Près de 35 milliards de subventions du carburant et du gaz à quelles fins?
Qui pour attirer l’attention des gouvernants sur le caractère anormal des affectations budgétaires à certaines institutions ? Pendant que l’écart entre la loi de finances gestion 2024 et celle de 2025 s’est tassé à la suite du collectif budgétaire, ceux entre les dépenses de l’Assemblée nationale et de la présidence du Togo sur ces deux années n’ont pas de frein à main. Si les unes ont augmenté de plus de 16%, les autres ont connu une hausse de plus de 5%. C’est à croire que ces deux institutions aussi font partie des secteurs sociaux du Togo. Dans la foulée, on annonce près de 35 milliards de subventions sur les produits pétroliers et le gaz butane
On attendait que soit promulguée la loi de finances, gestion 2025. C’est désormais chose faite. Les conséquences de l’augmentation du nombre de députés et de la mise en branle -intéressée- d’un futur sénat sur le budget du Togo sont désormais palpables.
Si en 2024, le budget alloué à l’Assemblée nationale était évalué à 6,455.9 milliards FCFA, il sera désormais de 7,511.719 milliards FCFA. Ce qui constitue une augmentation de 1,055.819 milliard FCFA. Entre temps, le collectif budgétaire, porté à 2.250.600.606.000 FCFA a vu ce budget de l’Assemblée revu à la hausse à 6,725.900 milliards à quelques jours de l’adoption du budget 2025. Ainsi par rapport au budget de 2024, l’Assemblée nationale a augmenté son allocation de 16,35%.
Une autre institution a retenu l’attention, la présidence de la République. En 2024, l’allocation budgétaire octroyée était de 25,559.994 milliards FCFA ; un budget revu légèrement à la baisse suite au collectif budgétaire et qui était revenu à 25,230.906 milliards FCFA. Mais pour 2025, il a été alloué à la présidence de la République un montant de 26,935.013 milliards FCFA sur un budget total de 2.396.588.972.000 FCFA.
Par rapport à 2024 et au collectif budgétaire, ça représente une augmentation incompréhensible de 1,704.107 milliard FCFA, soit 6,754%. En d’autres termes, la présidence togolaise dépasse en termes d’augmentation le budget de l’Etat togolais de 2024 à 2025. Comme si cette institution était considérée comme un secteur social.
Le cumul des deux différentiels –Assemblée nationale et présidence de la République- aurait pu permettre de réaliser beaucoup de choses surtout dans le secteur de l’éducation. Quand on connaît le manque de salles de classes auquel fait face le ministère de l’éducation, combien de ces salles les 2,4 milliards auraient pu permettre de construire, sachant qu’il faut une quinzaine de millions pour un bâtiment de trois classes avec direction ?
Lorsqu’on regarde les affectations au premier ministère, tout a l’air comme si cette institution demeurera telle de janvier à décembre ; et pourtant, il est dit qu’en mai prochain, on ne parlera plus que de président de la République et de président de conseils des ministres. En 2024, la loi de finances rectificative indiquait 1,376.036 milliard FCFA pour les douze mois.
Mais cette année, il y a même une augmentation qui porte ce budget à 1,427.479 milliard FCFA ! Comment comprendre cet état de chose quand on sait qu’avant la fin de la moitié de l’année, le poste de premier ministre aura cessé d’exister ?
Quid du nouveau poste de président du conseil des ministres ? Un budget d’Etat dispose pour un exercice, soit douze mois, et celui du Togo ne déroge pas à la règle. Par rapport au tripatouillage de la Constitution et à la création du poste de président du conseil des ministres (PCM) sans consultation des populations, Faure Gnassingbé devrait s’asseoir dans un nouveau fauteuil -presqu’à vie- conçu et pensé spécialement pour lui. Mais il fonctionnera avec quel budget, vu que presque tous les pouvoirs seront concentrés entre ses mains ? Puisque rien n’indique de rubrique concernant la nouvelle trouvaille dite PCM. Il est vrai que les collectifs budgétaires sont faits pour être utilisés, certes, mais ce faisant, il ne sera pas surprenant de voir le déficit public se creuser davantage, les prévisions n’ayant pas pris en compte ce poste. A moins que, par un jeu d’écritures, l’allocation budgétaire affectée au président de la République ne soit transférée au PCM et qu’une autre affectation budgétaire ne soit créée pour le futur président de la République, un futur « lion édenté ».
Près de 35 milliards de subventions du carburant et du gaz à quelles fins ?
Lorsqu’on parle de subvention, c’est surtout pour stabiliser des prix de produits. Depuis que le prix du litre de carburant a été porté au niveau prohibitif de 700 FCFA en juillet 2022, les autorités se sont frotté les mains. Concrètement, ce prix a permis de constituer un matelas financier dont le citoyen ne connaîtra jamais la réalité. Soit.
Mais le 9 décembre 2024, il a été procédé à une légère baisse de 20 FCFA. Et c’est dans cette atmosphère d’insatisfaction générale de la population qu’on apprend au travers de la loi de finances, gestion 2025 des subventions en cascades : Plus de 25 milliards pour les produits pétroliers et 9,6 milliards pour le gaz butane. Pour quelles raisons et sur quelles bases de calcul ces chiffres sont ainsi avancés ?
25,000.193 milliards pour subventionner les produits pétroliers. De quelle façon et en prévision de hausses à quel degré, surtout que les guerres qui alimentent la hausse du prix du baril sont en passe de se terminer ?
Ou bien voudrait-on faire croire que, pour ces 20 FCFA de réduction de prix du litre, la compensation reviendrait à subventionner un différentiel ? Et que se passera-t-il au cas probable où les prix du baril stagnent, mieux, déclinent ? Reviendra-t-on pour faire les comptes aux citoyens ? Même dans ce cas de figure, rien n’est garanti. A moins que l’inspection générale d’Etat n’enclenche un contrôle pour situer le peuple.
De même pour le gaz butane, les prix du kilogramme ailleurs connaissent des baisses normales, sauf au Togo où ces prix sont prohibitifs. Que veut-on subventionner en fait ? Une réelle baisse du prix du kilo, ou alors voudra-t-on avancer une flambée du prix et faire croire que les autorités ont anticipé en prévoyant ladite hausse et brandir une subvention sans raison ? Mais si c’est pour ramener le prix du kilo au niveau de celui d’autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali ou le Burkina Faso, alors cette subvention pourra se comprendre. Autrement, l’inspection générale d’Etat est également sollicitée pour faire la lumière sur ce secteur pétrolier trop obscur et inaccessible.
Godson K.
Source libertetogo.tg