Il aura le 26 décembre prochain 84 ans et aura passé une quarantaine d’année sur la scène politique togolaise. Considéré pendant longtemps comme un opposant redoutable au régime de Gnassingbé Eyadema, victime d’un odieux attentat le 5 mai 1992 à Soudou dans lequel il failli laisser sa vie, la trajectoire de Gilchrist Olympio le président national de l’UFC aura été tout le long de sa vie pleine de mystères, d’énigmes et de surprises.
Fils de l’ancien président Sylvanus Epiphanio Olympio, père de l’indépendance du Togo, bénéficiant de l’aura de ce dernier au sein de la population, le leader de l’UFC a été longtemps considéré par une partie de la population comme le seul à pouvoir conduire le peuple à l’alternance. A la grande surprise générale, à la mort de Gnassingbé Eyadema, il décide, en mai 2010, de signer un accord avec son fils Faure Gnassingbé parvenu au pouvoir dans une mare de sang le 5 février 2005 à la suite d’un coup d’Etat constitutionnel suivi d’un hold-up électoral. Cet accord de 2010 consécutif à des négociations secrètes sous le parrainage de la fondation Sant’Egidio visant le partage du pouvoir a fait l’objet d’interprétations diverses au sein de la classe politique et de la population. Au sein de son propre parti politique, c’est la guerre entre le leader charismatique et ses lieutenants. A la suite de plusieurs accrochages, ces derniers décident de quitter le navire pour aller créer leur propre formation politique. Cet accord présenté comme la paix des braves est perçu dans l’opinion comme une trahison et c’est la descente aux enfers de Gilchrist Olympio et du dernier carré de ses fidèles.
Le leader de I’UFC, au lendemain de la signature de cet accord qui en fait comporte des clauses secrètes (transaction financière et indemnisation de la famille Olympio), se vantait de pouvoir changer le visage du Togo en 6 mois. Des années plus tard, et comme d’habitude, en dehors de quelques postes ministériels concédés, le régime de Faure Gnassingbé n’a pas honoré ses engagements. Le contraire aurait étonné. Vilipendé par l’opinion, considéré comme un grand traitre, Gilchrist Olympio et son parti politique n’avaient d’autres choix que de se jeter définitivement dans les bras du régime RPT/UNIR. Cet amour contrarié, cet attelage contre nature a permis au système de Faure Gnassingbé, au fil des années, d’enterrer définitivement le plus grand parti politique au Togo et son redoutable leader. La dernière élection présidentielle contestée suivie des mois plus tard de la formation du gouvernement « matriarcal » de Victoire Noelie Dzidudu Tomegah-Dogbé a permis à Faure Gnassingbé de fermer définitivement la page de la collaboration avec l’UFC, suscitant la réaction de certains jeunes agités du parti-détia qui lorgnaient dans l’ombre quelques strapontins au sein du gouvernement.
L’heure de la retraite politique IF définitive a sonné
Depuis l’accord politique de mai 2010, suivi de la crise interne à l’UFC et du départ de certains de ses lieutenants, le vieux leader a presque privatisé son parti. Il était le seul à décider pratiquement de l’orientation des cadres à promouvoir. Une catégorie de courtisans composés de jeunes loups aux dents longues s’affublant des titres les plus farfelus a émergé. Le « Maréchal » prenait plaisir à manipuler tous ces gens, les opposants les uns aux autres avec la finalité de maintenir toujours son contrôle sur le parti. Au bout du compte, on se retrouve avec un parti politique totalement en lambeaux avec des cadres désarçonnés, chacun utilisant ses relations pour avoir une petite place auprès du régime.
A presque 85 ans, affaibli par la maladie, son dernier check up n’aura pas été rassurant. Du coup, Gilchrist Olympio a décidé, sans le dire ouvertement, de quitter la scène politique. Il a donc entamé un déménagement de ses affaires essentielles de Lomé vers Accra. Le domicile qu’il occupe à Wuiti qui se trouve être la maison de feu Bob Emmanuel Akitani, ancien Vice-président de l’UFC, ancien candidat à la présidentielle de 2010 ; a été vidé de tous ses effets et les clés remises aux propriétaires. Une triste fin de carrière politique pour celui qui aura pendant plus de 40 ans marqué la scène politique togolaise. Un leader redoutable craint par le régime et ses collègues. Avec la disparition de Yawovi Madji Agboyibo, d’Edem Edouard Kodjo, c’est le crépuscule pour les leaders des années 1990. Gilchrist Olympio, vu l’aversion du peuple togolais envers sa personne, un amour qui s’est transformé en haine viscérale, a certainement choisi de passer les derniers jours de sa vie non seulement loin de la scène politique, mais aussi de ce peuple « ingrat » (sic) qui n’aurait pas compris ses choix politiques. Du début jusqu’à la fin, l’emblématique leader de l’UFC, le miraculé de Soudou, restera un mystère.
Ferdi-Nando
Source : l’alternative n° 916
C’est Emmanuel AKITANI-BOB