Le Togo accueille un sommet historique de la CEDEAO le mardi 31 juillet à Lomé. Cette 20ème session des chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace communautaire ouest-africain est très attendue au Togo pour la simple et unique raison qu’elle est sensée sonner le glas de onze mois de crise aigüe continue. Des recommandations pertinentes de ces assises de la CEDEAO seront la bouée de sauvetage d’un pays en plein naufrage.
Mais d’ores et déjà, des signes avant-coureurs montrent que le pouvoir de Faure Gnassingbé n’est pas disposé à se soumettre aux injonctions de la CEDEAO. En clair, avant même les grandes décisions de sortie de crise, Faure est dans la posture de défiance de la CEDEAO. A la rencontre du 27 juin dernier, les protagonistes en présence des deux facilitateurs à l’Hôtel 2 Février à Lomé, il a été demandé par Nana Akufo-Addo et Alpha Condé que toutes les personnes arrêtées lors des manifestations de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition depuis le 19 août 2017 soient libérées et la possibilité de manifestation sur l’ensemble du territoire. Et ces décisions ont été formulées avec l’accord du Chef de l’Etat lui-même invité expressément à l’Hôtel 2 Février lorsque ses émissaires ne donnaient aucune réponse probante à toutes les questions à eux adressées.
Aujourd’hui, à 24 heures du sommet, il y a encore selon le chef de file de l’opposition Jean Pierre Fabre, 57 personnes en détention. Quant aux manifestations, elles sont interdites ou perturbées samedi 28 juillet à Agoè-Zongo, Bè-Kondjindji et dimanche 29 juillet la caravane de la coalition à Atakpamé avant le meeting, a été empêchée sans raison.
Entre temps, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile avait sorti un communiqué interdisant toute manifestation dans le Grand Lomé du 23 juillet au 1er août. Si on suppose que le gouvernement s’est appuyé sur ce simple communiqué pour justifier l’interdiction des manifestations à Agoè-Zongo et à Bè-Kondjindji, que peut-on dire de la situation d’Atakpamé ?
On a souvenance que ce même pouvoir de Faure Gnassingbé avait refusé d’exécuter plusieurs décisions de la Cour de justice de la CEDEAO notamment l’affaire du renvoi des députés ANC de l’Assemblée Nationale, les dossiers Kpatcha Gnassingbé, Pascal Bodjona, Bertin Agba et Koffi Amétépé. Face à ce tableau peu reluisant, de quels moyens disposent aujourd’hui la CEDEAO pour contraindre Faure Gnassingbé à retrouver la raison ? Ayant été à l’origine de l’exacerbation de la crise en 2005 en cautionnant le coup d’Etat de Faure Gnassingbé à la mort de Eyadèma Gnassingbé, la CEDEAO a bien rendez-vous avec l’histoire. Comme en Guinée Bissau, la CEDEAO doit mettre fin à la singularité infamante du Togo dans son espace.
Source : Le Correcteur N. 830 du 30 juillet 2018
source : Le Correcteur