Ref : 001/Com/2022/TRP relatif à la condamnation du quotidien LIBERTÉ par le Tribunal de Première Instance de Lomé
Lomé, 06 Octobre 2022.
La Plateforme togolaise des journalistes d’enquête, TOGO REPORTING POST est vivement préoccupée par la triple condamnation qui frappe les journalistes et le quotidien privé togolais LIBERTÉ à l’issue de l’audience qui s’est tenue, le mercredi 05 octobre 2022, au Tribunal de Première Instance de Lomé.
Cette décision de Justice fait suite à l’article « Un homme abattu lors du passage du convoi de Victoire Tomegah-Dogbe », de la parution N°3702 du mercredi 21 septembre 2022.
Malgré le démenti apporté par le journal dans sa parution N°3703, une plainte a été déposée pour diffusion « d’informations contraires à la réalité », « atteinte à l’honneur » et «offense à la personne du Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé», en vertu des articles 153 et 159 du Code de la presse et de la communication.
À l’audience du mercredi 05 octobre 2022, le Tribunal a prononcé une condamnation assortie de 4 millions FCFA pour chacun des personnes visées par la plainte et trois (03) mois de suspension de parution du journal.
TOGO REPORTING POST s’inquiète de cette lourde sanction qui fait entorse à la liberté de la presse au Togo et porte atteinte au droit du citoyen à l’information.
Le journalisme togolais ne souffre pas seulement du manque de moyens et de ressources, il pâtit aussi et surtout, dans un environnement à orientation monolithique avérée, du rouleau compresseur des pouvoirs publics et autorités politiques, tendant à réduire à l’exercice de l’activité journalistique et à la disparition de la presse critique.
TOGO REPORTING POST déplore cette triple condamnation de LIBERTÉ, un quotidien privé d’informations générales, à de lourdes sanctions financières et à trois (03) mois de suspension de parution, qui n’est pas de nature à favoriser l’existence et la survie de ce journal.
Se dédire, produire un démenti après publication d’un article, constitue une preuve d’honnêteté intellectuelle et professionnelle, mais c’est aussi un exercice humiliant pour le journaliste et le journal qui perdent en crédibilité par ce manquement à la déontologie journalistique. La condamnation par la Justice paraît donc comme un acharnement superfétatoire.
TOGO REPORTING POST invite les dirigeants togolais à un dépassement de soi et à avoir de la vision pour accompagner la presse.
La disparition d’un quotidien critique comme LIBERTÉ va davantage ternir l’image sclérosée d’un marché médiatique pauvre, qui peine à sortir de l’ornière. Étant donné les circonstances atténuantes, TOGO REPORTING POST en appelle à la conscience et à la sagacité des plaignants pour revoir leur copie.
Coordinateur
Pierre-Claver KUV
