Le 05 février 2005, après plus de 38 ans à la tête du Togo, le Général Gnassingbé Eyadema décède alors qu’on le transférait à l’extérieur du pays pour subir des soins médicaux. Sa disparition pour le moins inattendue provoqua une crise politique et constitutionnelle jamais connue auparavant sur ce rectangle de terre englué entre le Ghana et le Nigeria. Sa succession intervenue dans des conditions rocambolesques en violation de la Constitution a entrainé des centaines de morts comme l’a attesté une mission des Nations unies.
Seize (16) ans après, retour sur ces événements qui ont suivit la mort du Général Eyadema et qui ont marqué l’histoire du Togo.
Retour sur le film de trois mois de crise de succession au Togo.
Samedi 05 février 2005
Il sonnait 19 h quand le Premier ministre, Koffi Sama, annonçait la disparition du chef de l’Etat, le Général Gnassingbé Eyadema. « Une catastrophe nationale vient de frapper le pays », a-t-il déclaré sur les médias nationaux. Dans le communiqué qu’il a lu, le Premier ministre, a souligné que « le Président est décédé ce matin alors qu’on le transférerait à l’extérieur du pays pour subir des soins ». Il a par ailleurs annoncé la fermeture des frontières.
Moins de 2 heures après cette annonce, alors que le corps du défunt n’était pas encore « refroidit », le chef d’Etat-major des FAT, le Général Zakari Nandja, est également monté sur les médias nationaux. Dans un message qu’il lu après avoir fait allégeance à l’un des fils du défunt président Faure Essozimna Gnassingbé en présence de son demi-frère Kpatcha Gnassingbé, le Général Zakary a déclaré que l’armée ‘’constant la vacance totale du pouvoir suite au décès du chef de l’Etat et en l’absence du président de l’Assemblée nationale, Fambaré Ouattara Natchaba, a décidé de confier le pouvoir à Faure Gnassingbé.
Une déclaration de dévoiement du pouvoir par voie monarchique qui a suscité de vive réaction de la part de la communauté internationale. L’Union africaine par la voix de son Commissaire Alpha Omar Konaré a qualifié cette situation de « coup d’Etat des mercenaires à col blanc ».
Dans le monde, les condamnations fusaient de partout : le président en exercice de l’UA, la CEDEAO, l’OIF, l’UE…
A l’intérieur du pays, l’opposition démocratique a aussi haussé le ton. Le leader de l’opposition Gilchrist Olympio joint par RFI a condamné la situation et a annoncé qu’il se préparait pour rentrer au pays. Il a annoncé d’ores et déjà sa candidature aux élections présidentielles à venir.
Seule voix discordante dans cette marrée de condamnation de la manière dont la succession a été faite à la tête du pays émane est celle de François Chirac, le président français qui, a rendu hommage à « l’illustre disparu » le qualifiant d’un « ami de la France et un ami personnel ».
Dimanche 06 février 2005
Le gouvernement décrète un deuil national de 2 mois.
A la suite des condamnations internationales dénonçant le coup de force constitutionnel, le corps électoral a été convoqué dans un délai de 60 jours pour aller choisir un nouveau président.
Les nouvelles autorités togolaises ont voulu habillé de légalité cette mascarade constitutionnelle. Ainsi, l’Assemblée nationale dominée par le RPT réunis en session extraordinaire a modifié les articles 65 et 144 de la Constitution qui prévoyaient des élections dans un délai de 60 jours et l’interdiction de modifier la constitution en période de vacance du pouvoir.
En outre, l’article 203 du code électoral fut également modifié pour permettre à Faure de retrouver son siège de député.
Avec ces modifications, il ne restait qu’à Faure Gnassingbé, le fils du défunt président, de faire ce qu’il convient d’appeler « un passe-passe».
Ainsi donc à la présidence de la République où les FAT l’ont placé, il démissionne de son poste précédant de ministre et reprenant sa place de député avant de se voir élire à la tête du perchoir de l’Assemblée nationale afin d’occuper légalement la présidence.
Ainsi, en l’espace de 24h, ce jeune homme dont on disait beaucoup de bien parce que s’étant formé dans des prestigieuses universités française et américaine s’est non seulement discrédité aux yeux de l’opinion en devenant non seulement un putschiste mais encore en occupant tous les postes de l’Etat : du ministre à la présidence de la République en passant par le député ; de président de l’Assemblée nationale au Président de la République. Une ascension fulgurante jamais vu auparavant dans l’histoire du pays et pourquoi pas dans le monde. Peut-être qu’il méritera d’être inscrit dans le livre de record de Guinness.
07 février 2005
Le « nouvel homme fort » du pays prête serment devant les membres de la Cour constitutionnelle. Il a juré de respecter la constitution laquelle il a déjà violé par son coup d’Etat.
La cérémonie boycottée par la plupart des chancelleries occidentales et africaines. Seuls les diplomates libyen, ghanéen, de la RDC et une délégation ivoirienne ont assisté à cette investiture.
La cérémonie a été aussi boycottée par la délégation de la CEDEAO arrivée la veille à Lomé et qui a tenté de faire entendre raison aux nouvelles autorités togolaises.
Cette délégation conduite par le chef de la diplomatie nigérienne Mme Aïchatou Mindaoudou et le secrétaire général de la CEDEAO, le ghanéen Ibn Chambas a préféré quitter Lomé avant cette investiture sans résultat concret de sa médiation.
Les frontières, fermées à l’annonce du décès du Président Eyadema sont de nouveaux réouvertes. Parallèlement à cette réouverture, le gouvernement interdit toute manifestation publique sur le territoire national durant les deux mois du deuil national. Le gouvernement aussi augmente la présence policière sur les principales artères de la ville.
Le principal opposant Gilchrist Olympio annonce que « il n’acceptera pas la désignation de Faure par l’armée ».
Un regroupement de partis de l’opposition notamment l’ADDI, le CAR, la CDPA, le PSR, l’UDS-Togo, et l’UFC invite la population à respecter 48 h d’opération ‘’Togo-mort’’
08 février 2005
Au 1er jour de cette opération ’’Togo-mort’’. Le bilan est mitigé. Bien respectée dans la matinée, cette opération, a connu dans la soirée la reprise des activités à Lomé où les activités ont un tout petit peu retrouvées leurs ambiances normales.
Les écoles publiques et privées ont fermé leurs portes, les magasins et les entreprises du secteur privé ont plus respecté le mouvement que l’administration.
Il est à noter que la plupart des fonctionnaires y sont allés seulement pour faire acte de présence. Ne travaillant pas, ces fonctionnaires passaient leurs temps à lire des journaux ou à avoir les oreilles collées aux postes récepteurs. Les taxis et les autres zémidjan sont invisibles dans les rues.
Le ministre de l’intérieur, le chef d’escadron Akila-Esso Boko, dément les rumeurs de couvre-feu et invite la population à vaquer librement à leurs occupations.
Les médias notamment les radios Kanal FM et Nostalgie qui organisent des émissions d’actualité sur leurs antennes subissent des pressions de la part des autorités pour qu’elles arrêtent ces émissions surtout les émissions inter-actives. Ainsi, radio Nostalgie a reçu la visite de deux gendarmes dans ses locaux.
Hier, aux environs de 18 h, des tirs de feu et de gaz lacrymogène ont été lancés au niveau de la prison civile de Lomé. Ces coups seraient tirés pour faire rentrer les prisonniers qui auraient refusé de rentrer dans leurs cellules. Ces tirs ont semé la panique dans la ville entrainant des courses.
09 février 2005
Message : le 1er du Président de fait à la nation. Dans ce message radiotélévisé adressé en fin de matinée, le nouveau président se dit prêt à poursuivre :
-22 engagements souscrits auprès de l’UE par son défunt-père de président
-réduire d’un ¼ des peines aux détenus de droits communs
-relancer le dialogue inter-togolais ouvert à toutes les forces vives de la nation notamment aux partis politiques
-organiser des élections libres et transparentes dès que possibles, toutefois il n’a pas précisé ni la date, ni de quelle élection il s’agit.
Le discours est prononcé à quelques heures de l’ouverture du sommet de l’OIF sur le Togo en France sous la présidence de son secrétaire général de l’organisation Abdou Diouf.
Ce sommet condamne le coup d’Etat, suspend la participation de tous les représentants du Togo à l’organisation, suspend toute coopération multilatérale avec le Togo à l’exception de celle touchant directement la population, envoie des émissaires des hauts niveaux auprès des autorités togolaises pour les ramener à la raison.
Pour sa part, la CEDEAO réunis à Niamey en sommet, en présence de 9 chefs d’Etat de l’organisation, du président de l’UA et du président de la commission de l’UA
-condamne le coup d’Etat
-exige le retour à l’ordre constitutionnel
-dépêche une délégation de haut niveau à Lomé
Quant à la présidence luxembourgeoise de l’UE, elle condamne aussi le coup d’Etat.
Le discours du président Faure Gnassingbé n’a pas modifié l’attitude des partis de l’opposition à son égard. Ils exigent toujours le retour à l’ordre constitutionnel avant toute négociation.
Comme prévu dans le discours du président, quelques 142 prisonniers recouvrent la liberté.
Les responsables des médias ont été conviés à une réunion au siège de la HAAC. Alors qu’ils s’entendaient à voir en face d’eux les membres de cette institution, c’est l’attaché de communication des FAT, le Commandant Moïse Kermès qui les accueille. Il a lancé une mise en garde ferme aux responsables des radios qu’il a nommément cité : Kanal FM, Nana FM, Nostalgie et radio Maria. « Les FAT, a-t-il précisé, ne toléreront plus que des médias puissent appeler la population à la révolte. Nous avons tous les moyens pour faire taire ceux qui ne veulent pas respecter la déontologie. Nous ne voulons pas un autre Rwanda au Togo », a-t-il martelé.
Mais les responsables de ces radios devraient se sentir heureux puisque leurs collègues de radio « Lumière FM » à Aného n’ont pas eu cette chance. Puisque les éléments des FAT avec le Préfet des Lacs ont fait main basse sur les matériels de cette radio contraignant le directeur et le personnel à la clandestinité.
A la dernière nouvelle, le Président de la HAAC et de l’URATEL (Union des radios et télévisions libres) ont mené des tractations permettant la restitution des matériels saisis et le personnel pourra sortir de la clandestinité.
11 février 2005
La délégation des chefs d’Etat de la CEDEAO dépêchée à Lomé pour rencontrer les nouvelles autorités, a suspendu son voyage. Et pour cause, l’avion précurseur du président Olussegun Obasanjo a été empêché de se poser à l’aéroport de Lomé.
Les autorités lui demandent d’aller se poser sur l’aéroport de Niamtougou, ville proche de Kara, où selon elles la réunion devrait finalement avoir lieu. Refus du Nigeria qui a préféré plutôt rebrousser chemin.
Les chefs de l’Etat du Ghana, du Mali, du Nigeria et le président de la Commission de l’UA se sont retrouvés au Bénin en compagnie de leur homologue Mathieu Kérékou. Là, ils ont donné un ultimatum aux autorités à se rendre à Niamey pour se voir remis les exigences de la CEDEAO pour le retour à l’ordre constitutionnel faute de quoi des sanctions immédiates leur seront imposées.
Pour sa part, le président de l’Afrique du Sud, M. Thabo M’Béki dans un message à la nation « Arc-en-ciel » a fait un clin d’œil à la crise togolaise. Il déploré la situation du Togo et émis sa crainte de voir la mascarade constitutionnelle au Togo aggraver l’instabilité de l’Afrique de l’ouest.
A l’appel de Harry Olympio du RSDD quelques jeunes manifestants ont bravé l’interdiction de marcher dans le quartier populeux de Bè. La police a eu recours au gaz lacrymogène pour les disperser.
« Reporter Sans frontière » et « Amnesty International » s’inquiètent de la répression systématique de toute manifestation hostile au régime et la pression et les intimidations dont sont souvent l’objet les médias dans le but d’imposer un silence radio durant cette période.
Cette inquiétude de RSF et AI se confirme puisque dans la soirée les radios Kanal FM, Nana FM, Nostalgie et la télévision TV7 ont été fermées. Officiellement pour raison fiscale.
12 février 2005
Une délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre Koffi Sama et comprenant aussi les Généraux Zakari Nandja, Séyi Mèmene, Zoumarou Gnofam, le conseiller Barqué et le président de la Cour constitutionnelle, s’est rendue à Niamey pour y rencontrer le président en exercice de la CEDEAO Mamadou Tandja. Ce dernier leur a remis les exigences de la CEDEAO. A l’issue de cette visite, le chef de la délégation a déclaré qu’elle ira faire un compte rendu au président Faure.
A Lomé, la tension monte. 1ère manifestation importante. A l’appel de six partis politiques de l’opposition, les jeunes qui devraient participés à la marche pacifique ont été chargés par la police. Il y eu échange de pierre d’un côté, gaz et coup de fusil de l’autre. Le bilan est de 3 morts tués par les forces de l’ordre selon les autorités, 4 selon l’opposition et plusieurs blessés dont 2 gendarmes et d’important dégât matériel.
L’usine de fabrique de mèche « Amina » est en flamme. On ignore l’origine de l’incendie.
14 février 2005
Pour rendre hommage aux victimes de la manifestation de samedi dernier, l’opposition lance encore une journée ‘’Togo-mort’’ qui fut diversement suivie. Les magasins, les banques et autres services administratifs ont ouvert leur porte. Le mouvement est plus suivit dans les quartiers de Bè, Adakpamé, où les jeunes ont même posé des barricades pour obliger la population à respecter le mot d’ordre. Un jeune a été tué par balle par les forces de l’ordre.
Le Président Olusegun Obasanjo dans un entretien accordé à une agence de presse américaine (AP) a déclaré qu’une intervention militaire n’est pas exclue pour faire revenir l’ordre constitutionnel au Togo. » Il faut une tolérance zéro au régime putschiste », a-t-il précisé.
Une délégation togolaise est allée à Ouaga pour rencontrer le président Blaise Compaoré. Elle lui a fait part de la situation qui sévit dans le pays. Dépendant presque en totalité du port de Lomé, les autorités burkinabè ont une réaction amorphe vis-à-vis de la crise togolaise. Une nouvelle crise au Togo après celle de la Côte d’Ivoire causerait des dommages économiques à ce pays enclavé. Ainsi, M. Compaoré a conseillé à la délégation d’organiser des élections présidentielles dans un bref délai. La délégation était conduite parle Gal Mèmène et comprenant le ministre des Affaires étrangères kokou Tozoun.
15 février 2005
Au lieu de rester à Niamey attendant la réponse de Lomé à la suite de l’ultimatum de la dernière rencontre de la CEDEAO, les ministres des Affaires étrangères du Niger et du Nigeria accompagnés du SG de la CEDEAO ont préféré se rendre à Lomé rencontrer les autorités togolaises et pour avoir leur réponse.
Ainsi à l’issue des discussions qu’ils ont eues avec les ministres togolais et le président Faure, la délégation de la CEDEAO a déclaré qu’elle a eu un entretien fructueux et encourageant mais qu’elle garde la primeur des conclusions aux chefs d’Etat de la CEDEAO. Après cette négociation, les rumeurs confirmées par le ministre de la Communication et le site officiel du gouvernement annonce une probable allocution à la nation du président Faure.
16 février 2005
24 h après aucun discours n’est prononcé. Ce discours s’il était prononcé, selon les observateurs, serait l’occasion pour le chef de l’Etat d’annoncer des mesures concrètes allant dans le sens du retour à l’ordre constitutionnel exigé par la Communauté internationale.
17 février 2005
Le président de fait Faure Essozimna Gnassingbé s’est rendu au Nigeria où il s’est entretenu avec le président Olusegun, le chef de file de la ligne dure, c’est-à-dire, les partisans du rétablissement de l’ordre constitutionnel. L’entretien qualifié de réunion de famille a duré plus de 2h.
Obasanjo a encore réaffirmé sa fermeté, selon son porte-parole. Il s’est déclaré pour l’organisation d’élection libre et transparente. Cet entretien est qualifié par les autorités de Lomé de fructueux et constructif.
18 février 2005
Le chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbe s’est adressé à la nation dans un message radio-télévisé. Il déclare qu’il se maintien au pouvoir jusqu’à l’organisation des élections présidentielles dans le délai constitutionnel de 60 jours et revient sur les modifications constitutionnelles qui lui ont permis d’accéder au pouvoir.
Auparavant, le 1er Conseil des ministres après la prise de pouvoir de Faure s’est tenu à Lomé 2 sous la présidence de Faure. Parallèlement la mesure d’interdiction de toute manifestation pendant la période de transition fut levée.
19 février 2005
Une gigantesque marche des sympathisants de l’opposition a eu lieu sur les artères de la ville et a débouché sur un imposant meeting au cours duquel les leaders ont une fois encore dénoncé le coup d’Etat.
De leur côté, les partisans de Faure ont organisé un rassemblement en son domicile à Lomé 2. Ces manifestants ont profité de ce rassemblement pour demander à Faure d’être leur porte-flambeau lors des prochaines échéances électorales.
Suite au refus des autorités de tenir compte des recommandations de la CEDEAO de Niamey, l’organisation sous régionale vient de prendre une série de sanction contre le Togo à savoir :
-suspension du Togo de la CEDEAO
-rappel des ambassadeurs de l’organisation en poste à Lomé
-interdiction de voyage des dirigeants dans la zone CEDEAO
Les USA et l’UE de leurs côtés soutiennent ces mesures de la CEDEAO. Ils affirment que le régime de Lomé est illégal et demandent à Faure de démissionner immédiatement.
20 février2005
La réaction de la France accusée de tenir un langage ambigu vient de tomber. Elle demande l’organisation d’élection libre et transparente et s’appuie sur la décision de la CEDEAO.
L’UA suspend le Togo. Une réunion du Conseil de paix et de sécurité devrait se tenir jeudi prochain à Abuja pour étendre les sanctions à tous les pays du continent.
Les jeunes militants du RPT qui voulaient manifester dans le quartier de Bè, considéré comme bastion de l’opposition ont été contraints par la police à y renoncer.
1er mars 2005
A l’issue de la médiation, l’opposition accepte de participer à des élections mais pose des conditions.
La CEDEAO lui demande d’envoyer ses représentants dans les structures chargés d’organiser les élections et exige que les élections se tiennent au plus tard le 26 avril 2005.
02 mars 2005
Gilchrist Olympio annonce qu’il sera candidat à ces élections. De son côté, Kofi Yamgnane, ex député du parti socialiste français et togolais d’origine déclare qu’il sera candidat à cette élection malgré que la Constitution dispose que les candidats doivent vivre sur le territoire national au moins 12 mois.
La CENI et l’administration convoquent le corps électoral pour l’élection présidentielle sur le 24 avril 2005.
05 mars 2005
Retour à Lomé du président démis de l’Assemblée nationale El Hadj Fambaré Natchaba.
09 mars 2005
L’UFC est chargée par les 6 partis formant la coalition de l’opposition de choisir le candidat unique de l’opposition, exigée par la population.
11 mars 2005
Le conseiller Afrique du président Jacques Chirac, M. Bonnecorse rencontre les responsables de l’opposition à Lomé.
L’ancien secrétaire d’Etat français, Kofi Yamgnane, titulaire de la double nationalité confirme sa candidature et demande le report du scrutin.
12 mars 2005
Gilchrist olympio quitte Paris pour Accra.
13 mars 2005
Le peuple togolais a rendu un dernier hommage au défunt président Eyadema en présence de 5 chefs d’Etat : Obasanjo du Nigeria, Tandja du Niger, Kérékou du Bénin, Koufour du Ghana et Gbagbo de la RCI.
La dépouille mortelle arrivée la veille de Kara à Lomé a eu droit à des honneurs militaires avant d’être exposé au Palais des congrès de Lomé où s’est déroulé les cérémonies d’hommage national.
14 mars 2005
La coalition des 6 partis de l’opposition a désigné son candidat unique à la présidentielle. Il s’agit de Bob Emmanuel Akitani, le N° 2 de l’UFC. Il était classé second lors de la dernière élection présidentielle face au défunt président.
15 mars 2005
Le président Eyadema a été inhumé cet après-midi dans son village natal de Pya après avoir reçu au Palais des congrès de Kara les honneurs des populations de la partie septentrionale du pays. En raison de ces obsèques la journée d’aujourd’hui a été déclarée chômée et fériée.
28 mars 2005
Début de l’opération de révision des listes électorales
29 mars 2005
Accord opposition-mouvance présidentielle sur la moralisation de la vie politique et sur les préparatifs du scrutin.
Visite de Gilchrist Olympio au Togo. Il a présenté le candidat unique de l’opposition à la population sortie massivement pour l’accueillir.
05 avril 2005
De retour au pays après 3 ans d’exil, l’ancien Premier ministre Agbeyomé Kodjo a été arrêté à la frontière de Hilla-Condji et incarcéré à la prison de civile de Kara.
16 et 17 avril 2005
Début de la campagne électorale. Les premières journées ont été boycottées par l’opposition qui réclame plus de transparence dans son organisation et son report.
Après une semaine de campagne, elle dégénère ce week end en heurt entre les sympathisants de l’opposition et les militants du RPT armés de gourdins cloutés, de pierre, ou d’armes blanche. Les deux groupes qui se sont affrontés dans les rues de Lomé rejettent la responsabilité. Le bilan fait état d’une cinquantaine de blessés.
20 avril 2005
La CEDEAO convoque les candidats à cette élection pour apaiser le climat après ces affrontements qui ont émaillés la campagne. Le candidat de la coalition Bob Akitani n’a pas fait le déplacement de Niamey. Il estime inopportun ce déplacement à quelques heures du scrutin mais réclame au contraire le report de l’élection.
A Niamey, les candidats au scrutin ont signé un accord qui leur demande de ne pas s’autoproclamer vainqueur du scrutin mais de laisser cette tâche à l’organe chargé de le faire. Par ailleurs, la CEDEAO demande aux autorités de prendre les mesures pour assurer la sécurité du scrutin.
22 avril 2005
A 2 heures du matin, le ministre de l’intérieur, de la sécurité et de la décentralisation, François Esso-Boko, celui là même chargé de l’organisation du scrutin, convoque le corps diplomatique et la presse pour annoncer qu’il demande au président par intérim de suspendre le processus électoral et de nommer un nouveau Premier ministre issu de l’opposition pour éviter que le Togo ne « sombre dans la guerre civile »
Réagissant à cet appel, le président par intérim Abass bonfoh a déclaré qu’il est surpris par cette déclaration de son ministre. Il a par la même occasion pris un décret confirmant le portefeuille de François Boko au ministre de la justice Foli Bazi-Katari et assuré que le processus ira jusqu’à son terme.
La CEDEAO par la voix de son président en exercice, le nigérien Mamadou Tandja a condamné cette sortie fracassante du ministre Boko qu’elle a aussi qualifié d’ « irresponsable».
L’opposition, la coalition des 6 partis qui a tenu son dernier meeting de campagne. Elle a félicité le ministre Esso-Boko pour sa décision jugée courageuse et qui vient apporter de l’eau à son moulin car elle ne faisait que réclamer le report du scrutin afin de bien le préparer.
24 avril 2005
Malgré la fine pluie qui s’est abattue sur toute l’étendue du territoire national, les Togolais se sont rendus massivement aux urnes pour élire leur nouveau président à la suite du décès du président Gnassingbé Eyadema le 05 février dernier. Dès l’ouverture des bureaux de vote à 6h 30 et malgré quelque retard à certains endroits dût à des problèmes d’organisation, les électeurs ont pris d’assaut les urnes.
Le vote qui s’est majoritairement déroulé dans le calme dans la matinée, nonobstant les tentatives de fraude, de bourrage d’urnes, d’achat de voix, des électeurs avec de multiple carte, a pris une autre tournure dans la soirée surtout à la fermeture des urnes.
A la fermeture des urnes, la population qui a voulu assisté au dépouillement des votes comme le lui autorise le code électoral, s’est vu chassée des centres de vote par les forces de l’ordre. A certains endroits, elle s’est opposé à ces forces qui ont voulu emporter les urnes. A Bè par exemple, un élément des forces de l’ordre a dérobé une urne et s’est mis à courir arme au poing. Une image qui a fait le tour du monde. A d’autres endroits acquis à l’opposition des bulletins de vote ont été brûlés.
A la suite de ces nombreuses entraves au droit de vote des citoyens, des barricades ont été posées dans les rues de Lomé, devenues désertes par les jeunes qui s’opposaient aux militaires. Ces derniers ont fait usage de leurs armes en tirant à balles réelles sur la population notamment à Bè où on dénombre 3 morts et plus de 20 blessés.
Le quartier général de l’opposition où elle devrait compiler et centraliser les résultats envoyés par ces délégués des bureaux de vote repartis sur toute l’étendue du territoire a été saccagé par des personnes non identifiées.
Malgré ces nombreuses irrégularités et la violence qui ont émaillé le scrutin, la France et la CEDEAO se déclarent satisfaites du déroulement du vote tout comme le Secrétaire général de l’ONU.
25 avril 2005
Lomé a l’allure d’une ville morte. Les rues étaient désertes. Les débris de pneus ou de pierre jonchent les rues signe de l’affrontement qui se sont déroulé la veille. Tout est calme dans la matinée mais beaucoup d’école et de service ont préféré ne pas ouvrir leurs portes.
En fin de matinée quelques heurts ont été signalés encore à Bè et dans certaines villes de l’intérieur du pays notamment à Aného et à Atakpamé.
Le candidat du RPT et le leader de l’opposition Gilchrist Olympio se sont rencontré à Abuja chez le président en exercice de l’UA Olusegun Obasanjo. A l’issue de leur entretien, le président nigérian a déclaré que quelque soit l’issue du vote les deux personnalités se sont engagées à reconnaître la victoire du gagnant qui doit former un gouvernement d’union nationale et de réconciliation afin de se pencher sur les textes du pays comme la constitution.
Le parti socialiste français affirme que l’issue du vote est suspect et demande l’organisation d’une nouvelle élection.
26 avril 2005
La présidente de la CENI, le professeur Kissèm Tchangaï Walla a rendu public les résultats provisoires du scrutin. Ces résultats placent le candidat du RPT Essozimna Gnassingbé Faure gagnant avec 60,22% des voix devant Bob Akakpovi Emmanuel Akitani 38,19% de la Coalition des six partis, Harry Olympio du RSDD obtient 0,55% des suffrages.
Tout juste après la proclamation de ces résultats, tout d’un coup Lomé s’est enflammée. Les jeunes ont posé des barricades, allumé des pneus et la police a tiré sur les manifestants.
A Aného des centaines de personnes ont dût traverser la frontière pour aller se mettre à l’abri de la brutalité des forces de l’ordre. Un commissariat a été saccagé et brûlé.
27 avril 2005
Les heurts se poursuivent dans certains quartiers proches de l’opposition à Lomé et le bilan proche des sources hospitalières font état de 22 morts et près d’une centaine de blessés.
Le candidat de la Coalition Bob Akitani s’est auto-proclamé vainqueur du scrutin et appel les jeunes à la résistance.
Le gouvernement et le RPT condamne cette auto-proclamation et le président en exercice de l’UA M. Obasanjo affirme pour sa part que cette proclamation est inconstitutionnelle.
30 avril 2005
Une mission de bons offices de l’UA et de la CEDEAO a séjourné à Lomé où elle a rencontré le président de la République par intérim, le Premier ministre, le gouvernement, les partis politiques, et les membres du corps diplomatique accrédités à Lomé. L’objectif de cette mission est de trouver une solution à la crise post-électorale.
03 mai 2005
La Cour constitutionnelle a publié les résultats définitifs du scrutin avec une légère modification de ceux publiés par la CENI. Ces résultats confirment l’élection de Faure Gnassingbé du RPT, élu président de la République avec 60,15% des voix contre 38,25% à Bob Akitani, Nicolas Lawson ayant jeté l’éponge obtient 1,04% et enfin Harry Olympio 0,55% des suffrages. Le taux de participation est de 63%. Le recours en annulation déposé par la Coalition n’a pas été pris en compte.
Un observateur de la CEDDEAO, le béninois Martin Assogbavi se désolidarise de la position de la CEDEAO et dénonce des irrégularités du scrutin.
04 mai 2005
Prestation de serment du nouveau président élu devant la cour constitutionnelle. C’est le 2ème serment que reçoit cette Cour en l’espace de 3 mois de la part de la même personne. La cérémonie s’est déroulée cette fois-ci au palais des Congrès de Lomé en présence des ambassadeurs accrédités à Lomé.
05 mai 2005
La Rencontre africaine des droits de l’homme (RADDHO) qui a aussi envoyé des observateurs à cette élection dénonce la « gestion catastrophique de la crise de succession au Togo par la CEDEAO ». Elle estime que cette gestion constituera un « précédent dangereux dans la sous région ».
De leur côté, les Partis socialistes européens (PSE) dénoncent le maintien de la dictature au Togo.
06 mai 2005
L’UE a pris acte de l’élection et de la prestation de serment de Faure Gnassingbé devant la Cour constitutionnelle.
Albert AGBEKO / togoscoop.info