Les ressources du Togo sont limitées devant des besoins « énormissimes » des populations. Mais que ne ferait pas Faure Gnassingbé pour les beaux yeux de son nouveau Premier ministre ? Elle l’a réclamé, elle l’a obtenu. Les locaux des services de la douane abriteront bientôt le siège de la Primature.
Faure Gnassingbé aurait-il pu accéder à cette demande si le Premier ministre ne portait pas de jupon ? A l’heure où les finances du Togo connaissent une réduction du fait de la raréfaction des dons programmes, Victoire Tomegah-Dogbé déménage dans les locaux dans les locaux de l’ancienne Direction Générale de la Douane actuellement occupée par les agents de l’Office togolais des recettes (OTR). L’information a été confirmée par les responsables de l’OTR.
« Dans le cadre de ce déménagement, Mme Victoire Tomégah-Dogbé aurait sommé les occupants de vider les lieux. Un délai d’un mois leur a été accordé pour s’exécuter. « C’est la débandade. Ça court dans tous les sens pour que les lieux soient libérés dans le temps », rapporte une source. Ce changement des locaux de la Primature est une première depuis plusieurs années. Les premiers ministres se sont succédé, mais aucun n’a visiblement émis la demande de délocalisation. Ils se sont contentés de changer de bureaux à leur arrivée, et à leur départ, de vider les bureaux en emportant tous les meubles. C’est la règle dans tous les ministères au Togo », avions-nous écrit le 6 novembre 2020. Désormais, c’est chose actée. Mais le timing choisi et la pratique interpellent.
Comme dit plus haut, beaucoup de ministres vident les bureaux de leurs effets à leur départ. Et cette décision de dame Victoire Tomégah-Dogbé impactera conséquemment le budget du pays déjà réduit. En effet, point besoin de se demander si le réaménagement nécessitera du neuf ou pas. Assurément, peu importe le caractère salé de la facture qui en découlera. On craint que, hormis les briques, les finances ne soient contraintes à supporter des dépenses sans appel d’offres, l’essentiel étant de satisfaire l’agrément de la nouvelle locataire. Ainsi, du plafond au plancher, en passant par le mobilier et tout le reste, sans omettre les ouvertures, tout risque d’être changé sur le dos des contributions des citoyens.
« Il ne vous a pas échappé que le rendez-vous de ce jour intervient dans un contexte particulier marqué par une crise sanitaire dont nous n’avons pas encore fini de mesurer les conséquences socioéconomiques. Même si la santé de nos concitoyens reste notre priorité, nous ne pouvons détourner notre attention des conséquences socioéconomiques de la crise du coronavirus. Et la crise actuelle est une menace pour les acquis et les ambitions de notre Plan national de développement », avait crié le Premier ministre le 2 octobre 2020. Aujourd’hui, des fronts sont en instance de se faire entendre. Les secteurs de l’éducation et de la santé, tous deux prioritaires, sont dans une insatisfaction réelle. Mais dame Tomégah-Dogbé estime que l’aménagement et la rénovation à coups de dizaines voire centaines de millions de la primature –les citoyens ne sauront jamais la facture exacte de la rénovation- est plus prioritaire ; autrement, elle choisirait un autre moment pour faire ce pied de nez aux populations. Le PND est en souffrance, mais ce n’est pas le souci du Premier ministre. Les conséquences socioéconomiques du coronavirus sont-elles vraiment un souci pour dame Tomégah-Dogbé ?
Beaucoup sont ceux qui parlent de leadership du chef de l’Etat. De quel mal souffre l’actuelle primature pour que sa locataire ressente le besoin urgent de l’abandonner pour ailleurs ? La transparence dans la gestion des finances publiques appelle les députés à interpelLer le Premier ministre afin qu’elle s’explique sur les raisons qui fondent son déménagement. Mais comme c’est de coutume, les « représentants du peuple » ont d’autres chats à fouetter. Soit dit en passant, dans quelle loi de finances la rénovation d’une nouvelle primature est-elle inscrite ? Cette de 2020 ou celle à venir ?
Nous apprenons que pendant que dame Victoire Sidémého Marie-Noëlle Djidudu Tomegah-Dogbé pense à grever les finances de l’Etat, les Surveillants de l’Administration Pénitentiaire (SPA) s’apprêtent à hausser le ton aujourd’hui. Le gouvernement optera-t-il toujours à plaire à l’égérie de Faure Gnassingbé, ou à accorder une certaine attention aux agents qui surveillent les prisons du Togo ?
Godson K.
Source : Liberté