Dans une lettre ouverte adressée au président Faure Essozimna Gnassingbé, l’activiste Foly Satchivi appelle à la libération des prisonniers politiques détenus depuis 2017 et plaide pour l’ouverture d’un dialogue franc avec la jeunesse togolaise. Privé de liberté depuis quatre mois, il sollicite un geste d’apaisement du chef de l’État.
LETTRE OUVERTE DE FOLY SATCHIVI À MONSIEUR FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ
CHEF DU GOUVERNEMENT TOGOLAIS
Monsieur le Président,
Il est temps de libérer les prisonniers politiques et d’engager un dialogue franc et sincère avec la jeunesse Togolaise.
Cela fait quatre (4) mois que certains de vos collaborateurs ont décidé de me priver de ma liberté. J’ai jusque-là gardé silence, estimant que d’ici là, la sagesse reprendra le dessus et un dialogue franc sera convoqué afin de trouver, ensemble avec la jeunesse, le meilleur moyen d’évoluer ensemble vers un Togo plus grand, plus digne, plus prospère. Malheureusement, je ne vois rien venir.
Lassé, je viens, aujourd’hui, vous demander humblement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour me permettre de recouvrir ma liberté et faciliter également la libération de toutes les personnes arrêtées, depuis 2017, pour leurs opinions politiques. Il serait également bon que vous essayez, par la même occasion, de faire libérer votre frère de sang M. Kpatcha Luc GNASSINGBÉ à qui il ne reste que trois (3) ans à purger.
En 2019, vous avez pris, contre toute attente, un décret présidentiel inédit pour mettre fin aux mascarades judiciaires dont j’étais l’objet. Aujourd’hui encore, j’ai foi que vous puissiez reposer un tel acte d’apaisement en faisant classer, notamment, sans suite toutes les affaires non-encore jugées et en engageant un dialogue politique et social sincère, franc et honnête avec la jeunesse Togolaise.
Monsieur le Président,
La jeunesse ne demande, en effet, qu’à être entendue. Les problèmes qui minent la marche de notre pays sont nombreux et nous sommes bien conscients que tous ne peuvent immédiatement être solutionnés. Néanmoins, on peut par des échanges constructives arriver à se donner confiance et à travailler ensemble pour la résolution desdits problèmes qui obligent les uns et les autres à s’inscrire, parfois, dans une démarche de contestation ouverte du gouvernement dont vous êtes le chef et patron.
Il est bien vrai que nous posons des revendications maximalistes ( c’est bien ce que sait faire tout bon syndicaliste ou ancien syndicaliste) mais au fond, nous ne recherchons qu’une, deux ou trois choses : Être écouté, être rassuré et être traité comme de vrais partenaires. Je ne pense pas que M. Essowè TCHALA alias AMRON, Madame Marguerite GNAKADÉ, les activistes, blogueurs et journalistes de la diaspora soient opposés à un dialogue franc et sincère. J’ai donc foi qu’avec un peu plus de dépassement de soi et de prise de hauteur, nous puissions y arriver.
Si, entre temps, en Afrique du Sud, Nelson Mandela et les leaders de l’African National Congress (ANC) ont bien pu s’entendre avec M. Frédéric De Klerk et son gouvernement, ce n’est pas ici qu’il ne peut-être possible de s’entendre pour éponger les questions qui fâchent.
Aussi, est-il que si vous aviez pu, à un moment donné de la vie politique nationale, vous entendre avec Messieurs Gilchrist Olympio, Abass Kaboua, Joseph GOMADO, Pascal BODJONA, Léopold GNININVI, Innocent KAGBARA, Gerry Komandega TAAMA, Feux Georges AÏDAM, Yaovi AGBOYIBOR et tous les opposants avec qui vous travaillez ou collaborez actuellement, c’est que vous pouvez également très facilement vous entendre avec la jeunesse actuelle pour mettre fin aux situations crisogènes.
La force du chef ne se mesure pas à sa capacité à écraser les voix dissidentes mais à son aptitude à rassembler et réconcilier les extrêmes. Je viens juste confirmer ce que vous disiez vous-même en 2018 dans les colonnes du média Jeune Afrique. Vous déclariez, notamment, en ces temps tumultueux que « Le dialogue, c’est l’arme des forts ».
Je suis, par ailleurs, disposé à vous rencontrer pour discuter et préparer ensemble ce que j’appelle « les assises nationales » devant déboucher sur des lendemains meilleurs pour Tous et une nation réconciliée et résolument tournée vers la paix, la prospérité et le progrès.
Espérant qu’une suite favorable sera donné à cette missive, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations patriotiques et de mes sentiments distingués.
Foly SATCHIVI
Ancien Leader Étudiant et Porte-parole du Mouvement En Aucun Cas













