Le bilan des 20 ans de Faure Gnassingbé est émaillé de scandales financiers bien documentés sur lesquels le ministère public près les juridictions du Togo n’ont jamais levé le petit doigt. L’actuel Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Lomé, Talaka Mawama s’est plutôt trouvé une curieuse mission : poursuivre avec la dernière rigueur les dérives et abus dans l’utilisation des plateformes numériques. Refusant obstinément de voir que c’est l’incompétence du régime dont il est serviteur qui met à mal la société togolaise.
L’exercice de ses fonctions par le Ministère public près les juridictions du Togo suscite des interrogations quant à l’application des dispositions pénales dans le pays. De nombreux juristes et citoyens avisés des Codes pénal et de procédure pénale se demandent si le Procureur de la République et ses collaborateurs font usage de ces deux documents ou s’ils ont à leur disposition des dispositions légales dictées par un agenda politique au sommet de l’Etat.
La récente sortie médiatique de Talaka Mawama, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Lomé, relative à l’usage des réseaux sociaux, porte les empreintes indélébiles d’une soumission volontaire de ce magistrat, et par voie de conséquence, du ministère public au régime du dictateur Faure Gnassingbé.
Étonnamment, le Procureur Talaka Mawama dans son point de presse sur les réseaux sociaux, n’a fait cas à aucun moment des graves infractions habituellement commises à travers internet comme les sextorsions, les vols de données personnelles, le piratage, etc.
Le domaine auquel s’attaque le Procureur est l’espace d’expression publique de la toile. Après avoir développé, avec une légèreté déconcertante venant d’un Haut magistrat de l’Etat, ce qu’il pense être des faits constitutifs d’infractions, ce dernier écrit : « Ainsi donc, nous sommes avertis : quiconque produira, reproduira, diffusera, publiera, partagera à travers une plateforme numérique, un fait qui sort du cadre légal en vigueur, sera l’objet de poursuites pénales sans compromis et sans complaisance. Il en sera de même pour quiconque publiera un commentaire validant une publication illicite… ».
Ce faisant, M. Talaka Mawama s’érige en gendarme des réseaux sociaux et semble convier le ministère public à devenir des lecteurs professionnels de publications faites sur ces réseaux.
Cette position est d’autant plus déconcertante que ce magistrat semble s’intéresser beaucoup plus à ce monde virtuel qu’à la réalité quotidienne des citoyens togolais marquée par une précarité due à la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat et à l’impunité.
Il conclut par ses propos par cette assertion : « … car la loi nous impose à tous de dénoncer tout crime ou délit dont nous avons connaissance ». Une déclaration qui démontre toute la complaisance du Procureur de la République car la principale interrogation est de savoir ce qu’il a fait de toutes les dénonciations de crimes économiques, de corruptions actives et passives, d’assassinats rituels de jeunes filles à Lomé.
Toutes ces infractions révélées soient par des investigations de la presse, ou par des indices évidents trouvés sur les lieux du crime et impliquant des ministres, des députés et dirigeants de sociétés d’Etat.
Le procureur préfère s’en prendre aux citoyens abusés dénonçant les crimes commis par les préposés de l’Etat
Le procureur n’a que faire des crimes commis contre les ressources publiques par les préposés de l’Etat dans l’exercice de leur fonction. Il préfère s’attaquer au menu fretin que de s’en prendre aux gros poissons gourmands éternellement insatisfaits.
Le comble du ridicule dans le document de presse publié par le Procureur de la République est qu’il termine en écrivant : « la bonne santé de notre société en dépend ».
Il faut donc croire que pour ce magistrat, la santé de la société togolaise dépend fondamentalement des réseaux sociaux, et non des politiques économiques et sociales déroulées par les autorités au sommet de l’Etat.
Pour le Togo seul et pour satisfaire Faure Gnassingbé et ses laquais dont le Procureur de la République, il faudrait désormais créer une notation de santé des pays axée sur l’état des réseaux sociaux.
Kossi Lamba
Source: lalternative.info