de souffrances indicibles, est en train d’être battue en brèche par des tyrans qui s’inspirent insidieusement des modèles rétrogrades des années 1960-1990 au cours desquelles les pères des indépendances, comme on les appelle, ont banni le multipartisme et instauré le parti unique et des élections farfelues. Le Togo, comme d’habitude, avait été le premier pays à donner le mauvais exemple avec Sylvanus Olympio qui, après avoir emprisonné ses opposants et ses alliés nationalistes de la JUVENTO, a organisé en 1961, des législatives anticipées pour obtenir le score modestement rigolo de 100% à l’assemblée nationale. Houphouet, Sékou Touré, Senghor, Diori Hamani, Yaméogo, Moussa Traoré, Kérékou ont tous suivi le mouvement. Au Togo, toujours, Grunitzsky, le successeur d’Olympio, organisa, en 1963, un référendum avec plus de 90% d’approbation alors que des mercenaires de la coloniale venaient de trucider Olympio dont les partisans représentaient pour le moins 50% du corps électoral. Ce fut après le tour d’Éyadéma qui s’offrit régulièrement des scores à la soviétique de 99,99% voire 100%. Excusez du peu !
Mais le drame de l’Afrique aujourd’hui, c’est la gouvernance médiocre de ses dirigeants politiques qui refusent de tirer les leçons du passé. Ce processus de régression est scandaleux. Le parti de Faure Gnassingbé a raflé avec gourmandise 108 députés sur 113 à l’assemblée nationale dans un pays qui va d’émeutes sanglantes en émeutes sanglantes contre le régime Gnassingbé presque soixantenaire.
Au Rwanda, le tyran Kagamé s’est gratifié, lors de la présidentielle, du score modeste de 99,15% ! Il avait rempli auparavant ses geôles de plusieurs chefs de partis d’opposition. Macron l’a félicité. En Algérie, lors de la présidentielle, le dictateur Téboune vient de s’octroyer 94, 65% des voix. Et, cerise sur le gâteau, avec les chaleureuses félicitations du colonialiste Macron. Décidément, depuis la pseudo-indépendance des États africains, du colonialiste de Gaule jusqu’à Macron en passant par Mitterrand, la France n’a connu que des présidents d’une rare médiocrité. Ce qui est bon pour la France, n’est pas bon pour les colonies. Liberté, égalité, fraternité. Telle est la devise de ce pays. Mais ses présidents indignes en ont fait un slogan creux, un attrape-nigaud. Le sentiment antifrançais actuel des peuples africains, n’est que l’expression du ressenti de peuples qui ne veulent plus se faire couillonner par la France. D’ailleurs, elle est en train de se faire éjecter de l’Afrique par la Chine. La lutte contre un autre néocolonialisme, celui de la Chine, attend les Africains. Quand on voit comment la Chine a réuni tous les États mendiants de l’Afrique au mois de septembre à Beijing, il y a de quoi s’inquiéter.
L’Afrique, à force de tourner en rond, finira par s’écrouler de vertige. Elle ne mérite pas ses dirigeants politiques actuels sans vision.
Ayayi Togoata APÉDO-AMAH