Ils sont plus de 350 ex-employés de Lydia Ludic Togo laissés pour compte depuis bientôt 3 ans après la fermeture soudaine des espaces de jeux et loisirs de la société. Réunis samedi à Lomé, ces derniers ont lancé un cri d’alarme à l’endroit des autorités togolaises. Ces travailleurs disent vivre une situation de précarité extrême et réclament une intervention urgente de l’État pour sauver la situation.
Filiale du groupe PEFACO, Lydia Ludic est installée au Togo depuis 1997 et spécialisée dans l’exploitation de machines à sous. Le 3 mars 2023, toutes ses activités avaient été suspendues à la suite d’un litige avec la Loterie nationale togolaise (LONATO), qui réclamait une redevance jugée impayée. Avec le concours de la justice, la LONATO avait fait sceller la Direction générale et l’ensemble des salles de jeux à travers le pays.
Face à cette crise, la direction de Lydia Ludic avait convoqué le collège des délégués du personnel pour annoncer la mise en chômage technique des employés pour une durée de trois mois. « Une indemnité équivalente à 60 % du salaire mensuel avait été promise. L’Inspection du Travail, saisie pour encadrer la procédure, avait donné son accord après enquête, tandis qu’un émissaire du groupe PEFACO, arrivé de Barcelone, avait réitéré l’engagement de la société à verser les salaires annoncés », informe le personnel de l’ancienne Lydia Ludic Togo.
Mais selon le collectif des employés, aucune de ces promesses n’a été respectée. « Durant les trois mois de chômage technique et au-delà, aucun salaire n’a été versé. Nous n’avons reçu aucune information sur l’évolution du dossier, encore moins sur la suite du contentieux avec la LONATO », a expliqué Awesso Badibalaki, ex-chargé de collecte des recettes à Lydia Ludic Togo, qui a fait 23 ans dans la société. Les audiences judiciaires se seraient succédé avec de nombreux reports, jusqu’à un silence total autour de l’affaire.
Les ex-employés affirment avoir appris par la suite que la LONATO avait retiré l’agrément de Lydia Ludic. Dans la foulée, une nouvelle société d’exploitation de machines à sous s’est installée au Togo, suscitant au départ beaucoup d’espoir parmi les anciens agents, qui cumulent jusqu’à 26 ans d’expérience dans le secteur. Cet espoir s’est rapidement mué en déception, les anciens agents n’ayant pas pu intégrer la nouvelle structure.
Depuis le 3 mars 2023, les travailleurs disent être livrés à eux-mêmes, sans salaires, sans information et sans interlocuteur. « Nous sommes abandonnés dans une précarité croissante marquée par l’incapacité à assurer les besoins essentiels. La scolarité de nos enfants, la nourriture ou le paiement des loyers sont devenus un problème pour nous. La perte de l’assurance maladie a entraîné des cas graves de maladie et même des décès. Nous avons déjà perdu 6 collègues dans cette misère », s’est insurgé Doga Bognou ex-caissière à Lydia Ludic. Selon les informations, de nombreux employés, avancés en âge, peinent à retrouver un emploi et ne peuvent pas encore prétendre à la retraite. D’autres sont en conflit avec des institutions financières, faute de documents attestant d’un licenciement officiel. « Nous sommes laissés-pour-compte depuis bientôt trois ans. Nous n’avons ni statut, ni ressources, ni information. C’est une souffrance indescriptible », a poursuivi Dago Bognou.
Les employés lancent ainsi un appel solennel au Président de la République, seul, selon eux, en mesure de débloquer leur situation. Ils demandent une intervention de l’État pour clarifier leur statut, faciliter une issue au contentieux ou envisager un accompagnement social afin de sauver les plus de 350 employés touchés. Le collectif affirme que toutes ses démarches auprès de la LONATO et des instances concernées sont restées vaines, et appelle à une médiation urgente pour mettre fin à cette incertitude qui dure depuis près de trois ans.
Joël D.
Source : Liberté















