Et si l’Union Togolaise de Banque (UTB) était vraiment un repaire pour escrocs ? Et si les premiers responsables favorisaient en fait les détournements qui semblent devenus monnaie courante au sein de la structure ? Nous apprenons d’une source au sein de la banque qu’un employé convaincu de détournement de fonds, aurait proposé, en réparation du préjudice causé à la banque, de donner en contrepartie sa maison construite sur une surface de 2a 31ca.
L’employé de l’UTB « reconnaît avoir détourné la somme de cent soixante-dix millions cinquante mille huit cent quatre-vingt-deux (170.050.882) francs CFA au préjudice de l’Union togolaise de banque (UTB). En réparation du préjudice causé, il donne sa maison sise à Gblinkomé, non loin de la grande mosquée d’une valeur vénale de 140.950.000 FCFA en paiement de sa dette sur la banque et s’engage à payer le reliquat, soit la somme de 29.100.882 FCFA au terme d’un délai de grâce ne pouvant excéder 12 mois à compter de l’homologation du procès-verbalde conciliation… », peut-on lire sur un document confidentiel dont nous avons eu copie.
Si nous avons jugé utile ou sage de ne pas divulguer le nom de l’employé indélicat, ce n’est ni par crainte, ni par couardise. Mais tout simplement parce qu’il n’a pas obligé les responsables de la banque à accepter cette façon de faire qui consiste à héberger des escrocs et à leur dérouler le tapis rouge lorsque ceux-ci sont coupables de détournements.
Le plus ubuesque dans cette affaire est la contrepartie proposée et avancée par l’agent pour éponger sa dette. Non seulement il propose un immeuble bâti d’une contenance de 2a 31ca, soit un peu plus de 200m2 pour une « valeur vénale » de 140.950.000 FCFA, mais reste la question de l’acte de détournement. L’agent a-t-il été poursuivi au pénal, ou bien l’acte de détournement serait-il « une cuisine interne » à l’UTB ?
Pour en savoir davantage, nous avons écrit au Directeur Général ainsi qu’à la responsable du service des engagements. Ni l’un ni l’autre n’ont daigné nous répondre.
Si nous nous interrogeons sur les pratiques qui ont cours au sein de cette banque, c’est parce que nous sommes étonnés que depuis des mois voire des années que le projet de fusion reconverti en projet de privatisation a été lancé, le pays soit toujours au point mort apparemment. Et on comprend mieux que la privatisation ait été l’option arrêtée par les autorités. Il semble que l’UTB a été coulée en interne par ses propres agents. Nous avons relaté le cas d’un autre agent qui, démasqué dans ses pratiques qui consistent à ponctionner des fonds sur les comptes des clients, avait prétexté la démence pour échapper à la rigueur de la loi. Avec la bénédiction de la banque. Depuis, non seulement il a réussi à dribbler la justice en brandissant un certificat médical qui attesterait qu’il souffrirait de démence, mais il n’a pas été renvoyé.
Dans notre parution n°3290 du 9 décembre 2020, nous titrions : « UTB : une banque qui emploie des agents arnaqueurs ? ». Il nous est revenu que sur un compte bancaire logé auprès de l’Union togolaise de banque (UTB), le propriétaire du compte serait normalement débiteur envers la banque d’un montant de 564.768.753 FCFA alors que dans les livres de comptes dudit client, le débit ne serait que de 22 millions FCFA. Avec cette autre information, il ressort que des agents de cette banque s’adonneraient à des pratiques peu orthodoxes, et plus tôt les clients ayant leurs comptes dans cette structure procèderont à des vérifications, mieux ça vaudra pour eux.
Mais à propos de cette affaire de plus de 564 millions, nous attendons la procédure qu’adoptera l’UTB. La réalité implique certains responsables qui devront justifier ce qu’ils avaient posé comme acte lorsqu’ils avaient constaté des anomalies sur les mouvements du compte de ce client, anomalies imputables aux agents de la banque.
Godson K. / Liberté