Le 28 avril dernier, le Nouvel engagement togolais (NET) de Gerry Taama (photo) soufflait sa première bougie. A sa création, cette formation politique née le 28 avril 2012 avait un triple objectif : Lutter contre la pauvreté, permettre l’instauration de la démocratie dans le pays et inciter à la refondation du système éducatif togolais. Un an après, ces objectifs ont-ils été atteints ? Le NET a-t-il une représentativité sur l’échiquier politique au Togo ? Combien de Togolais ce parti a-t-il convaincu à le suivre ?
C’est à cet exercice de question-réponse que se prête l’ancien élément des Forces armées togolaises, Gerry passé désormais sous le drapeau de la politique et des affaires. Lire l’entretien.
Afreepress : Bonjour M. Gerry Taama, votre formation politique le « NET » a célébré le 28 avril dernier son premier anniversaire de création. Rappelez-nous au prime abord les objectifs poursuivis en mettant sur pied ce parti ?
Gerry Taama : Les objectifs du NET sont triples : Lutte contre la pauvreté, instauration de la démocratie et refondation de notre système éducatif.
Pour cela, le NET s’est imposé de faire autrement la politique en y intéressant plus les jeunes, en engageant la classe politique de l’opposition à la réalisation d’une véritable synergie et en créant les conditions d’une véritable alternance.
Afreepress : Quel est le bilan en terme d’adhésion et d’atteinte de ces objectifs une année après ?
Gerry Taama : Aujourd’hui, nous avons environ 10 000 adhérents à l’échelle nationale. Au rang de nos objectifs immédiats, nous pouvons dire que nous avons réussi à intéresser beaucoup de jeunes à la politique. Nous sommes aujourd’hui un parti qui compte sur l’échiquier politique national comme international.
Afreepress : Votre analyse de la situation sociopolitique du pays prête-t-elle à l’optimisme ou est-elle pessimiste ?
Gerry Taama : On ne peut pas être pessimiste et faire la politique. Non, la situation sociopolitique togolaise est inquiétante. Nous sommes dans une situation caractérisée par l’impasse. Or, comme vous le savez, l’impasse pour un peuple est source de tous les dangers. Notre pays court vers des lendemains incertains, si la crispation politique et le refus de se parler persistent.
Afreepress : Pourquoi avoir fait le choix de quitter le treillis pour des costumes et cravates ? En d’autres termes, la politique nourrit-elle son homme ?
Gerry Taama : En quittant l’armée, je ne m’imaginais pas faisant la politique. Disons que je suis venu à la politique à travers mon statut de blogueur. C’est grâce au blog que le public m’a découvert, mais c’est avec des camarades que nous avons décidé de lancer une formation politique. Pour répondre à votre question. Non, la politique ne nourrit pas son homme. Au Togo, elle l’appauvrit plutôt. Et sérieusement.
Afreepress : À quel stade voyez-vous le NET dans les années à venir ? Serait-elle une formation politique avec des députés, des conseillers municipaux et des ministres ou une formation politique qui attendra l’alternance pour se faire une place au sein d’un gouvernement ?
Gerry Taama : Des députés, sans doute, si les conditions d’organisation des élections à venir respectent les normes. Des conseillers municipaux ? Je ne pense pas que le gouvernement veut organiser des élections municipales. Sinon, oui, nous en aurons aussi. Pour les ministres, je crois qu’il faut être dans la coalition gouvernementale avant d’y avoir des représentants. Comme vous le savez, nous sommes de l’opposition.
Afreepress : Comment appréciez-vous le discours de 25 minutes prononcé par le Chef de l’État à l’occasion du 53e anniversaire de l’indépendance du Togo ?
Gerry Taama : Parce qu’il était très attendu, il a déçu beaucoup de Togolais. Et pourquoi était-il attendu ? Parce que notre président de la République n’est pas en communion avec son peuple. Et ce discours n’a été que l’illustration de cet état de choses. Nous avons eu l’impression, à travers ce discours que notre président ne réalisait pas pleinement le drame qui se joue pour son peuple. Celui-ci est simple. Notre peuple se meurt. Le pouvoir d’achat n’a jamais été aussi faible. Que les fonctionnaires manifestent, et qu’on y entrevoit des agendas politiques traduit cette distance du président avec notre peuple. Un médecin interne après 8 à 9 ans d’université gagne moins de 150 000 F CFA. Dans les pays de la sous-région, son salaire est de trois fois supérieur. Et vous savez vous-même ce qu’on peut faire avec ce salaire au Togo. Le scandale de ce discours se retrouve dans l’impression de méconnaissance des réalités togolaises.
Afreepress : C’est quoi votre rêve pour le Togo ? L’alternance d’ici 2015 ou la création et la redistribution des richesses du pays même avec le système actuel ?
Gerry Taama : Les deux sont associés. Sans création et redistribution des richesses, l’alternance est difficile, car aujourd’hui la pauvreté est utilisée comme un outil de prédation du pouvoir. C’est parce que les populations sont pauvres qu’on achète si facilement leur vote. Par contre, on ne saurait imaginer que l’alternance ne nous apporte pas une redistribution des richesses. Ce qu’il faut, c’est l’organisation des forces démocratiques en vue de la conquête du pouvoir. Nous n’y sommes pas encore, hélas.
Propos recueillis par Olivier A.
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