Par Rodrigue Ahégo
Il y a une vérité aussi évidente que redoutée par ceux qui accèdent au pouvoir : toute chose a une fin. Cette vérité, pourtant élémentaire, semble s’évanouir dès l’instant où certains chefs d’État goûtent aux délices de la fonction suprême. L’illusion d’éternité, de toute-puissance, les gagne. Le mandat devient trône, la présidence se mue en propriété privée, et le peuple (pourtant seul mandant légitime) devient simple spectateur ou sujet à dominer, à opprimer, à réprimer, à emprisonner, à torturer, à piétiner, à écraser, à chasser, à mépriser… Et ça donne l’impression d’être « dieu », immortel, intouchable, suprême… Et ça saoule ; Et ça fait croire qu’il n’y aura jamais la fin.
Monsieur le Président, prépare ton départ.
Car le mandat que tu as reçu est une mission temporaire. Oui, une mission temporaire. Ce n’est pas un couronnement à vie, ni une récompense divine. Ce n’est pas non plus un héritage qu’un parent peut posséder et le léguer par la suite à son progéniture. Ce n’est pas un domaine familial, encore moins une épicerie familiale. Laisse-moi te rappeler ceci : tu n’es que le gestionnaire de la chose publique, la respublica, et à ce titre, tu dois faire preuve de recevabilité, de transparence et d’humilité. Tu es au service du peuple, tu n’en es pas le propriétaire du pays, ni le patron du peuple. Et tout comme dans tout contrat entre un employé et son employeur, tu devras, à la fin, rendre compte. C’est cela, la démocratie véritable. Je te propose de regarder deux tableau différents, ceci pour te donner de la matière afin que tu puisses penser à demain qui finit toujours par arriver, qu’on le veuille ou non, de gré ou de force.
Regarde autour de toi, Monsieur le Président. L’Afrique et le monde offrent des exemples puissants. Ali Bongo, hier encore maître incontesté de son pays, le Gabon, est aujourd’hui reclus, presque effacé, après une chute brutale. Un pouvoir concentré entre les mains d’une famille, des institutions étouffées, une richesse accaparée… et aujourd’hui, le néant politique et social. Quelle image restera-t-il dans la mémoire collective ? Celle d’un homme attaché à la République ou d’un prince déchu pour avoir confondu mandat et monarchie ?
Et pourtant, l’histoire offre d’autres modèles. Des présidents africains et d’ailleurs, qui ont protégé, respecté et défendu la Constitution de leur peuple ; ils ont respecté la limitation des mandats, et ils sont partis par la grande porte, avec honneur, et ils jouissent aujourd’hui d’un respect durable. John Kufuor (Ghana), Pedro Pires (Cap-Vert), Ellen Johnson Sirleaf (Libéria), pour ne citer qu’eux. Ils ont quitté le pouvoir sans effusion de sang, sans crise. Ils sont devenus des modèles, des médiateurs, des figures d’inspiration, respectés dans leur pays et dans le monde entier. Je m’en voudrais de ne pas citer Nelson Mandela et Jerry John Rawlings. C’est tout simplement admiratif. Ce sont des modèles à plutôt copier et mieux, chercher à faire mieux que ceux-là. Ils n’ont pourtant pas deux têtes ; Ils n’ont pas eu de queues ; Ils ont tout simplement compris qu’en toute chose, il faut considérer la fin.
Exactement. Cette maxime « En toute chose, il faut considérer la fin » est un appel à la sagesse, à l’humilité et à la responsabilité. Elle nous rappelle que tout pouvoir est éphémère, toute fonction est passagère, et que la manière dont on termine une mission est aussi, voire plus, importante que la manière dont on l’a commencée.
Pour un vrai et bon dirigeant, un vrai et bon responsable ou tout bon et vrai acteur engagé dans une œuvre humaine, considérer la fin, c’est anticiper les conséquences de ses choix.
Pour un vrai et bon dirigeant, un vrai et bon responsable ou tout bon et vrai acteur engagé dans une œuvre humaine, considérer la fin, c’est se préparer à rendre compte.
Pour un vrai et bon dirigeant, un vrai et bon responsable ou tout bon et vrai acteur engagé dans une œuvre humaine, considérer la fin, c’est construire un héritage durable, pas pour soi mais pour le peuple.
Pour un vrai et bon dirigeant, un vrai et bon responsable ou tout bon et vrai acteur engagé dans une œuvre humaine, considérer la fin, c’est rester fidèle à ses principes initiaux.
Pour un vrai et bon dirigeant, un vrai et bon responsable ou tout bon et vrai acteur engagé dans une œuvre humaine, considérer la fin, c’est surtout, prévoir une sortie digne, juste et honorable.
Car le vrai pouvoir, c’est de savoir s’en détacher quand le moment est venu.
Une pensée utile pour les leaders… mais aussi pour chacun dans sa propre vie.
Revenant au tableau comparatif, il convient de souligner ou de faire observer la différence. Les modèles à copier ont compris que la présidence n’est pas une fin en soi. Ils ont compris que c’est une étape. Ils ont compris que la vraie grandeur, celle qui reste, ne se mesure pas à la durée au pouvoir, mais à l’impact du leadership exercé avec éthique, justice et respect du peuple.
Monsieur le Président, pense à ton héritage, si tu en as
Je me permets de rappeler une chanson éducative intitulée « un jour viendra ». Elle est l’œuvre de Richard Flash.
L’artiste dit ceci : « Un jour viendra, nous quitterons la terre. Et tout ce que nous avons, resteront sur cette terre. Alors pourquoi tant de haine ? Pourquoi tant d’orgueil ? Pourquoi tant d’injustices ? Pourquoi tant de douleurs ? » Une série de questionnement qui suscite une méditation profonde.
Cette chanson est un appel à l’humilité, la justice, et la paix et non la PAY, en rappelant que la vie est éphémère, et que le pouvoir, la richesse, ou l’orgueil ne nous suivront pas dans l’au-delà. Elle invite à réfléchir à nos actes, surtout ceux qui détiennent un pouvoir ou une influence sur les autres. Une vraie leçon de vie et de sagesse.
Avec cette chanson, Richard Flash nous plonge dans une réflexion profonde sur la brièveté de la vie humaine. L’artiste y évoque avec gravité et sagesse une certitude universelle : la mort. Il rappelle que, riches ou pauvres, puissants ou faibles, nous quitterons tous un jour cette terre, laissant derrière nous biens matériels, gloire ou pouvoir. Le message principal de la chanson invite à l’humilité, la compassion envers autrui, le détachement des choses éphémères, et surtout, il nous appelle à vivre avec intégrité, amour et conscience, car ce que nous faisons aujourd’hui construira notre mémoire demain. C’est une chanson empreinte de spiritualité, de lucidité et d’un appel au réveil moral et humain, dans un monde souvent dominé par l’orgueil, la cupidité et l’injustice.
Hommage à toi Richard Flash, l’artiste.
Maintenant « revenons à nos moutons ».
Monsieur le Président,
Un jour, tu ne seras plus président ; que ce soit de ton vivant ou après ta mort ; que ce soit naturellement ou par les conséquences de tes propres choix. Que diront les livres d’histoire ? Que retiendront les enfants de ton pays ? Tes propres enfants s’ils sont intelligents, que diront-ils ? Une présidence de prestige, de justice et de construction ? Ou un règne d’oppression, de détournements, de violence et de peur ? Car si tu refuses de préparer ton départ, ce départ finira par s’imposer à toi, souvent de la pire manière.
Le pouvoir mal exercé laisse toujours des ruines sociales, économiques et morales. Il détruit les institutions, appauvrit les peuples, et engendre colère, division et instabilité. Ceux qui pillent aujourd’hui, oppriment les voix libres, musèlent la presse, manipulent les lois, créeront des enfers qu’eux-mêmes ou leur descendance auront à fuir ou à subir. Ce ne sera la faute à attribuer à personne. Karma diront certains. Oui, la loi de cause à effet.
Cher Président, apprends à partir. Prépare ta sortie. Organise ta relève.
Il n’y a aucune honte à quitter la scène quand le mandat est accompli. Au contraire, il y a grandeur. Il y a noblesse. Et il y a sécurité : car celui qui part avec le cœur du peuple, part avec la paix et dans la paix.
Et si tu doutes encore, souviens-toi des mots de Thomas Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort ».
Le peuple, ton employeur, ouvre les yeux. Il apprend. Il s’éveille. Et il saura, tôt ou tard, reprendre ce qui lui appartient. Le vent souffle ailleurs et se rapproche à grand pas, peut-être sans bruit. La troisième oreille et ceux qui la possèdent, savent que la fin des temps est imminemment proche.
« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende » Matthieu 13:9
Alors Monsieur le Président, avant qu’il ne soit trop tard, prépare ton départ et ta place dans l’histoire.
Moi je suis déjà à l’aéroport.
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Rodrigue Ahego
















