Contrairement à ce qui est universellement reconnu, au Togo, les paroles valent souvent mieux que les actes. Dans la peau panafricaniste, le gouvernement togolais dénonce depuis un moment avec véhémence le néocolonialisme entretenu en Afrique par les partenaires occidentaux. Mais entre les actes des autorités togolaises et leurs discours engagés, le canular résonne comme une évidence. Un panafricanisme de façade pour camoufler leur volonté manifeste à se maintenir au pouvoir.
Le constat est effarant. Le Togo semble incapable de financer un projet sans les financements étrangers, particulièrement occidentaux. Même si la propagande cherche toujours à cacher l’évidence, la réalité implacable est là. Ces dernières années, dans les éléments de propagande du régime togolais, la mise en place des cantines scolaires est fréquemment citée comme une réussite. Mais ce projet n’aurait certainement pas vu le jour sans le financement de la Banque mondiale et d’autres pays comme l’Allemagne.
Il y a quelques jours, un nouveau programme d’alimentation scolaire intégrée basée sur la production locale ayant pour cible 36 000 enfants dans 130 écoles des régions de la Kara et des Savanes, a été lancé à Kara. Il est financé à hauteur de 11 millions d’euros (environ 7,2 milliards FCFA) par l’Allemagne à travers la Coopération financière (KfW).
L’initiative alimentaire associe nutrition et éducation, mais aussi développement local, notamment en s’appuyant sur des achats de denrées alimentaires auprès de petits producteurs agricoles et de coopératives féminines, renforçant ainsi les chaînes de valeur locales. Ainsi, au-delà des repas, le projet HGSF prévoit la réhabilitation de cuisines scolaires, l’installation de foyers améliorés, la création de jardins pédagogiques et d’unités de transformation agroalimentaire. Il fournit également des intrants et des formations à 8250 petits producteurs et 1000 femmes transformatrices.
Le lancement a été effectué par Abdul-Fahd Fofana, ministre délégué auprès de la ministre du Développement à la base. « Ce projet illustre notre ambition d’une transformation économique inclusive, fondée sur la souveraineté alimentaire et le développement rural », a-t-il déclaré. Un foutage de gueule quand on sait que ce projet a été financé par la coopération. Comment le ministre peut alors parler de souveraineté ?
Aujourd’hui, la navigation à vue des dirigeants interroge sur l’indépendance même du pays en cette période où le pays s’apprête à commémorer le 65ème anniversaire de sa déclaration d’indépendance. En effet, un simple détour de ce qu’on a appelé « le triangle de la souveraineté » à savoir la monnaie (l’économie), l’armée (la défense et la sécurité) et le droit permet de se rendre à l’évidence qu’en fait d’indépendance, il ne s’agit que d’un canular ou d’une illusion.
S’il y a un domaine que l’Afrique en général et plus particulièrement l’Afrique francophone a abandonné aux lendemains des indépendances, c’est bien celui de la monnaie, c’est-à-dire celui de l’économie. L’indépendance économique repose sur la maîtrise de la monnaie. C’est ce qui manque à l’Afrique, surtout francophone, ou plus exactement, ce que la France a refusé à celle-ci en lui créant sa monnaie : le franc CFA, dont les principes ne sont rien d’autres que des instruments d’appauvrissement des Africains. Mais la France n’aurait jamais pu maintenir cette dépendance sans la complicité des dirigeants africains plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par le développement de leur pays.
Au Togo, l’assassinat du père de l’indépendance togolaise, Sylvanus OLYMPIO, le 13 Janvier 1963, est intervenu pour court-circuiter la signature de l’accord le 15 janvier suivant à Paris, par lequel le Togo devrait sortir de la zone Franc CFA et battre sa propre monnaie selon Jacques FOCCART, le monsieur Afrique de Elysée, dans Foccart parle. De son vivant l’ancien président Eyadema, que le régime togolais tente d’inscrire dans la mémoire collective comme un bâtisseur désintéressé, a reconnu son implication dans ce forfait qui a plongé le pays depuis plus 50 ans dans les abysses du sous-développement.
Aujourd’hui, l’incapacité du Togo à autofinancer le moindre projet montre à satiété qu’il n’est pas réellement indépendant. Du moins, cette indépendance n’est que formelle. Il ne suffit pas de tambouriner à la tribune des Nations unies : « Nous sommes fatigués par votre paternalisme. Nous sommes fatigués par votre mépris de nos opinions publiques ; votre mépris de nos populations et de nos dirigeants. Nous sommes fatigués par votre condescendance. Nous sommes fatigués par votre arrogance. Nous sommes fatigués, nous sommes fatigués, nous sommes fatigués ».
Sachant que l’entretien de l’illusion de l’indépendance profite aussi bien aux partenaires occidentaux qu’aux dirigeants accrochés à leurs privilèges au sommet de l’Etat. Par conséquent, ils se refusent à toute idée d’alternance. Sinon, comment comprendre des dirigeants dont l’échec à la tête du pays est d’une évidence implacable continuent de tirer les ficelles pour se maintenir au pouvoir à vie.
Lemy Egblongbeli
Source: lecorrecteur.tg
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