Mgr Barrigah, entre le 19 mai 1963 et le 4 août 2024, les coordonnées de votre existence sur notre terre, il y a plusieurs dates parmi lesquelles se trouve celle du 9 mars 2008.
Oui en cette date du 9 mars, vous étiez ordonné comme le quatrième évêque pour le diocèse d’ Atakpamé.
17 ans après, cet événement reste présent dans notre mémoire non seulement comme un fait historique conservé dans des archives mais plus encore comme un fait qui se prolonge dans notre présent et dans celui de Dieu. Car, seul ce qui a commencé et a été , est éternel.
C’ est paradoxal mais c’ est ainsi la loi d’éternité de l’ être fini que nous sommes (la finitude radicale, cf Kant et Heidegger).
Et c’est pourquoi le 9 mars est inscrit pour toujours sur le tableau existentiel, car il a eu la grâce d’avoir eu lieu. Rien ne saurait l’effacer et plus encore rien et absolument rien ne peut faire comme s’il n’ a jamais existé.
Savoir que seul ce qui a existé est éternel doit nous pousser à laisser non seulement des traces mais de bonnes traces.
Avant cette date, vous étiez prêtre de l’Église catholique, et à partir de cette date vous étiez devenu évêque.
Et à cet instant remonte à mon esprit les paroles de l’ évêque d’ Hippone: « Pour vous, je suis évêque, mais avec vous je suis chrétien ».
Ici encore se vérifie la phrase, « seul ce qui a existé est éternel », car cette phrase de St Augustin (354-430) est toujours d’actualité.
Mais ce que je retiens de vous Mgr Nicodème Anani Barrigah comme leçon de cette date va au-delà de la phrase de St Augustin.
Car pour tous ceux et toutes celles qui vous ont connu, vous êtes un serviteur. Ainsi j’ose cette formule à votre sujet :
« Pour vous, je suis évêque, avec certains je suis chrétien et fondamentalement avec tous et toutes je suis un être humain (19 mai 1963). »
Si le disciple n’ est pas plus grand que son Maître et que celui qui vous a appelé à l’ ordre épiscopal s’ est présenté à l’Humanité comme le Serviteur de l’ Homme ( cf. le lavement des pieds du jeudi saint, Jésus et Zachée, Jesus et la Samaritaine, Jésus et la pécheresse etc), vous ne pouvez pas être autre chose que serviteur de l’être humain connu comme chemin vers Dieu.
N’est- ce pas ce que dit d’ ailleurs St Luc dans les Actes des Apotres en définissant le Christ comme celui qui passait en faisant le bien? ( Actes 10, 38).
En lavant les pieds à ses disciples, Jésus a montré que l’ essence du sacerdoce est dans le service. Et parce que, par la consécration épiscopale est conférée la plénitude du sacrement de l’ ordre ( cf Concile Vatican II), vous avez accepté d’ être un serviteur non seulement au sein de l’ Église mais un serviteur de l’homme et de la femme partout et, par conséquent, sans distinction sociale, religieuse, ethnique, politique etc.
Mais vous avez aussi compris qu’ un danger guette toute autorité humaine : l ‘ abus de pouvoir.* *Et comme garde-fou, vous avez eu l’ audace de nous laisser un livre sur cette réalité alors que vous étiez encore en fonction.
« Crise d’autorité: abus de pouvoir » est un livre prophétique. Et sans faire de leçon, sans vous placer au-dessus des autres, vous avez indiqué le danger pour toute autorité qui peut, facilement et pour différentes commodités, oublier sa vraie nature: la diaconie.
Mgr Nicodeme Anani Barrigah, vous n’êtes plus physiquement dans notre monde mais vous êtes là par vos œuvres, vos traces: vos écrits ( livres , Beati Pacifici etc) vos chants.
Vous êtes présent par vos anecdotes rassemblées par Komi Obubé AFANCHAHO dans un livre.
Pour cette année 2025, lors de nos échanges en juin 2024, vous avez accepté de laisser encore des traces dans notre Église et dans notre pays en animant des conférences que nous devions programmer car vous avez dit qu’il faut des espaces d’ échanges et de circulation d’ idées et de réflexions.
Ce désir est resté projet laissé certainement entre nos mains. De là où vous êtes, vous saurez suggérer des formes pour la réalisation de ces espaces pour que l’ Esprit souffle davantage en passant par les uns et les autres.
Mgr Barrigah, vous êtes parti pour aller vers Dieu, source de la Vie. Mais vous êtes aussi parti pour vivre davantage en nous et par nous.
* »Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’ il meurt, il porte beaucoup de fruits ».*( Jn 12, 24).
Tu es le Seul Saint Seigneur Dieu, Toi qui fais des merveilles.
(FOLIKOUE Ekoué Roger, la Joie de la Croix, RJC)