Tout le monde sait au Togo que l’option du pouvoir de Lomé était d’aller aux élections législatives sans un minimum de consens politique ni d’échanges avec l’opposition sur les règles de jeu devant conduire à une élection apaisée.
C’est une évidence d’autant que Faure Gnassingbé et ses affidés ne s’en sont guère cachés.
A plusieurs reprises et sur toutes les antennes de radios et de télévision, Gilbert Bawara, le ministre de l’administration territoriale, les journalistes proches du pouvoir, Gilchrist Olympio, président de l’UFC, ont soutenu ouvertement qu’il n’y aura plus de dialogue au Togo, du moins avant les élections législatives.
Pour soutenir cette ligne, Faure Gnassingbé a dépêché, maintes fois, des missions secrètes en France et à Bruxelles pour convaincre les partenaires d’accepter ce choix arbitraire du pouvoir de Lomé. Mais en vain.
L’Union Européenne, la CEDEAO et d’autres institutions internationales ont toujours clamé la nécessité pour le Togo d’organiser des élections consensuelles pour éviter un nouveau bain de sang dans notre pays.
Malgré les communiqués clairs que ces partenaires ont sortis à cet effet, le pouvoir de Lomé est resté muet, comme une carpe voulant à tout prix aller tête baissée, à ces élections sans rien consentir à l’opposition.
Il a donc fallu une pression farouche du clergé catholique, des presbytériens, des partis politiques de l’opposition, des organisations de la société civile et l’implication directe des USA pour qu’enfin, Faure Gnassingbé, à son corps défendant, accède à cet impératif qui relève en réalité du simple bon sens.
Les rencontres entre le pouvoir et l’opposition qui ont eu lieu sous l’égide de l’ambassadeur des USA au Togo et du président de la CVJR, Msr Nicodème Barrigah ont permis de raisonner, un tant soit peu, nos dirigeants sur la nécessité pour eux et pour le Togo d’apaiser la vive tension qui existe dans le pays avant de conduire les togolais aux élections.
Les concessions obtenues par l’opposition, pratiquement à l’arrachée, sont assez maigres, très maigres à vrai dire. La libération de certaines personnes arbitrairement détenues dans l’affaire des incendies, l’élargissement de la CENI et des CELI à l’opposition. C’est tout.
Le principe du financement des partis politiques est une exigence de la loi votée par l’Assemblée Nationale et une recommandation de la loi fondamentale.
Les nombreux points de blocages qui devraient être déverrouillés par le Président de la République, sont restés en l’état. Faure Gnassingbé ayant choisi exprès, d’esquiver la demande d’audience formulée par MSR Barrigah et sa délégation.
L’objectif de cette fuite en avant était de contraindre l’opposition, notamment le CST au boycott. Mais celle-ci a déjoué le plan.
Les leaders de l’opposition ont bien tiré les leçons du passé pour se résoudre à aller aux élections dès lors que le minimum est acquis. Dès lors aussi que cette oppostion a des preuves irréfutables que le peuple togolais, dans sa large majorité a vomis le pouvoir actuel.
C’est l’occasion ou jamais pour cette opposition, de bloquer ce régime dans sa dérive bestiale qui consiste à tout faire à l’envers, dans la triche et dans l’immoralité absolue.
Il a donc suffi que la Communauté Internationale que la pouvoir de Lomé a passé des mois à faire la cours en vain, se dise satisfaite des résultats du mini dialogue, pour que ce même régime qui a été contrainte à ce dialogue, s’en accapare pour faire croire à ceux qui veulent l’entendre qu’il ne vit que par ce dialogue.
« Le dialogue est la clé de voûte qui a toujours sous-tendu l’action du gouvernement » a affirmé Gilbert Bawara au cours de la conférence de presse qu’il a organisée jeudi à son cabinet. Faut-il en rire ou pleurer ?
De quel dialogue parle monsieur le Ministre de l’administration territoriale ? Le code électoral qui définit les règles du jeu pour ses élections a-t-il été adopté sur la base d’un dialogue ?
La composition actuelle de la CENI et ses démembrements respecte-t-elle les prescrits des dialogues antérieurs ? Le découpage électoral disproportionné actuellement en vigueur a-t-il été discuté avec l’opposition ?
Que se passe-t-il concrètement dans la tête de nos dirigeants ?
Gilbert Bawara a même félicité Msr Nicodème Barrigah pour son implication personnelle et ses efforts dans le cadre de ce dialogue alors que ce même prélat a été laissé sur le carreau par Faure Gnassingbé, son mentor, il y a juste 24 heures. C’est malheureux et triste pour notre pays.
Comment des dirigeants à la tête d’un Etat moderne peuvent se montrer aussi incohérents allant dans un sens et dans l’autre à la fois sans un minimum d’élégance ?
Les togolais doivent alors supposer que le pouvoir de Lomé voulait vraiment du dialogue, de tout son cœur, mais qu’il avait choisi, par simple fantaisie de narguer la communauté in ternationale et l’opposition par une résistance absconde ?
Quand est-ce que ce régime cinquantenaire comprendra que nous sommes au 21ème siècle et que la mentalité des hommes a beaucoup évolué ?
Même dans la situation actuelle où plus de 70% des togolais sont analphabètes, les gens ont bien développé le sens de l’observation pour comprendre, par eux-mêmes, où leurs dirigeants veulent les mener.
Le temps de la naïveté des peuples dont les dirigeants indélicats ont toujours abusé est largement révolu.
Aujourd’hui, tout dirigeant qui s’égare dans l’aventure du dilatoire et de la fuite en avant court le risque de se faire frapper sans pitié par une révolte ou un vote-sanction du peuple.
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