«…Personne, parmi tous ceux qui se disent de l’opposition vraie, qui souhaitent et cherchent à tout prix le départ de ce régime anti-peuple togolais, ne devrait plus accepter s’asseoir à la même table avec ces hommes et femmes d’UNIR pour des pourparlers quels qu’ils soient. Non pas parce que l’opposition serait radicale, mais accepter de faire un tel pas vers un pouvoir aussi autiste et réfractaire à toute idée d’alternance au sommet de l’état, serait perdre son temps et leur permettre d’en gagner…»
Voilà un extrait de ce que nous écrivions le 09 septembre dernier dans le journal «Liberté» pour dénoncer le caractère fantoche des différents forums de rencontre initiés par le pouvoir Gnassingbé pour tourner l´opposition et le peuple togolais en bourrique. Des leaders de cette opposition qui ont compris le petit jeu malsain s´écartent peu à peu de ces initiatives du régime RPT-UNIR qui consistent à réunir autour d´une table des représentants des deux mouvances, pouvoir et opposition, pour essayer de résoudre les nombreux problèmes politiques de notre pays, mais qui manquent de sincérité. Il est donc désormais difficile à Faure Gnassingbé et à son régime de continuer à mener l´opposition par le bout du nez en lui faisant faire des choses qui, à la fin, ne visent que le maintien du statu quo au pouvoir. C´est ce qui explique le fait que des poids lourds de l´opposition, comme l´ANC, soient restés à l´écart des discussions du CPC (Cadre Permanent de Concertation), version 2024.
Beaucoup de ceux qui prennent part à ces assises ne sont pas forcément connus pour être des opposants redoutables à Faure Gnassingbé; une opposition de rechange en fait, dont les douteuses accointances avec le pouvoir sont confirmées par des déclarations du président du CPC, Maître Traoré Tchassona, pour qui les choses seraient déjà pliées, parlant de la nouvelle constitution largement contestée, et qu´il ne servirait à rien de manifester. Drôle de prise de position pour quelqu´un qui se dit opposant. Nos collègues de l´hebdomadaire «La Dépêche» dans leur parution de mercredi 18 septembre 2024, n´iront pas par quatre chemins pour qualifier les tenants de cette opposition-photocopie «d´opposants opportunistes à la rescousse de Faure». «Ceux qui sont allés à la table du CPC pour souper avec le régime sont avertis. La DMP qui souffle le chaud et le froid portera seule sa croix devant le peuple. Elle qui se prétend être le porte-parole du peuple dans une Assemblée où sa voix est inaudible, a rejoint le camp de ceux qu’elle qualifiait de traîtres au CPC. En occupant le poste de vice-président de ce «club»,… elle a manqué de cohérence et d’éthique, réconfortant le régime dans sa course folle pour l’installation des institutions de la 5é République.»
Décidément, comme le fait remarquer l´hebdomadaire «La Dépêche», c´est le comportement du leader de la CDPA et partant de la DMP, Madame Adjamago, qui étonne plus d´un, vu ses dernières prises de position en tant qu´opposante intransigeante, surtout au sein de la DMK avec les défunts Agbéyomé Kodjo et Monseigneur Kpodzro.«La mauvaise foi du pouvoir togolais, pour qui la mise sur pied de tels cadres de réflexion n’a pas pour but un règlement durable des problèmes politiques de notre pays, nous fait douter que l’acceuil réservé aux propositions de la DMP soit vraiment sincère. Madame Brigitte Adjamago, du haut de son expérience, devrait le savoir pour éviter de servir de caution à un régime Gnassingbé aux abois.» C´était ainsi que nous terminions notre article le 9 septembre dernier sur la CNAP et le CPC comme instruments fantoches du pouvoir. Et nous n´avions pas manqué d´avertir indirectement la cheffe de la DMP du danger d´instrumentalisation par le régime togolais qu´elle court, elle et sa formation, si elle n´y prend garde, surtout que le fait qu´elle ait décidé de siéger au parlement de la honte lui vaut déjà beaucoup de critiques.
Revenant aux travaux proprement dits dans ce marché de dupes qu´est le Cadre Permanent de Concertation (CPC), nous pouvons relever, selon les déclarations des uns et des autres que ce que le pouvoir recherche est de conformer le code électoral à sa nouvelle constitution, en mettant sur pied une CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) aux ordres. Et c´est ce que nos «grands opposants», siègeant au CPC, devraient aider à avalider. Caressant le régime togolais dans le sens du poil, ils ont soigneusement évité d´aborder les vrais problèmes, comme la libération des prisonniers politiques et le retour des réfugiés. Les mesures inflationnistes sur les produits de première nécessité dont parle Monsieur Pascal Adoko de la CDPA ne sont que du dilatoire. Si le pouvoir togolais, autour de Faure Gnassingbé, voulait vraiment alléger les lourdes charges qui pèsent sur les ménages, il n´aurait pas besoin d´attendre le CPC pour savoir que dans la sous-région ouest-africaine, c´est au Togo, où les salaires sont parmi les plus bas, que les biens de première nécessité coûtent le plus cher.
S´agissant du comportement qui consiste à souffler le chaud et le froid comme l´a écrit l´hebdomadaire «La Dépêche» parlant de la DMP, le parti ADDI du Professeur Aimé Gogué semble être une formation politique caméléon qui a l´art de dire une chose tout en faisant son contraire. «Cette constitution, en plus de violer les textes en vigueur, n’est pas le reflet de la volonté populaire. C’est pourquoi, dans le discours d’ouverture de la session de droit de l’Assemblée nationale, le président national de l’ADDI a réaffirmé l’importance pour notre pays de disposer d’une constitution véritablement consensuelle et représentative des aspirations du peuple togolais.» Rappelons que Aimé Gogué et son collègue Wonyara Kossivi du même parti ADDI siègent au parlement aux côtés de Madame Adjamago de la DMP, et que Monsieur Wonyara figurait bel et bien dans la délégation des parlementaires d´UNIR qui étaient allés en Inde pour apprendre comment se pratique le système parlementaire. Décidément les opposants personnels de Faure Gnassingbé ont plusieurs flèches à leurs arcs pour continuer à flouer les Togolais et lui permettre de continuer à jouir indéfiniment du pouvoir. Pauvre Togo!
Samari Tchadjobo
Allemagne