Face aux récentes menaces proférées par le procureur de la République, la HAAC et le ministre des Affaires étrangères contre les internautes togolais, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) sort de son silence. Dans un communiqué signé de son président Jean-Pierre Fabre, le parti fustige une instrumentalisation politique de la justice visant à museler la liberté d’expression et appelle le parquet à s’occuper plutôt des scandales financiers qui minent le pays.
Communiqué:
L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) dénonce l’aggravation des mesures arbitraires et liberticides du pouvoir RPT/UNIR.
L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) exprime sa vive préoccupation face aux récentes déclarations du Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Lomé, de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) et du Ministre des Affaires étrangères, menaçant de représailles toute personne qui produirait, partagerait ou commenterait sur les réseaux sociaux des informations jugées non avérées » ou « non vérifiées ».
L’ANC dénonce avec la plus grande fermeté cette nouvelle manœuvre du pouvoir RPT/UNIR, destinée à instaurer un climat de peur et d’intimidation afin d’empêcher les citoyens togolais d’exercer librement leur droit fondamental à la liberté d’expression, garanti par la Constitution et par les instruments internationaux ratifiés par le Togo.
Les sorties médiatiques répétées des membres du gouvernement, tendant à restreindre les libertés publiques, traduisent la crainte grandissante d’un régime en mal de légitimité at de légalité. En s’attaquant à la libre expression sur les réseaux sociaux désormais espace privilégié de la résistance citoyenne pacifique le pouvoir RPT/UNIR tente désespérément de réduire au silence toute voix discordante, face à une dictature militaro-clanique à façade civile qui opprime le peuple togolais depuis plusieurs décennies.
L’ANC rappelle qu’il s’agit du même pouvoir RPT/UNIR qui, depuis des décennies, finance et protège des individus et groupes organisés, d’abord sur les médias d’État puis sur les réseaux sociaux, pour insulter, calomnier et diffamer les leaders de l’opposition et les citoyens critiques du régime, sans que le procureur de la République n’ait jamais réagi. Le peuple togolais a également été témoin de fausses informations, souvent graves, mensongères et diffamatoires propagées impunément par des membres du gouvernement, des députés et désormais des sénateurs du parti au pouvoir ou ses alliés, tapis derrière leurs immunités, sans qu’aucune poursuite ne soit engagée.
Aujourd’hui, alors que la jeunesse togolaise, consciente de ses droits et de ses responsabilités. utilise les réseaux sociaux pour dénoncer l’arbitraire, la corruption et les dérives du régime, le pouvoir RPT/UNIR, pris à son propre piège, choisit d’agiter la menace judiciaire dans une vaine tentative d’intimidation.
L’ANC estime qu’il est temps pour le parquet, avec à sa tête le Procureur de la République, de faire cœuvre utile en ouvrant sans délai des enquêtes sur les nombreux scandales financiers qui ont saigné à blanc les caisses de l’État: le détournement des fonds liés à la COVID-19, la construction de la route Lomé-Vogan-Anfoin, celle du siège de la LONATO, les flux financiers illicites, les évasions fiscales et autres affaires troubles. Plutôt que de chercher à restreindre les espaces de liberté et à exposer les citoyens, en particulier les jeunes, à la répression, la justice devrait s’attacher à combattre l’impunité et la corruption.
L’ANC condamne avec la plus grande fermeté cette nouvelle instrumentalisation de la justice à des fins politiques et appelle les magistrats à ne pas se laisser manipuler par le pouvoir exécutif dans sa stratégie de musellement des libertés publiques.
Fidèle à ses valeurs de justice, de vérité et de liberté, l’ANC exige la libération immédiate et sans conditions de tous les détenus d’opinion, victimes d’un acharnement judiciaire contraire aux principes fondamentaux de l’État de droit. Parmi eux, le jeune poète Affectio, détenu depuis neuf mois, la Juriste Madame Chimène Akou Apėvo, mère de famille, arrêtée et déferrée le 02 septembre 2025 pour “atteinte à la sûreté intérieure” et “tentative de déstabilisation des institutions”, la Sage-femme Madame Grace Koumayi Bikoyi, mère de famille, inculpée et placée sous mandat de dépôt le 06 octobre dernier, également pour “atteinte à la sûreté de l’Etat”.
L’ANC rappelle enfin que la démocratie ne peut s’épanouir dans la peur, la menace et la répression. Elle réaffirme son engagement indéfectible à défendre, aux côtés du peuple togolais, les libertés fondamentales, les droits des citoyens, la justice indépendante et la vérité, conditions essentielles d’une vie démocratique véritable.
Fait à Lomé, le 13 octobre 2025
Pour le Bureau National de l’ANC Le Président
Jean-Pierre Fabre