« Une population en bonne santé est une condition préalable à une économie prospère » (Emmanuel Makasa)
« L’époque où seule une minorité pouvait bénéficier des meilleurs soins, alors que la masse n’avait droit à rien, touche à sa fin », déclarait en 1980 Halfdan Mahler, ancien directeur général de l’Organisation mondiale de la santé. 40 ans après cette prédiction, la situation est toujours pareille au Togo où la santé, l’un des secteurs vitaux dans le pays occupe une portion congrue.
L’hôpital où les malades sont censés aller se faire prodiguer des soins, est lui-même malade. Le centre de santé au Togo manque de tout et se transforme en un lieu de transit vers le cimetière ou encore l’antichambre de la mort. Le système hospitalier étant à l’abandon et en complète déliquescence, dès que les membres de la minorité au pouvoir et leur harem ressentent un bénin coryza, ils sautent dans le premier avions pour aller se faire soigner à grands frais dans les capitales européennes.
« Délaisser les institutions sanitaires de son pays pour se soigner à l’étranger est, au bas mot, une faute pour un chef d’Etat. C’est la preuve irréfutable qu’il n’a pas réussi à bâtir sur place un système de santé digne de sa confiance », observait Seidik Abba. Justement au Togo, la santé n’est jamais rentrée dans la priorité du régime depuis plus de cinq décennies bien que son importance dans le processus général de développement du pays soit indéniable. Par exemple, sur toute la richesse que produit notre pays, seulement 1,75% sont consacrés à la santé. Conséquence, les conditions de travail et vie du personnel de la santé ont été toujours exécrables. Le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo n’a eu de cesse de dénoncer le degré zéro du sous-équipement et la déliquescence dans laquelle exercent ses membres.
Pourtant l’Etat reconnaît le droit à la santé du citoyen togolais à travers sa constitution et une Politique nationale de santé a été adoptée depuis 1998, mais qui n’a jamais été mise en œuvre. Après 38 années du père et les 15 années déjà passées du fils à la tête du Togo, rien n’a été fait pour améliorer de manière significative le système de santé au Togo. Il a fallu la crise sanitaire liée au Covid-19 qui secoue le monde pour qu’en cette année 2020, le gouvernement se décide à faire de la santé une priorité et investir dans le secteur.
Le problème avec Faure Gnassingbé, c’est qu’il prend une pile d’engagements qu’il n’honore presque jamais. Il a carrément opté pour une gouvernance par les effets d’annonce. L’une des stratégies de son régime est d’annoncer à grands renforts de publicités des projets ambitieux ; malheureusement le temps passe et on ne voit rien se concrétiser.
En s’emparant du pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé avait promis, en matière de santé, de « doubler en 5 ans le budget de la santé », de réhabiliter les centres hospitaliers », de « mettre sur pied 73 formations sanitaires modernes », de « prendre en charge les urgences et les indigents ». Rien n’a été fait.
A la veille de chaque échéance électorale, le fils du père fait une batterie de promesses qui ne sont jamais tenues. Lors de sa campagne électorale pour son 4ème mandat, Faure Gnassingbé avait promis de garantir à tous les Togolais l’accès aux soins de santé. « L’accès aux soins de santé est une priorité pour le président Faure Gnassingbé qui a la forte conviction que les soins de santé de qualité sont un droit pour tous les Togolais », disait-il. Il s’était « engagé à étendre l’assurance maladie à tous les Togolais, équiper chaque CHR d’un scanner, construire 6 centres de santé mère-enfant, construire une bande de sang dans chaque région du Togo, doter chaque région de 5 cliniques mobiles pour amener les services de santé primaires dans chaque région rendre gratuit le vaccin contre le col de l’utérus… »
A force de faire des promesses et de ne pas les honorer, Faure Gnassingbé a fait des Togolais des Saint Thomas qui attendent de voir avant de croire.
Médard AMETEPE
source : Liberté