. Le personnel soignant trouve des prétextes pour ne plus répondre présent au travail
Et si les analyses démontraient qu’effectivement des cas de malades à virus Ebola existent au Togo, les autorités auront-elles le courage de l’annoncer ? Hier, nous nous sommes rendus au centre d’isolement du CHU Campus suite à l’information selon laquelle deux suspects seraient en isolement. Et l’amer constat établi est que le Togo n’est pas préparé à faire face à cette maladie, car le risque est grand qu’à l’annonce d’un cas avéré, tout le personnel soignant trouve des prétextes pour ne plus répondre présent au travail, ce à quoi nous avons assisté hier.
Situé au nord du bâtiment central du CHU Campus, le centre d’isolement semble abandonné. Pas âme qui vive, ou plutôt, seule une âme en tenue y est visible, l’infirmier. Et pourtant, le personnel devrait comporter un assistant d’hygiène, un garde-malade, un infirmier et un médecin, mais seul l’infirmier était au poste depuis 8h. Il est supposé partir à 18h et se demande si la relève sera au rendez-vous. Qu’adviendrait-il de la surveillance des cas suspects si la relève ne venait pas ?
Nous avons appris que lundi dans la soirée, pour des raisons non expliquées aux patients admis dans certaines salles du CHU Campus, ceux-ci ont été priés de les évacuer. Des agents sont ensuite passés dans ces salles pour procéder à une séance de pulvérisation d’un produit dont ils ignorent le rôle. Des patients racontent avoir par la suite aperçu un homme ressemblant à un Indien portant une combinaison et qui prenait la direction du centre d’isolement. Combien sont-ils actuellement dans ce centre ? Et qui sont-ils ?
Selon l’infirmier que nous avons rencontré hier, ce sont une femme togolaise étant passée par la Sierra Leone et un Philippin qui sont en isolement depuis lundi. La femme a reconnu être passée par la Sierra Leone où sévit la maladie à virus Ebola avant de rentrer au Togo. Elle s’est plainte de maux de gorge, et en guise de mesures de prudence, il a été décidé qu’elle soit mise en quarantaine au moins pour une durée égale à la période d’incubation du virus.
Le deuxième cas suspect, le Philippin en provenance du Libéria, avait été admis en gastrologie jeudi dernier dans une cabine individuelle, mais à en croire l’infirmier, son suivi était problématique du fait que le personnel n’était pas toujours disponible pour le suivre. Raison pour laquelle il a été transféré dans la salle commune. Mais des signes qui ressembleraient aux symptômes de la maladie à virus Ebola ont conduit le staff à le transférer vers le centre d’isolement. Même si des signes extérieurs apparaissent, l’infirmier qui côtoie les suspects ne parle pas de cas d’Ebola, simplement parce que les résultats des analyses ne sont pas encore disponibles pour affirmer ou infirmer quoi que ce soit. Et à l’en croire, le Philippin n’aurait pas fait de fièvre entre lundi et hier alors qu’il en faisait lors de son admission en gastrologie.
Le Togo a mis à contribution une société de transport aérien rapide des prélèvements vers un pays de la Cédéao pour les analyses. Reste à savoir si les autorités rendront publics les résultats de ces suspects.
Nous avons appris aussi que les deux bâtiments affectés à l’isolement des cas suspects comportent chacun deux cabines avec sanitaires individuels. Pressé de dire ce qui se passerait si une dizaine de cas se présentaient simultanément, l’infirmier a laissé entendre que des tentes sont en projet et qu’à sa connaissance, il n’existe que les centres d’isolement du CHU Campus et de l’aéroport.
Seule une sortie médiatique du Premier ministre représentant le ministre de la Santé et du Secrétaire général du ministère, Pr. Napo-Koura pourra édifier et rassurer les citoyens sur les dispositions préventives prises par l’Etat pour contenir l’épidémie. Et expliquer pourquoi les services d’hygiène ont procédé à une séance de pulvérisation si aucune preuve de la maladie n’est apportée. Mais au cas où les résultats confirmeraient les craintes de chacun, comment le personnel soignant ayant approché le malade et les patients ayant séjourné dans les environs de celui-ci seront-ils traités ?
Notons que ça commence à faire beaucoup de cas suspects qui ne décident pas les autorités à organiser des points de presse. Jusqu’où le Togo trainera-t-il les pieds dans la communication sur l’état de cette maladie ?
Godson K.
Liberté Togo