La crise politique togolaise s’aggrave alors qu’une réforme constitutionnelle, décriée par l’opposition, suscite un tollé dans le pays. Jean Kissi, troisième porte-parole du mouvement « Front Touche Pas à Ma Constitution », a récemment fustigé cette réforme controversée qu’il qualifie de « monstre institutionnel » lors d’une interview sur Radio Victoire FM. Selon lui, cette initiative législative transforme les institutions pour concentrer le pouvoir autour du président, au détriment des principes démocratiques.
La réforme permet en effet au chef de l’État de nommer des sénateurs qui, par un subtil jeu d’influence, pourraient ensuite le désigner à la tête d’un Conseil stratégique. Une manœuvre que Kissi n’hésite pas à qualifier de « deal sur le dos du peuple ». « Je te donne, tu me donnes », a-t-il ironisé, dénonçant un mécanisme de réciprocité qui, selon lui, confisque le pouvoir citoyen pour asseoir un régime qu’il estime autocratique.
Au-delà des questions de textes juridiques, l’opposition met également en lumière un climat de répression qui vise à museler les voix discordantes. « Celui qui est mis en prison pour son opinion, on l’appelle comment ? », s’est interrogé Jean Kissi, en référence aux arrestations récentes de militants et d’opposants qui critiquent ouvertement la réforme. Pour lui, la répression des voix dissidentes traduit un durcissement du pouvoir qui refuse toute remise en question de son autorité.
Alors que l’Afrique de l’Ouest est déjà secouée par une vague de coups d’État militaires, Kissi alerte sur le danger que représente ce qu’il appelle un « coup d’État constitutionnel » au Togo. En tentant de consolider le pouvoir du président par des moyens juridiques, il estime que cette réforme affaiblit les aspirations démocratiques dans la région et pourrait accroître l’instabilité.
La réforme controversée suscite des réactions contrastées dans le pays. Tandis que certains membres du gouvernement défendent une « modernisation des institutions » visant à rendre le Togo « plus stable », l’opposition et les organisations de la société civile redoutent une nouvelle ère de centralisation excessive du pouvoir.
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