Alors que le ministère de l’Enseignement Technique connaît des remous autour des nominations, un nom revient obstinément : celui de Mme Adzonyoh Kafui Colette. Actuellement conseillère juridique du ministère de l’Enseignement technique et candidate à un poste de directrice, cette fonctionnaire présente un parcours administratif émaillé d’affaires troublantes. Retour sur une carrière qui interroge.
2007-2015 : les années noires de la Commission des Permis d’Ouverture
Nommée Secrétaire exécutive de la Commission des Permis d’Ouverture (CPO) en 2007 par arrêté ministériel, Mme Adzonyoh a transformé cette structure en véritable fief personnel. Pendant huit ans, elle y a régné sans partage, sans comptable ni secrétaire, en violation flagrante des règles de gestion publique. Les témoignages recueillis auprès d’anciens collaborateurs décrivent un système bien rodé : les fonds des agréments, qui auraient dû transiter par les caisses officielles, étaient directement encaissés dans son bureau. Certains promoteurs, visiblement bien informés, effectuaient même leurs versements sur son compte bancaire personnel – une pratique strictement interdite.
Le scandale des faux arrêtés
Après son départ de la CPO en 2015 et sa nomination comme conseillère juridique, l’affaire prend une tournure judiciaire. Alors qu’elle n’est plus en charge de la commission, des arrêtés pourtant sa signature continuent d’apparaître. Pire : la signature du directeur de cabinet est imitée sur plusieurs documents, comme l’a établi une expertise graphologique. Interpellée à l’époque, Mme Adzonyoh fournit une explication pour le moins surprenante : les documents compromettants auraient été « détruits par l’eau » et les données informatiques seraient devenues inaccessibles. Des déclarations qui n’ont pas convaincu les enquêteurs internes.
Une protection troublante
Malgré ces accusations graves, la carrière de la conseillère juridique connaît une ascension inexplicable. Nommée rapporteur de la Cellule d’Audit et de Contrôle du ministère, elle se retrouve paradoxalement chargée de veiller à la bonne gestion des fonds publics – alors qu’elle-même est mise en cause pour détournement. Plus troublant encore, en 2018, alors que le dossier est sur le point d’être transmis à la justice, le ministre d’alors bloque personnellement les poursuites, invoquant la « réputation du ministère ». Une décision qui continue aujourd’hui d’interroger les observateurs.
La quête obstinée d’un poste de directrice
Aujourd’hui, candidate au poste de directrice des Examens et Concours, Mme Adzonyoh tente de se présenter en victime des « promotions canapé ». Un retournement qui ne manque pas de sel, pour cette juriste qui a bénéficié tout au long de sa carrière de protections politiques bienveillantes et foireuses. Ses soutiens au sein du parti UNIR et ses relations privilégiées avec certaines figures ministérielles d’hier et d’aujourd’hui semblent lui avoir permis, jusqu’ici, de surmonter le jugement républicain. Mais jusqu’à quand ? Alors que le gouvernement sous l’autorité de Faure Gnassingbé prône la transparence et l’exemplarité, ce dossier constitue un test crucial pour la crédibilité de cette rupture amorcée par la Vème République.
L’heure de vérité
« Comment peut-on se draper dans les grands principes de moralité publique en dénonçant les « promotions canapé » quand on aurait soi-même détourné l’argent des contribuables et profité de couvertures politiques ? Comment oser jouer les vierges effarouchées par les arrangements politiques quand on a systématiquement utilisé et usé ses appuis au sein du parti UNIR et mobilisé des réseaux bien identifiés avec des ministres dont nous taisons pour le moment les noms. Ce double jeu éhonté, cette schizophrénie morale qui consiste à dénoncer le système tout en en étant le pur produit, ne trompe plus personne. Il s’agit là d’une véritable escroquerie à l’éthique publique, d’un hold-up sur les valeurs du service public que notre pays ne peut plus se permettre. Le temps est venu de briser ce cercle vicieux où les mêmes, protégés par leurs réseaux, continuent indéfiniment à se partager les postes juteux, au mépris de toute transparence et de toute justice sociale », s’insurge notre source.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement Dogbé. Acceptera-t-il qu’une candidate aux lourdes casseroles administratives dirige une structure aussi sensible que la DECC ? La réponse à cette question en dira long sur la réalité des promesses de transparence. Une chose est sûre : les contribuables togolais méritent mieux que ce jeu de chaises musicales où les mêmes noms reviennent inlassablement, quelles que soient les accusations pesant sur eux. Que tout change alors…
S.A
Source : Liberté